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Publié le 04/07/2012
Quel qu'en soit le coût

Les parents chinois sont inflexibles sur l'éducation de leurs enfants, et payent des frais de scolarité élevés pour leur offrir un meilleur avenir.

Ni Yanshuo

Une classe de danse classique à Nanchang, province du Jiangxi

 

Li Tianyi est une petite fille très occupée, malgré ses sept ans. En plus des cours à l'école, elle étudie l'anglais, le piano, la calligraphie chinoise, la peinture et s'entraîne pour les Olympiades de mathématiques le samedi et le dimanche. Pendant les vacances d'été et d'hiver, elle n'a pas le temps de souffler, puisque son emploi du temps comprend d'autres cours supplémentaires.

« Franchement, j'aime la peinture, mais je n'aime pas les cours pour les Olympiades de mathématiques », explique la fillette, en première année à l'école primaire Erligou dans l'arrondissement de Xicheng de Beijing.

« Mais ma maman m'a expliqué que cette classe me permettrait d'entrer dans un meilleur collège. Je pense que c'est trop pour moi. »

Wang Rong, sa mère, ne voit pourtant pas les choses de la même manière. « Dans sa classe, il y a des enfants qui suivent encore plus de cours supplémentaires qu'elle », explique-t-elle à CHINAFRIQUE. « Je sais qu'elle n'est pas heureuse puisque tous ces cours lui laissent moins de temps pour jouer. Et je ne veux par la forcer, mais je n'ai pas le choix. J'ai une seule enfant, et je ne veux pas qu'elle soit moins compétitive que ses camarades de classe dès le début. »

En réalité, ce n'est pas seulement une compétition pour les enfants, mais aussi pour toutes les familles qui ont des enfants à l'école en Chine. La famille de Wang n'est pas riche. Avec un revenu mensuel de 6 000 yuans (953 dollars) pour la famille, elle doit économiser 1 000 yuans (159 dollars) pour les cours supplémentaires de sa fille.

Wang explique que ce coût n'est pas un fardeau pour elle, puisqu'elle pense que plus sa fille apprendra, plus elle aura d'opportunités dans le futur. La détermination de Wang à donner la meilleure éducation à sa fille ne connaît pas de limites. L'an dernier, quand Li est entrée à l'école primaire, elle a refusé de l'inscrire à l'école de l'arrondissement de Fengtai, près de leur lieu de résidence, où elle n'avait pas besoin de payer de frais d'inscription, et l'a inscrite à l'école primaire de l'arrondissement de Xicheng, dont l'inscription s'élève à 50 000 yuans (7 937 dollars).« Je sais que les écoles de Xicheng sont bien meilleures que celle de Fengtai », se justifie-t-elle.

Un fardeau pour les familles ?

Une telle idéologie de l'éducation est très répandue en Chine, en particulier dans les grandes villes comme Beijing, Shanghai ou Guangzhou. Récemment, un post sur Internet a attiré l'attention de nombreuses mères chinoises. Dans ce post, une mère de famille avait calculé qu'élever son enfant jusqu'à ses 22 ans lui avait coûté près de 480 000 yuans (76 190 dollars).

« Je ne crois pas que ce chiffre soit surestimé », pense Liu Xiuying, présidente de l'Institut d'éducation familiale du Centre de recherche de Chine sur la jeunesse et les enfants, qui ajoute que ce chiffre est probablement plus élevé pour certaines familles.

Mi-2011, l'Institut dans lequel travaille Liu a mené une enquête dans huit grandes villes de Chine comme Beijing, Harbin, Nanjing ou Guangzhou sur les dépenses des familles de la première année d'école primaire jusqu'à la troisième année du collège. Les résultats montrent qu'en moyenne une famille urbaine dépense 30,1 % de son revenu total dans l'éducation des enfants.

« Les dépenses pour les enfants sont devenues la part principale des dépenses des ménages », explique Liu. Pendant les neuf années d'éducation obligatoire, une famille n'a pas besoin de payer les frais de scolarité pour les écoles publiques. La majeure partie des dépenses éducatives concerne les cours extra-scolaires.

Une enquête récente menée par la Fédération des femmes de Chine montre que les frais d'éducation des enfants, les faibles revenus et les dépenses médicales sont les trois principales difficultés des familles citadines. Depuis le milieu des années 1990, les dépenses moyennes des familles pour l'éducation ont cru à un taux annuel de 29,3 %, plus rapidement que les revenus eux-mêmes et que le PIB chinois.

Un vrai sens du sacrifice

Alors que Liu estime que 30,1 % du revenu familial dépensé dans l'éducation est un chiffre trop élevé, l'enquête menée par son institut montre que 78,7 % des parents pensent que c'est un prix justifié.

« D'après la psychologie traditionnelle, la tâche principale d'une famille est de garantir un avenir plein de promesse aux enfants. De nombreux parents estiment qu'investir massivement dans l'éducation est la bonne manière à cet égard », explique Liu.

Elle souligne que dans le système de planning familial où les familles n'ont qu'un enfant, les parents font de l'éducation de leur enfant le centre des préoccupations familiales. « C'est pourquoi les parents n'ont pas l'impression qu'il s'agît d'un fardeau, même si le poids financier est bien là », explique Liu. Les parents prêtent tellement attention à leur enfant unique qu'ils ne prennent aucun risque pour son futur.

Wang, la mère de Li Tianyi, est bien d'accord. « J'offre à ma fille autant d'opportunités que je peux. Tant que cela lui permettra d'attraper une opportunité dans le futur, je serais prête à payer. »

Cercle vicieux

D'après Liu, la plupart des parents savent qu'il n'est pas bon de limiter le temps de jeu des enfants pour toutes ces classes supplémentaires. « Mais quand ils voient les autres enfants assister à d'autres cours, ils ne peuvent que suivre ». Elle souligne que les parents chinois veulent organiser tous les aspects de la vie de leur enfant, pour qu'ils bénéficient de la meilleure éducation possible et obtiennent finalement un bon travail.

Mais le résultat immédiate de cet arrangement est que certains enfants se contentent d'obéir aux voeux de leurs parents, et qu'ils n'ont pas le temps ou la capacité de prendre des décisions par eux-mêmes une fois adultes. « C'est justement ce que nous voulons éviter », explique Liu.

Liu attribue l'augmentation des frais des cours extra-scolaires des enfants au fait que les ressources éducatives sont inéquitables en Chine. « Prenez Beijing, par exemple. Nous avons de bonnes écoles avec de bons professeurs et une bonne réputation. Nous avons aussi des écoles primaires moyennes, c'est pourquoi l'éducation n'est pas du même niveau en fonction des écoles. Ainsi, il est naturel que des parents cherchent des cours de soutien pour combler les différences entre les écoles. »

Pour résoudre ce problème, Liu suggère que le gouvernement devrait d'abord prendre des mesures pour rééquilibrer le niveau dans les écoles. Il en a déjà pris à cet égard, en encourageant les professeurs à changer d'école et en formant gratuitement des professeurs dans les universités normales pour augmenter la qualité de l'enseignement. « Mais c'est un processus long et compliqué, et il faudra du temps avant que les ressources éducatives soient équilibrées », explique Liu.

Liu appelle également les parents à changer leur mentalité et à comprendre qu'entrer dans une bonne université n'est pas la seule voie possible pour les enfants, puisque les enfants ont différentes manières de grandir.

 

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