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Publié le 18/06/2012
Economie : Affronter les risques

Lan Xinzhen

Ligne de production chez Yiwu Langsha Knitting Co. Ltd.,

Zhang Jiancheng/Xinhua

Le rapport sur les perspectives économiques et financières de la Chine (deuxième trimestre 2012) publié par l'Institut de recherche sur les finances internationales de la Banque de Chine (BOC) le 28 mars souligne avec force les quatre principaux risques pour l'économie chinoise, à savoir, la capacité de production excessive, les risques liés à l'achat de devises étrangères, la diminution du taux de croissance du crédit et la bulle immobilière.

Alors que d'autres instituts de recherche, comme le Fonds monétaire international et l'Institut d'économie de l'Académie chinoise des sciences sociales, se montrent optimistes quant aux perspectives économiques chinoises, le rapport de la BOC appelle à se concentrer davantage sur les risques de l'économie.

Panneaux avertisseurs

Dans le rapport de la BOC, la surcapacité est désignée comme le risque majeur. Et pour cause, les capacités de production excessives sont responsables de la chute des prix. L'an dernier, dans l'industrie sidérurgique, la demande intérieure d'acier brut était de 660 millions de tonnes, tandis que sa capacité totale a atteint 770 millions de tonnes, entraînant mécaniquement un effondrement des prix du minerai de fer et des produits sidérurgiques. Entre septembre et mars, l'indice chinois du minerai de fer est tombé de 600 à 480. Durant la même période, l'indice composite du prix de l'acier diminuait de 10%.

Selon Huang Zhiqiang, directeur de l'Institut auteur de ce rapport, au niveau microéconomique, la surcapacité entraîne une faible utilisation des capacités, un gaspillage des ressources économiques et une faible efficacité dans le domaine des affaires. Au niveau macroéconomique, la surcapacité, répandue dans de nombreuses industries, entraînera une baisse dramatique du niveau général des prix, des pressions inflationnistes croissantes, une possible faiblesse des investissements et une fragilisation de la confiance des consommateurs. Tout cela exercera des pressions sur la croissance économique, dirigera les actifs non performants dans le secteur bancaire et augmentera les risques financiers.

Même si ces effets négatifs ne sont pas encore tous apparus, il est nécessaire de prendre des mesures préventives. Par ailleurs, le rapport indique que l'achat de devises étrangères est également un risque majeur pour l'économie nationale. Ceci car la fluctuation de ces achats rend toute politique monétaire efficace difficile à mettre en place pour la banque centrale. "La chute des achats de devises étrangères est le résultat de l'attente d'un affaiblissement de l'appréciation du yuan", explique Huang.

L'atonie du marché d'outre-mer a sapé les attentes d'appréciation du yuan. Aujourd'hui, l'économie mondiale, notamment la croissance économique dans les pays développés, est en berne en raison de la crise de la dette européenne. Le déficit commercial chinois s'élevait à 31,5 milliards de dollars en février, le plus élevé depuis dix ans. Les expériences japonaise, allemande et britannique ont prouvé qu'il est difficile pour l'exportation d'un pays de dépasser 3% du PIB mondial et 10% du volume du commerce mondial. Les exportations chinoises actuelles comptent pour près de 2,8% du total du PIB mondial et de près de 10% du volume du commerce mondial. Cela signifie que l'appréciation du yuan est peu à peu minée, et les attentes du marché pour cette appréciation se sont affaiblies. En ce sens, la Chine verra une diminution progressive de sa position pour l'achat de devises.

Cette nouvelle position permettra à la banque centrale de mieux ajuster sa politique monétaire, ce qui permettra un développement plus sain de l'économie chinoise.

Mais d'autres craintes ont surgi. Avec la crise de la dette européenne sous contrôle, un excès de liquidités arrivant des pays développés, et la disparition de la peur d'un atterrissage dur, les capitaux chauds restent une menace pour l'économie chinoise. Et par ailleurs, les mesures de lutte contre l'inflation vont probablement empêcher toute hausse majeure du crédit dans le futur.

Du côté de l'immobilier, les efforts gouvernementaux pour empêcher la surchauffe semblent donner des résultats. Néanmoins, les prix du logement restent encore trop élevés pour une grande partie de la population, et les mesures d'ajustement pourraient bien ne fait que différer le problème dans le temps.

Points de vue divergents

Si le rapport de la BOC met en garde contre les risques de l'économie chinoise, d'autres organismes sont optimistes. Selon le rapport du FMI publié le 8 mai à Beijing, l'économie mondiale devrait s'améliorer au cours du second semestre, et la Chine devrait atteindre une croissance annuelle moyenne de 8,2%.

Selon le bureau national des statistiques et la Fédération des achats et de la logistique, l'indice composite de l'activité manufacturière chinoise a atteint les 53,3 en avril, en hausse depuis cinq mois, le plus haut en plus d'un an, signe d'une expansion des activités industrielles à travers le pays.

Selon Dong Xian'an, économiste en chef à la Beijing First Advisory Co. Ltd., le plus grand risque pour l'économie chinoise demeure la morosité de la demande à l'étranger.

La crise de la dette dans les pays de l'UE et le ralentissement du marché du travail aux Etats-Unis sont d'importants facteurs à l'origine de cette baisse. Mais cette baisse n'a rien de nouveau pour les exportateurs chinois. Depuis la crise financière de 2008, les exportations chinoises sont en berne.

C'est ainsi que Jiang Yong, chercheur à l'Institut des relations internationales contemporaines pointe le principal problème : la trop forte dépendance chinoise aux Etats-Unis. « C'est l'asymétrie qui prévaut. La Chine a été trop dépendante des États-Unis, et ce dans tous les domaines : marchés, technologies, marques, marketing, finance, et même idéologie », souligne-t-il.

En s'appuyant trop sur la première puissance mondiale, la Chine a perdu toute latitude dans l'élaboration de ses politiques, les Etats-Unis pouvant contrôler l'activité chinoise par différents canaux, tels que les enquêtes anti-dumping et anti-subvention, les accusations de manipulation du taux de change, le manque de protection de la propriété intellectuelle et les conditions de travail.

Faire face aux risques

« Tant qu'il n'y aura pas d'ajustement important de la réforme et des surcapacités de production, la tendance baissière va se poursuivre et sera d'autant plus difficile à contrer, prévient Wang Jian, vice-président de l'Association chinoise de recherche macro-économique. Les réformes à la marge sont inefficaces, et nous avons besoin d'un réel ajustement structurel ».

Néanmoins, tous les chercheurs ne sont pas aussi radicaux. Pour Wang Xiaoguang, chercheur à l'Académie chinoise de la gouvernance, organisme consultatif auprès du gouvernement central, il faut changer le mode de croissance grâce à un ajustement stratégique de la structure économique.

Le rapport de la Banque de Chine a appelé à peaufiner la politique macro-économique tout en insistant sur une politique budgétaire active et un cadre stable de politique monétaire. La politique budgétaire devrait mettre l'accent sur l'optimisation de la structure de distribution, les réductions fiscales structurelles et la réforme fiscale. La politique monétaire devrait progressivement relâcher son emprise tout en assurant une liquidité raisonnable à travers un ajustement du ratio des dépôts et des opérations d'open market, selon le rapport.

Et le rapport de conclure : « La Chine ne connaîtra pas d'atterrissage brutal ».

 

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