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Publié le 08/06/2012
Xuecheng, le bouddhisme 2.0

Tang Yuankai

Sur la toile, le moine Xuecheng est une véritable star. Il faut dire que sa réputation est loin d'être usurpée : il est vice-président de l'Association des Bouddhistes de Chine, membre du Comité permanent de la Conférence consultative politique du peuple chinois, vice-président de l'Académie des bouddhistes de Chine, supérieur des trois fameux temples, et blogueur de la première heure.

Xuecheng a ouvert son blog en février 2006, devenant le premier bouddhiste chinois à utiliser ce média pour promouvoir la religion. Depuis le 11 avril 2009, le moine utilise son microblog pour diffuser la sagesse du bouddha, à tous et en temps réel.

Le 17 février 2011, cette plate-forme de diffusion de la doctrine bouddhique, qui n'était au départ que disponible en chinois, est devenue un site multilingue en huit versions, à savoir chinois, anglais, français, russe, espagnol, allemand, japonais et coréen. A chaque fois que Xuecheng écrit un message en chinois, des bénévoles ne tardent pas à le traduire et à réalimenter le blog. Actuellement, cette équipe de traduction compte plus de 170 personnes des quatre coins du monde : Chine, Etats-Unis, Canada, Grande Bretagne, France, Allemagne, Suisse, Belgique, Cuba, Russie, Venezuela, Corée du Sud, Japon, Malaisie, etc…

« Les progrès technologiques transforment notre monde en un village planétaire, dans lequel tous les être humains sont interdépendants. La coexistence de multiples civilisations est une tendance irréversible », a estimé Xuecheng. Selon lui, il est maintenant très important pour les différentes civilisations de cesser de se condamner mutuellement, afin de tisser des liens d'amitiés et d'avancer main dans la main. Lors des deux sessions annuelles de cette année, il a soumis une motion concernant la diffusion médiatique.

Pour Xuecheng, la maîtrise des moyens de communication modernes est absolument nécessaire pour que les bonzes échangent avec différents milieux sociaux, et que les laïcs comprennent mieux la vie et la pensée des religieux, et que les moines travaillent au service de la société et aident les croyants et non-croyants à se débarrasser de leurs ennuis et leurs angoisses. « Le blog est une méthode efficace et économique », a-t-il ajouté.

Les fans du moine se répartissent dans pas moins de cent pays et régions du monde. Aussi célèbre que les stars du cinéma, les microblogs du moine battent des records de fréquentation.

« Certes, les moines n'ont pas besoin d'Internet quand ils pratiquent la méditation et psalmodient les soutras pour développer leur spiritualité personnelle. Mais aujourd'hui, l'ordinateur est un moyen largement utilisé dans la vie quotidienne, la toile revêt une portée très importante pour la diffusion de la religion au service de l'humanité, parce que il est impossible au public de venir suivre des cours au temple tous les jours », a expliqué le moine. Quand il s'est initié au blogging, il n'a d'abord pas réalisé son énorme potentiel. Peu à peu, il s'est rendu compte du rôle positif d'Internet dans la sensibilisation d'un public plus large aux valeurs du Bouddha, comme l'égalité, la miséricorde et la sagesse.

 

Questions-réponses sur Internet

Chaque jour, Xuecheng communique avec les internautes pour les éclairer sur les difficultés et les ennuis qui les hantent dans la vie.

Le 20 mars, un internaute, « Douleur de l'amour » lui demande : « Comment éliminer la rancune ? ». La réponse du moine est immédiate : « Abandonner la haine n'a pas pour but de pardonner à autrui, mais de se libérer soi-même ». Une autre personne interroge le moine : « Je suis sincère envers mes amis, mais ils pensent que j'ai des arrière-pensées malveillantes ! » Le conseil de Xuecheng est éclairant : « Il vous suffit de n'avoir rien à vous reprocher. Il est impossible que tout aille bien pour vous. L'important, c'est que vous persistiez dans la bonté ». Un internaute exprime sa confusion face à cette société matérialiste et qu'il n'arrive pas à trouver un chemin menant au succès, Xuecheng le console : « C'est à vous de donner un sens à votre vie. Essayez de travailler avec enthousiasme ». Encore une question très obscure : « Où se trouve le cœur ? Comment l'ouvrir et l'agrandir ? » L'explication du moine est claire : « Quand vous regardez vers le ciel étoilé, votre cœur est ouvert ; quand vous réfléchissez sur l'avenir, votre cœur est ouvert ; quand vous traitez les autres aussi gentiment que vous traitez vos parents et vos enfants, votre cœur est ouvert ; quand vous être capable de vous contrôler en cas de conflit, votre cœur est ouvert. En somme, l'ouverture du cœur va de pair avec l'atténuation de l'égocentrisme ».

Ces dernières années, tout s'accélère dans notre société moderne. De plus en plus de gens perdent patience et ont le sentiment d'étouffer. « Auparavant, j'étais capable d'attendre 30 secondes pour prendre l'ascenseur, alors que maintenant, attendre seulement 15 secondes est déjà insupportable pour moi ! Si nous vivons seulement pour travailler, nous risquons de gaspiller notre vie », a confié le patron d'une entreprise IT.

« Notre société est actuellement en pleine mutation, les gens qui manquent d'adaptabilité risquent d'avoir des problèmes psychologiques », a dit Xuecheng. Le bouddhisme propose une solution à ce problème : premièrement, remplir son cœur de sérénité, de paix et de pureté ; deuxièmement, apprendre à maîtriser les émotions négatives pour garder l'esprit lucide.

« Depuis ces dix dernières années, la croissance économique chinoise permet une amélioration des conditions matérielles. A travers tout le pays, le peuple commence à tourner son regard vers la vie spirituelle et la croyance religieuse, a-t-il poursuivi. C'est dans ce contexte que les différentes religions, bouddhisme, taoïsme, islam, catholicisme et protestantisme ont toutes connu un développement plus ou moins exponentiel ».

Le 29 février 2012 marque le 30e anniversaire du renoncement de Xuecheng au monde, coïncidant avec la publication de son ouvrage intitulé « Microblog de bonze : 365 jours au Temple Longquan de Beijing ». Ce livre imprimé en huit langues fait le bilan du rayonnement du bouddhisme à travers Internet et décrit une année de la vie des moines.

 

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