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Publié le 04/05/2012
Mille et une raisons de venir en Chine

Qiao Tianbi

Dans les années 1980, un Chinois venait aux États-Unis en quête d'opportunités. Désormais, c'est aux Américains de venir en Chine. Le Japon, les États-Unis ou la République de Corée sont les pays qui comptent la plus grande population d'expatriés travaillant en Chine.

« Si tu l'aime, envoie-le à New York, car New York est le paradis. Si tu le déteste, envoie-le à New York, car New York est l'enfer. »

Cette citation est extraite d'une série télévisée populaire du début des années 1990, Un Pékinois à New York. Jusqu'alors, partir à l'étranger n'était un choix que pour l'élite chinoise. Mais quand cela a été rendu possible à plus de monde, les citoyens standards chinois ont commencé à nourrir le « rêve américain » dans leurs cœurs. Un Pékinois à New York, qui décrit la vie des immigrants chinois aux États-Unis n'a pas suffit à éteindre cet élan. Au contraire, il l'a plutôt encouragé.

Deux décennies plus tard, la Chine semble également devenir un pays pour ceux qui sont à la recherche d'aventure, que ce soit l'enfer ou le paradis. Dans les années 1980, explique un Américain, un Chinois venait aux États-Unis en quête d'opportunités. Désormais, c'est aux Américains de venir en Chine. Le Japon, les États-Unis ou la République de Corée sont les pays qui comptent la plus grande population d'expatriés travaillant en Chine.

Les communautés d'expatriés se sont formées progressivement dans les grandes villes chinoises comme Shanghai, Beijing et Guangzhou. À Beijing, le nombre de résidents étrangers pour des périodes longues est supérieur à 200 000, et plus de 3 000 familles coréennes habitent dans ce qu'on appelle le « village coréen ». Même dans les endroits reculés, les gens ne s'étonnent plus de voir un visage étranger.

Alors, à quoi ressemble la Chine pour les étrangers ? Peut-on remplacer « New York » par « la Chine » dans la citation du début ?

In China, une série de trois livres, nous donne peut-être la réponse à cette question. Ces livres, publiés par New World Press en 2008, racontent les histoires de 59 étrangers habitant en Chine. Certains d'entre eux restent une seule année, mais la plupart sont en Chine depuis plus de dix ans. Il y a même une personne qui vit ici depuis 52 ans. « Beaucoup d'entre eux considèrent la Chine comme leur patrie, et les Chinois ne les traitent pas comme des étrangers », écrit l'éditeur de la série. « Ils vivent heureux ici et s'entendent bien avec les locaux. Leurs expériences varient, mais leur degré de bonheur est plus ou moins le même. »

La sélection des personnages dans In China reflète les conditions actuelles de vie pour les étrangers du pays. Dans les années 1980 et 1990, les expatriés avaient de bons postes, de bons salaires et de métiers haut de gamme, ce qui mettait une distance entre eux et les Chinois. Mais aujourd'hui, les étrangers présents en Chine sont des gens comme tout le monde, avec des métiers ordinaires et des vies ordinaires. Ils s'intègrent avec les locaux, et certains se marient et ont des enfants en Chine.

Il y a beaucoup d'humanité dans ces histoires. L'un des personnages devait quémander des repas gratuits à son arrivée, car il avait seulement 50 yuans (8,06 dollars) disponibles par mois.

« C'est un peu sale et en désordre, il faut supporter les tempêtes de sable pendant le printemps. Mais c'est également une ville dynamique et pleine de vie où tout le monde a des idées, des buts, des plans », se souvient Eric Abrahamsen, un autre des personnages du livre. « Sans but dans la vie, on perd sa motivation. Poursuivre ses buts est toujours plus excitant que de posséder quelque chose ». Au moment où il écrivait ces lignes, Abrahamsen vivait en Chine depuis cinq ans.

Selon lui, la Chine n'est ni un enfer, ni le paradis, mais un lieu vivant de la planète. Tous les étrangers ne peuvent pas faire fortune en Chine, mais ils peuvent au moins vivre selon leur cœur.

Certaines personnes arrivent par hasard dans un endroit. Le Libérien Uwechue Emmanuel, qui était ingénieur avant de venir en Chine, a déménagé en Asie sur les conseils d'un ami qui lui a dit : « Tu as des idées originales, qui pourraient être populaires en Chine. »

L'Égyptien Hussein Ismail est venu en vertu du commandement de l'Islam : « Cherche la connaissance, même aussi loin que la Chine ». Des raisons plus mondaines existent aussi : beaucoup d'étrangers sont venus en Chine pour la nourriture, les arts martiaux ou Bruce Lee.

Quand le Béninois Maurice Gountin a pris sa décision, son plan était de « rester en Chine trois mois au maximum et de rentrer. » Les trois mois sont devenus dix ans, au cours desquels il a terminé une licence, un master, et finalement un doctorat. « La langue chinois est merveilleuse…Il m'était difficile d'imaginer que des gens utilisaient ce mode de communication », se souvient-il.

C'est une forme d'affinité qui pousse les personnes à rester quelque part pendant une longue période et les rend peu enthousiastes à l'idée de partir. À travers les histoires de In China, les lecteurs peuvent redécouvrir les débuts de leur propre histoire chinoise.

(L'auteur de cet article est une rédactrice de New World Press)

 

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