Anti-désertification en recyclant le carbone |
Huang Wei
Maquette montrant les étapes technologiques de l'usine : traitement de sable - production d'électricité - culture d'algues Le 26 mars, un projet de biomasse thermoélectrique, expérimenté en Mongolie intérieure, au nord de la Chine, était sous les projecteurs lors de la troisième réunion intersessionnelle de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable. Ce projet est considéré comme un modèle d'anti-désertification. Le jour même, était tenu en parallèle un séminaire intitulé « Lutte contre la désertification et développement durable en Mongolie intérieure ». Des scientifiques chinois ont présenté leur expérience fructueuse en matière d'anti-désertification, de réduction des émissions, d'enrichissement du peuple et d'industrialisation. Le séminaire était conjointement organisé par le Bureau national des forêts de Chine, le gouvernement de la Région autonome de Mongolie intérieure et la Compagnie de centrale biomasse de Maowusu. « Ces dernières années, la lutte contre la désertification en Chine a été couronnée de succès, grâce à l'emploi de différentes méthodes telles que le reboisement, y compris le projet de biomasse thermoélectrique de Maowusu. Celui-ci mérite de servir de référence pour répondre au changement climatique et développer l'économie verte », a dit Sha Zukang, sous-secrétaire général du DAES de l'ONU et secrétaire général de la Conférence Rio+20. La désertification, un problème mondial M. A. Aubréville, botaniste et écologiste français, est le premier à avoir parlé de « désertification ». Depuis les années 90, l'ONU a tenu de multiples réunions pour discuter de ce problème qui attire l'attention des scientifiques et des gouvernements du monde entier. En 1992, la communauté internationale a adopté à Rio de Janeiro l'Agenda 21, un plan d'action pour le XXIe siècle qui liste les secteurs où le développement durable doit s'appliquer dans le cadre des collectivités territoriales. En octobre 1994, les gouvernements de différents pays ont signé à Paris la « Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification ». Dans ce document, la désertification est définie comme « la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines ». Actuellement, un tiers des terres dans le monde est menacé par la désertification, qui suscite une série de problèmes au niveau social, économique et environnemental. Tous les pays considèrent la désertification et la dégradation des terres comme un des défis les plus graves pour le développement socio-économique à long terme. La Chine est le plus grand pays en proie à la désertification et à l'aridification. D'après le « IVe Communiqué sur la désertification et l'aridification en Chine » publié par le Bureau national des forêts de Chine fin 2009, le pays compte 2,62 millions de km2 de terres désertifiées, 1,73 million de km2 de terres arides, ainsi que 310 000 km2 de terres en danger d'aridification. Une erreur dans la lutte contre la désertification Le traitement des rapports entre anti-désertification et développement durable des régions désertifiées est depuis longtemps une question vivement controversée. Dans le monde, une grande partie de déserts contient 5 % des eaux à une profondeur de 50 cm, des eaux suffisantes pour faire vivre les plantes. D'après Li Jinglu, directeur général de Compagnie de centrale biomasse de Maowusu, le reboisement est le moyen le plus utilisé dans la lutte contre la désertification. Mais le travail d'entretien après la plantation nécessite énormément d'argent, un défi que l'homme doit obligatoirement relever. Planter des buissons est le seul et le meilleur choix, car plus ils sont abattus, mieux ils poussent.
Li Jinglu en 2010 « Le reboisement n'est que le début de l'aménagement du désert. Il faut entretenir les arbrisseaux tous les trois ou quatre ans pour maintenir l'écologie du désert », explique Li. Sans entretien régulier, le désert sera toujours le désert. Dans les régions reboisées, on se trouve souvent devant un dilemme : l'écologie se rétablit souvent dans l'immédiat, mais se dégrade à nouveau après une dizaine d'années. Aménagement industrialisé Le désert de Maowusu, l'un des quatre plus grands déserts de Chine, est situé entre Yulin, au Shaanxi, et Erduos, en Mongolie intérieure. La Bannière de Wushen, à l'extrémité sud de la région autonome de Mongolie intérieure se trouve au centre du désert de Maowusu. Elle s'étend sur une superficie de 11 645 km², dont 94,8 % est occupée par des sols sablonneux à cause de l'érosion. Les habitants sont condamnés à lutter contre la désertification. L'entreprise de Li Jinglu se trouve justement dans la Bannière de Wushen. En 2012, il a vécu neuf ans dans les sables de Mongolie intérieure. C'est une centrale thermique qui utilise des rameaux abattus de Salix psammophila, ou saules désertiques, comme matière première. Il s'agit d'un modèle particulier de lutte contre la désertification : le recours à l'industrialisation. Tout en obtenant une nouvelle énergie avec de la biomasse, on cultive des algues, qui absorbent du CO2 dans la fumée évacuée par l'usine, et on produit de la spiruline, un aliment richement nutritif et rentable. L'usine a ainsi frayé une voie de recyclage intarissable : traitement des dunes, production d'électricité verte, gains économiques et réduction des émissions…
Usine de Li Jinglu : production d'électricité « L'utilisation des nouvelles énergies dans les régions sablonneuses vise d'abord à lutter contre la désertification, a fait remarquer Li Jinglu. Les arbustes se reproduisent très rapidement. Tous les 3 ou 5 ans, il faut raser les saulaies et après l'abattage, les arbustes poussent plus fortement ». « Produire de l'électricité avec des résidus issus de l'aménagement des déserts et de l'entretien des arbustes, c'est, dans la condition d'assurer la protection de l'environnement, la seule voie industrielle qui puisse résoudre les fonds d'entretien après le reboisement. C'est une solution générale qui combine la lutte contre la désertification, le développement d'énergies de biomasse et la réalisation de la réduction des émissions », a expliqué Li Jinglu à Beijing Information. En se basant sur cette analyse, la centrale thermique de Li Jinglu a été mise en service en novembre 2008. Elle a versé un montant de l'ordre de 50 millions de yuans par an aux autorités locales en tant que fond spécial d'abattage et d'entretien des saules désertiques. Le reboisement, l'entretien, le rasement, le stockage, le transport et la transformation ont formé une chaîne industrielle, et ont fourni 8 000 emplois. Seul l'achat de matières premières est en mesure d'apporter 70 millions de yuans par an aux agriculteurs et éleveurs locaux. En 2010, l'usine a adopté une invention : la culture d'algues pour capturer du CO2 dans la fumée de l'usine et pour produire de la spiruline. La transformation a été accomplie, les premiers produits de la spiruline seront vendus sur le marché en juillet prochain. On prévoit un chiffre d'affaires annuel de 300 millions de yuans, et des profits de quelque 60 millions de yuans. Inspiration Su Zonghai, secrétaire général adjoint de la Fondation de la séquestration verte de carbone de Chine, a qualifié le projet de spiruline de la centrale biomasse de Maowusu de modèle typique d'économie circulaire, et également de nouveau modèle de développement de l'économie écologique qui couple parfaitement sylviculture et base de séquestration de carbone, économie bas-carbone et de carbone négatif, et construction écologique. L'existence de ce modèle revêt une importante signification pour l'aménagement des déserts qui contiennent de l'eau souterraine du pays, la réalisation du développement durable, la lutte contre le changement climatique par la sylviculture, et l'augmentation de la séquestration de carbone ainsi que la réduction des émissions de matières polluantes. Jusqu'ici, on a investi 500 millions de yuans dans le projet, aménageant 24 000 ha de sable. La centrale est d'une puissance installée de 30 000 kW. Depuis son lancement en novembre 2008, elle a produit 240 millions de kWh d'électricité. La première tranche de travaux de la production annuelle de 600 tonnes de spiruline a réalisé la séquestration de CO2 dans la fumée. Le projet de Maowusu est considéré comme un projet modèle pour améliorer l'environnement de l'homme par l'industrie et l'offre d'aliments nutritifs. Il révèle la valeur des ressources désertiques, allie le milieu et la santé humaine, et réalise le développement durable par le biais de la chaîne industrielle de l'économie circulaire. Lors du forum, Luc Gnacadja, secrétaire assistant au Secrétariat de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, a hautement apprécié le projet de la centrale biomasse de Li Jinglu. Il a espéré promouvoir cette pratique dans des pays africains ayant des conditions naturelles similaires, et qu'elle deviendra la meilleure pratique du monde, afin de proposer une voie durable à la lutte contre la désertification à l'échelle mondiale.
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