Héritier d'un artisanat traditionnel |
Ma Li Lanternes rouges, estampes de Nouvel An, sentences parallèles écrites sur papier rouge, ruelles garnies de saucissons. A Qingyan (littéralement roche verte en chinois), un bourg ancien de la province du Guizhou, partout règne une atmosphère joyeuse en cette Fête du Printemps.
Situé dans la banlieue méridionale de la ville de Guiyang, chef-lieu de la province du Guizhou, le bourg Qingyan est à 29 km du centre-ville et figure parmi les quatre bourgs historiques au niveau provincial. Formé sous le règne de l'empereur Hongwu (1368-1398 au pouvoir), Qingyan est parsemé de bâtiments anciens tels que de temples et des pavillons magnifiquement ornementés. La petite ville doit son nom à plusieurs montagnes avec des pics verts qui la surplombent. Et tous ces vestiges historiques omniprésents ont fait de ce bourg l'un des plus charmant du pays. Un journaliste de Beijing Information s'est rendu à Qingyan pour s'imprégner de l'atmosphère de fête entourant la célébration du Nouvel An. Lorsque l'on vient pour la première fois à Qingyang, ces sont les habitations qui sautent d'abord aux yeux. Les chalets aux tuiles grises et les ruelles pavées de dalles témoignent l'évolution du temps et la prospérité de l'ancienne époque. Ici, presque toutes les constructions sont en pierre, allant des murs de clôture au revêtement de chemins, en passant par les comptoirs, les moulins et les cuves à eau. Dans la rue du sud se trouve une confiserie célèbre pour ses produits entièrement artisanaux. Aux alentours du magasin, on sent de temps en temps la forte odeur de parfum floral des friandises croustillantes. De plus, tous les bonbons vendus ici sont fabriqués à l'aide de maillet. D'après M. Shi, patron de la boutique, cet artisanat exclusivement familial a déjà une histoire plusieurs fois centenaires. Grâce à l'engouement du peuple local pour les sucreries et à la fidélité des descendants à l'art ancestral, ce métier manuel, très rare aujourd'hui dans le bourg, est largement valorisé au fur et à mesure du développement du tourisme local, devenant la principale source du revenu familial.
Bien que le patrimoine permette de subvenir aux besoins essentiels de sa famille, M. Shi qui est aujourd'hui quinquagénaire se préoccupe encore de la succession de sa technique traditionnelle à la veille de la Fête du Printemps. « J'ai appris ce métier auprès de mon père quand j'étais tout petit. Il m'a dit que ce serait mon gagne-pain. Mais une fois adulte, j'y ai renoncé car cet art manuel n'arrivait pas à nourrir ma famille. Par la suite, l'ascension rapide du renom de notre bourg en Chine et de par le monde m'a convaincu. Après une période de disparition, le parfum de mes bonbons aux roses se fait ressentir partout dans les ruelles », a-t-il dit avec fierté. « Notre vie s'améliore sans cesse. J'avais imaginé que mon fils me succède après mon décès, pour que l'artisanat légué par mes ancêtres se transmette de génération en génération. Malheureusement, aucun de mes deux fils n'a voulu rester dans le bourg ». Ses deux fils avaient pour ambition de consacrer leur jeunesse à tracer une nouvelle voie dans les grandes villes, et il n'a pas voulu les forcer. Dans la vie, il y a toujours des surprises. Quelques jours avant la Fête du Printemps, son fils cadet qui avait travaillé à Guangzhou est rentré à la maison. Il a exprimé son souhait de s'enraciner dans le pays natal pour faire rayonner la technique ancestrale, une surprise émouvante pour son père. L'interview touchait à sa fin. Alors que je m'apprêtais à partir, le fils a pris quelques bonbons entassés dans un panier et les a mis dans ma main. « Ces produits sont fabriqués par moi-même. Dégustez-les en guise de souvenir », a-t-il confié. Marchant sur le chemin couvert de mousses, je goûte le cadeau qui véhicule le bonheur de la vie. La foule des passants s'écoule interminablement à mes côtés. Pour moi, la perception de la vie locale vient de commencer.
Beijing Information
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