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Publié le 21/12/2011
Un cadre pour l’avenir du bas carbone

La Chine met en place sa stratégie pour une économie sobre en carbone, et contribue ainsi aux efforts mondiaux de réduction des émissions polluantes, et de développement des technologies vertes.

Lan Xinzhen

Au cours des cinq dernières années, la Chine a investi 272,44 milliards de dollars pour innover dans les énergies domestiques nouvelles et renouvelables, devenant ainsi le leader mondial en termes d'investissement. Pendant la même période, les Etats-Unis, numéro 2 mondial, n'investissaient que 86% de cette somme.

Ces chiffres proviennent de l'Annual Review of Low Carbon Development in China (2011-12) publié par le Climate Policy Initiative de l'Université Qinghua le 9 novembre à Beijing. Selon cette étude, le financement par les gouvernements central et local pour l'économie bas carbone a augmenté rapidement depuis 2005, indiquant que le développement à bas carbone était devenu une orientation importante pour l'économie chinoise.

Ces gros investissements ont permis de casser le cercle vicieux de la croissance de l'intensité énergétique, qui correspond à l'énergie utilisée par 10 000 yuans de PIB. Selon l'examen annuel, en 2010 la Chine a enregistré une réduction de 19,1 % de son intensité énergétique par rapport à 2005. Cette réduction équivaut à une amélioration de l'intensité énergétique de 630 millions de tonnes équivalent charbon, et une réduction des émissions de dioxyde de carbone de 1,55 milliards de tonnes. La proportion des énergies non fossiles parmi toutes les ressources d'énergie primaire a augmenté de 1,8 point de pourcentage, et le stock forestier, de 900 millions de mètres cubes.

Les chiffres montrent également que le développement technologique a permis une augmentation de l'efficacité énergétique chinoise de 69 %, dont 23 % liés à l'ajustement structurel.

Selon l'examen annuel, pendant la période du 12e plan quinquennal (2011-15), la Chine va investir davantage dans l'ajustement structurel pour économiser l'énergie et réduire les émissions, et l'investissement dans l'économie bas carbone va se poursuivre activement. Dans la décennie qui vient, les investissements dans les nouvelles énergies atteindront les 787,4 milliards de dollars.

Un prix élevé

Depuis 1992, la Chine a mis en place une série de mesures visant à développer l'économie bas carbone, l'amélioration de l'efficacité énergétique, le développement des énergies propres, la plantation d'arbres et la participation à la coopération internationale.

En Chine, l'industrialisation a démarré un ou deux siècles après la plupart des pays occidentaux, et la Chine est encore au stade primaire de l'industrialisation, a rappelé Liu Yanhua, consultant auprès du Conseil d'Etat. Historiquement, les émissions de CO2 par habitant dans les pays développés ont été supérieures à 300 tonnes et, dans certains pays, ont même dépassé les 500 tonnes. En Chine, ce chiffre reste inférieur à 100 tonnes.

En tant que pays en développement, la Chine a promis de réduire ses émissions de 40 à 45 % lors du somme de Copenhague sur le changement climatique. « Nous avons fait d'énormes sacrifices pour honorer cet engagement », a rappelé Liu.

Selon Lui, la Chine a fait des ajustements structurels économiques et éliminé les outils de production dépassés. Certains ont même été éliminés alors qu'ils étaient encore rentables.

Les statistiques de la Commission nationale pour le développement et la réforme montrent que dans les cinq dernières années, la Chine a éliminé 70 millions de kW de petits ensembles de centrales thermiques, soit plus que la capacité installée totale des centrales thermiques au Royaume-Uni. Un rapport publié par l'Académie chinoise des sciences sociales a déclaré en 2020 que près de 600 000 personnes perdraient leur emploi en raison de la fermeture de petites centrales thermiques. Par ailleurs, la Chine va également fermer mille petites mines de charbon.

Toutefois, le développement de l'économie bas carbone apporte également de nombreuses nouvelles opportunités d'emploi. Selon un rapport publié par l'Association chinoise des industries d'énergies renouvelables, la Chine compte 6 000 entreprises de photovoltaïque, qui ont permis la création des 200 000 emplois.

Liu Yanhua a dit que pour économiser l'énergie et réduire les émissions, la Chine a fait des investissements importants dans le développement technologique et la commercialisation des énergies renouvelables, contribuant ainsi au développement mondial. « En tant que pays en développement, la Chine doit à la fois développer son économie et réduire ses émissions. Malgré l'impact sur notre économie, nous avons tout fait pour réduire nos émissions polluantes ».

Défis futurs

Les recherches menées par le Climate Policy Initiative de l'université Tsinghua montrent que, orientés vers le tout PIB, les gouvernements locaux sont fortement incités à faire des économies d'échelle. Cela peut affecter les performances du développement économique bas carbone de l'ensemble du pays.

Selon Qi Ye, directeur du Climate Policy Initiative, les gouvernements locaux font face à un certain nombre de défis dans le développement bas carbone : pour atteindre les objectifs d'économie d'énergie et de réduction des émissions, le gouvernement central leur assigne des objectifs contraignants, mais de nombreux gouvernements locaux n'ont pas mis en œuvre ces politiques, et continuent à encourager des projets énergivores. Certains ont même été contraints d'éteindre les installations énergétiques afin d'atteindre les objectifs d'économie d'énergie à la fin du XIe plan quinquennal (2006-10).

Tous les gouvernements locaux ont fixé des objectifs de croissance du PIB supérieurs aux 7  ordonnés par le gouvernement central durant la période du XIIe plan quinquennal, et l'objectif de consommation énergétique fixé par diverses localités était de 500 millions de tonnes équivalent charbon supérieur à l'objectif national. Ainsi, les objectifs d'économie d'énergie demeurent difficiles à atteindre.

Zhang Guobao, directeur du Comité consultatif d'experts de la Commission nationale de l'énergie, a déclaré que beaucoup d'incertitudes demeuraient quant à l'atteinte des objectifs de consommation d'énergie dans les cinq prochaines années.

Qi estime que l'approche axée sur le marché pour réduire les émissions de carbone doit être améliorée. Selon les recherches menées par le Climate Policy Initiative de l'université Qinghua, les politiques diversifiées et les contributions massives du gouvernement constituent les caractéristiques de base du développement bas carbone chinois, et les mesures administratives et les incitations ont joué un rôle majeur dans les économies d'énergie et la réduction des émissions.

Au cours des cinq dernières années, la Chine a réduit de 473 millions de tonnes ses émissions grâce à des mesures administratives, et d'un autre million de tonnes grâce à 777 mesures incitatives. Toutefois, les mesures liées au marché n'ont permis d'éliminer que 15 millions de tonnes de rejets carboniques. « Le marché et la fiscalité n'ont pas joué leur rôle en raison de la répartition des ressources. Un mécanisme efficace et à long-terme pour économiser l'énergie et réduire les émissions n'a pas été mis en place. A l'avenir, le gouvernement devrait renforcer la coordination des politiques et utiliser davantage le marché », a estimé Qi.

Selon Qi, grâce au développement sobre effectué ces cinq dernières années, la Chine est en train de rattraper les pays développés en matière d'innovation technologique, et la proportion de technologies et d'équipements bas carbone à l'échelle nationale a remarquablement augmenté. Cependant, les technologies bas carbone ne sont pas encore largement utilisées dans le pays, et certaines technologies de base ne sont toujours pas maîtrisées.

Un besoin de politiques

Pour résoudre les problèmes qui persistent depuis longtemps, comme la consommation élevée d'énergie, la faible efficacité énergétique et la grave pollution de l'environnement, la Chine doit transformer son modèle de croissance économique et évoluer vers une économie bas carbone, sobre et respectueuse de l'environnement.

Le 9 novembre, le Conseil d'Etat a discuté puis adopté le plan de contrôle des émissions de gaz à effet de serre pour la période du XIIe plan quinquennal. Ce plan propose quatre mesures pour le développement d'une économie sobre en carbone : développer des sources d'énergie faibles en carbone, augmenter les puits de carbone forestiers, améliorer la participation du public et élargir largement la coopération internationale. Le plan propose aussi des objectifs précis pour réduire l'intensité énergétique de divers gouvernements locaux.

Gao Guangsheng, inspecteur du Département des changements climatiques de la CNDR, dit que la Chine fera tout son possible pour honorer l'engagement de réduire les émissions, en mettant en place un marché d'échange des émissions carboniques, en élaborant des indicateurs statistiques de l'économie à bas carbone afin d'évaluer les performances des fonctionnaires locaux.

« Le gouvernement chinois insiste fortement sur le changement climatique, et respectera son engagement de réduire les émissions sans aucune négociation », a dit Gao.

Selon Gao, la Chine va essayer d'établir et d'améliorer son mécanisme d'évaluation des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que ses essais massifs pour le développement faible en carbone. Outre les huit villes pilotes sélectionnées par la CNDR - Tianjin, Chongqing, Shenzhen, Xiamen, Hangzhou, Nanchang, Guiyang et Baoding - l'échelle des expérimentations de développement bas carbone sera encore étendue, et divers gouvernements au niveau provincial peuvent choisir leurs propres villes pilote pour le développement bas carbone. En attendant, le pays va également promouvoir la participation du public à tous les niveaux afin que les gouvernements, les institutions publiques, les entreprises et le public puissent se joindre à la campagne de consommation bas carbone.

He Jiankun, directeur de l'Institut d'Economie bas carbone de l'Université Qinghua, dit que la Chine devrait activement participer au nouveau cycle d'innovation technologique et de concurrence, en mettant à l'honneur les technologies bas carbone. Dans les domaines technologiques traditionnels, la Chine est en retard et a besoin d'introduire des technologies des pays développés. Dans les nouveaux domaines de l'énergie, cependant, la Chine et les pays développés sont au coude-à-coude. La Chine a fait de grands progrès dans l'investissement en R&D, ainsi que dans la formation et dans les conditions de recherche. Elle a marqué de nombreux points dans différents domaines de recherche.

« Comme la Chine possède des industries de fabrication de pointe, lorsqu'une nouvelle technologie devient mature, la phase d'industrialisation se développe rapidement et à de faibles coûts, apportant des avantages concurrentiels à la Chine », a-t-il dit.

Alors que les pays du monde entier renforcent leurs technologies bas carbone, cette transformation va faire évoluer les coûts comparatifs, les prix comparatifs, les structures de la demande et de la production des entreprises. C'est de la vitesse et la capacité d'une entreprise à s'adapter à ce changement que dépend sa survie et sa prospérité.

Fort heureusement, les entreprises chinoises ont compris le rôle central des technologies avancées bas carbone. Et nombreuses d'entre elles ont élaboré des plans et des stratégies bas carbone.

 

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