La « diplomatie du panda » toujours efficace |
Wang Wenjie Alors que le Vieux continent subit de plein fouet la crise de la zone euro, l'arrivée des deux pandas détourne temporairement l'attention de la population. Depuis un demi-siècle, la « diplomatie du panda » est devenue une caractéristique des relations extérieures chinoises. A l'heure actuelle, le grand ours-chat fait sa sieste sur trois continents. Les stars du zoo d'Edimbourg Le 4 décembre, Yang Guang (Lumière du soleil) et Tian Tian (Chérie), deux pandas géants loués par la Chine au zoo d'Edimbourg, sont arrivés en Ecosse, au son des cornemuses écossaises. Un Boeing 777 baptisé « Panda Express », et à la carlingue peinte à l'effigie du mammifère, a été spécialement affrété pour ce transport insolite. Au cours des onze heures de vol, les deux nounours ont dévoré du bambou, des pommes et des carottes, ainsi qu'un gâteau spécial. Ils sont les premiers pandas à s'installer en Grande-Bretagne depuis la rétrocession du dernier panda à la Chine le 26 octobre 1994. Ce prêt diplomatique marque l'amitié entre la Chine et la Grande-Bretagne. Yang Guang, à l'aéroport d'Edimbourg, le 4 décembre 2011.Les deux stars bicolores l'ignorent, mais il aura fallu pas moins de cinq ans de négociations et dialogues diplomatiques pour rendre possible cet événement. Au début de l'année, l'Association chinoise pour la protection des animaux sauvages et la Société royale de zoologie d'Ecosse ont signé un accord sur la protection des pandas géants, en présence du Vice-Premier ministre chinois Li Keqiang et de son homologue britannique Nick Clegg. Selon ce dernier, il s'agit d'un « signe de la force des relations sino-britanniques ». Durant la prochaine décennie, les scientifiques des deux pays développeront des recherches conjointes, notamment sur la reproduction des pandas élevés en captivité. Nés tous deux en 2003, Yang Guang (mâle) et Tian Tian (femelle) ont vécu sur la base des pandas de Bifengxia, à Ya'an, dans la province du Sichuan, relevant du Centre de recherches et de protection des pandas géants de Chine. Ils auront deux semaines pour s'habituer au nouvel environnement, avant d'être présentés au public. Pour le zoo d'Edimbourg, l'arrivée des deux attractions entraînera une augmentation de 70 % de la fréquentation, ce qui permettra de s'acquitter la redevance annuelle au gouvernement chinois, très coûteuse, ainsi que de couvrir les énormes dépenses pour la vie quotidienne des pandas. Les bambous frais pour les deux voraces seront importés des Pays-Bas. De plus, le zoo espère accueillir quelques naissances durant ce séjour en Angleterre. Jusqu'à présent, aucun panda n'a réussi à mettre bas dans ce pays européen. Prêt au zoo de Beauval La Grande-Bretagne n'est pas le seul pays atteint de « pandaïte aiguë ». Le 3 décembre, à l'ambassade de France en Chine, les deux pays sont parvenus à un accord sur la location de deux pandas chinois pour dix ans. D'après cet accord, Yuan Zai (mâle) et Huan Huan (femelle), tous nés en 2008, partiront pour le zoo de Beauval au mois de janvier prochain, et seront présents à la cérémonie commémorant le 48e anniversaire de l'établissement des relations sino-françaises, organisée le 27 janvier 2012. « En tant que trésor national de la Chine, les pandas géants possèdent une signification symbolique particulière, représentant la confiance mutuelle et l'amitié entre les peuples français et chinois », a expliqué, en chinois, l'Ambassadeur de France en Chine, Sylvie Bermann. Quelques jours auparavant, le président Hu Jintao avait téléphoné à son homologue français Nicolas Sarkozy, et, ensemble, les deux chefs d'Etat ont convenu que la France et la Chine conjugueront leurs efforts pour assurer la protection des pandas et mener ensemble des recherches scientifiques. Madame Bermann a par ailleurs révélé qu'au mois de novembre 2005, la France avait demandé au gouvernement chinois de lui louer un couple de pandas, et avait envoyé un groupe d'experts enquêter dans la province du Sichuan. Yuan Zai et Huan Huan ont été sélectionnés par des experts chinois pour leur bonne santé et leur tempérament conciliant. Ils seront les premiers pandas géants en France après la mort de Yen Yen (ou Yan Yan) en 2000 au zoo de Vincennes, près de Paris. Yen Yen avait été offert en 1973 à l'occasion de la visite du président Georges Pompidou en Chine, avec un autre panda mâle, Li Li, décédé d'une tumeur du pancréas peu après son arrivée dans l'Hexagone. Mort de vieillesse à l'âge de 28 ans, dont 27 ans passés en France, Yen Yen est l'un des pandas chinois les plus vieux en Europe. Evolution de la « diplomatie du panda » Le panda géant est considéré comme un don national de niveau supérieur depuis 1941, date à laquelle Soong May-ling (épouse de Chiang Kai-shek) a offert un couple de pandas aux Etats-Unis, marquant le premier geste de « diplomatie du panda » dans l'historie contemporaine chinoise. En 1946, le gouvernement du Kuomintang a offert un panda à la Grande-Bretagne. Pour la Chine, les pandas jouaient un rôle important dans le développement des relations extérieures amicales. Pendant les années 1957-1982, la Chine a offert au total 23 pandas à neuf pays (l'ex-Union soviétique, la République démocratique de Corée, les Etats-Unis, le Japon, la France, la Grande-Bretagne, la République fédérale allemande, le Mexique et l'Espagne). Au mois de février 1972, le Premier ministre Zhou Enlai a annoncé un don de deux pandas aux Etats-Unis, lors de la visite du président américain Richard Nixon en Chine, ce qui a ouvert une période de lune de miel pour les relations sino-américaines. Dès l982, la « diplomatie du panda » a connu certains changements. Avec la dégradation des conditions de vie, la population des pandas s'est considérablement réduite, et la Chine a cessé d'en offrir aux pays étrangers. Elle a commencé à louer des pandas pour une période de dix ans. L'animal, en plus d'être un symbole diplomatique remarquable, a permis de gagner de l'argent. Deux ans plus tard, avec l'ouverture et la réforme du pays, les pandas ont troqué leur poste d'ambassadeur d'amitié pour la fonction de « conseiller commercial ». Ainsi, pendant une période, les services concernés se sont évertués à « exporter » ces animaux menacés, ce qui a causé la grande chasse aux pandas et la perte de contrôle. Le gouvernement chinois a fini par sévir, et a interdit la location des pandas à but commercial, autorisant la location visant à permettre la « reproduction en coopération des pandas », dont la durée est en général de dix ans. Le 12 septembre 2007, l'Administration forestière a annoncé que la Chine n'offrait plus de pandas aux pays étrangers, mais qu'elle continuerait à développer la recherche conjointe.
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