Un monde de sept milliards de personnes... |
Zeng Wenhui Le 31 octobre, à Manille (Philippines), le sept-milliardième résidant de la planète a poussé son premier cri. Un heureux événement ? Pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ce bébé entre dans « un monde de terribles contradictions », un monde où la nourriture est abondante, mais où un milliard de ventres connaissent la faim chaque jour. Selon le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le doublement de la population mondiale, à deux milliards de personnes, avait nécessité un siècle, contre 32 ans pour le passage à trois milliards. Mais depuis 1987, la population mondiale augmente d'un milliard de personnes tous les 12 ans ! Cette croissance exponentielle augmente considérablement la demande en ressources naturelles et sociales. L'explosion de la population accentuera l'énorme pression exercée sur l'offre en céréales, en eau, en terre habitable, et confrontera tous les pays de la planète à des défis considérables en matière d'éducation, d'emploi, de santé et de retraite. A chaque pays ses soucis Autre son de cloche à l'Académie chinoise des Sciences sociales : « Il ne faut pas s'angoisser trop de cette croissance démographique globale. En effet, il vaut mieux se concentrer sur les régions sévèrement touchées par cette augmentation de population », a indiqué Zheng Zhenzhen, chercheur au Bureau d'études démographiques. D'après les statistiques des Nations Unies, le taux de fécondité est de 4,64 en Afrique, le record mondial, alors qu'il est de 1,53 en Europe, le plus bas. Actuellement, l'abaissement de la fécondité, le vieillissement et la manque de main-d'œuvre constituent de sérieux défis pour les pays développés, Japon en tête. Le système de sécurité sociale européen souffre du vieillissement de sa population. Dans cette région du globe, certains experts prédisent le surgissement d'une crise du vieillissement à l'horizon 2050. La situation est différente dans la majorité des pays en développement. Avec cette massive population et sa rapide augmentation, ils sont confrontés à de grands problèmes dans le domaine de la sécurité céréalière, de l'éducation, de la santé et de l'emploi. La population du continent africain, un milliard de personnes actuellement, passera la barre des deux milliards en 2050. En raison des carences des systèmes d'irrigation, la majorité des régions africaines sont en proie à de nombreuses catastrophes naturelles telles que la sécheresse et l'inondation. Et des difficultés plus graves s'y ajouteront avec l'augmentation rapide de la population. De plus en plus de pays ont pris conscience de l'importance de la mise en place d'un planning familial. Selon Gu Baochang, professeur au Centre de recherches sur la population et le développement relevant de l'Université du Peuple de Chine, le développement démographique porte quelque inertie. Ainsi la population mondiale continuera à augmenter ; il s'agit d'une tendance irréversible. Aussi, mieux vaut-il réajuster au plus vite la politique démographique, en analysant les pyramides des âges et des sexes de façon scientifique, plutôt que de ne se soucier que du nombre total d'habitants. Gu Baochang estime que la population mondiale rencontre une nouvelle évolution jamais connue au cours des millénaires. Tout d'abord, le taux de fécondité connaît une diminution régulière. Suivant les donnés des Nations Unies, le taux de fécondité mondial est passé de 4,45 en 1970 à 2,45 aujourd'hui. Il s'agit d'une question à l'échelle mondiale, qui est liée non seulement aux pays dont ce chiffre est toujours bas, mais également aux pays dont ce chiffre est élevé, tels que les pays africains et arabes. La fécondité dans de nombreux pays européens et est-asiatiques passe même au-dessous de 2,1, le seuil de non-renouvellement des générations. En outre, la nouvelle évolution concerne l'aggravation du vieillissement, l'accélération de l'urbanisation ainsi que la rapidité de la mobilité des populations à l'échelle mondiale. Planning familial chinois Le Conseil national de la Population et de la Planning familial (CNPPF) a révélé que, en trente ans d'application de la politique de planning familial, la Chine avait évité la naissance de 400 millions de personnes. Sans cela, le sept-milliardième être humain serait né cinq ans plus tôt. La proportion de la population chinoise dans la population mondiale est passée de 22 % au début de la réforme et de l'ouverture (en 1978), à 19 % en 2010. Avec des conditions socio-économiques non développées, la Chine a réalisé en trois décennies une transformation démographique que les pays développés ont mis un siècle à réaliser. La Chine a réussi à modifier son développement démographique. « Sans ce planning familial, la population chinoise dépasserait 1,7 milliard de personnes, pesant lourd sur le développement socio-économique », a indiqué Li Bin, directeur du CNPPF. La diminution de la fécondité allège les pressions des jeunes en matière de scolarisation, d'emploi et de logement, favorisant le développement socio-économique et la stabilité sociale. En plus, le planning familial améliore la vie des peuples, et élève la capacité de développement de la famille. Avec l'augmentation considérable du revenu disponible des habitants et la forte réduction de la population au-dessous du seuil de pauvreté, la Chine devient un bon exemple parmi les pays en développement dans le domaine de la réduction de la pauvreté. « Pendant encore une longue période, la démographie va demeurer un problème clé pour le développement socio-économique chinois », a dit Li Bin. Selon le 6e recensement démographique au mois de novembre 2010, la population totale de la partie continentale de la Chine est de 1,34 milliard de personnes. On estime que ce chiffre atteindra 1,39 milliard au cours du XIIe Plan quinquennal, et 1,45 milliard en 2020. En plus, la qualité de la population n'est pas élevée. Ces dernières années, les nouveau-nés handicapés représentent 4-6 % du nombre de naissances annuelles. Le nombre total des handicapés représente 6,34 % de la population chinoise. La productivité du travail en Chine est très inférieure à celle dans les pays développés, et même inférieure à celle dans certaines économies émergeantes. Parmi la population active chinoise, seulement 12 % a reçu un enseignement supérieur, et la proportion des ouvriers qualifiés supérieurs n'est que de 25 %. En termes de structure démographique, le sex-ratio de la population naissante chinoise est encore élevé. Au cours du XIIe Plan quinquennal, la population active connaîtra un pic. La main-d'œuvre sera toujours supérieure à 900 millions de personnes jusqu'à 2025, rendant difficile la question de l'emploi. Dans le même temps, le vieillissement de la population s'accélère. Le nombre des membres d'une famille diminue graduellement en Chine. En 1982, une famille comprenait en moyenne 4,41 membres, tandis que ce chiffre est de 3,10 en 2010. La proportion des familles qui ne sont composées que de deux personnes âgées et des familles n'ayant qu'un seul enfant augmente. En plus, les membres de quantité de familles habitent dans des régions différentes. Dans les régions rurales, on compte 47 millions de femmes dont l'époux habite et travaille dans une autre région, et 58 millions d'enfants qui sont séparés de leurs parents. « Le nombre, le niveau, la structure et la répartition de la population sont des facteurs importants qui influent sur la coordination socio-économique et le développement durable », a remarqué Li Bin. Au cours du XIIe Plan quinquennal et au-delà, la Chine continuera de faire du planning familial une politique fondamentale d'Etat, en maintenant sa continuité et sa stabilité, et déploiera des efforts pour maintenir le taux de fécondité autour de 1,8. Attention au hard landing En raison de la baisse de la fécondité et de l'aggravation du vieillissement, la situation démographique chinoise doit être très surveillée, pour éviter le risque de hard landing. Selon les résultats du 6e recensement national publiés au mois d'avril 2011, la population chinoise a connu une augmentation annuelle de 0,57 % au cours de la dernière décennie, réalisant une réduction du taux de croissance de 0,5 % par rapport à la période 1990-2000. « Le bonus démographique provoqué par la diminution du ratio de dépendance démographique atteindra son niveau le plus bas après 2013, puis disparaîtra avec l'élévation de ce ratio », a expliqué Cai Fang, directeur du Bureau d'études sur la démographie et l'économie du travail relevant de l'Académie chinoise des Sciences sociales. Face au nombre croissant de retraités, la situation sera extrêmement difficile en Chine, d'autant plus avec le phénomène « Etre vieux avant d'être riche », et les imperfections du système de sécurité sociale. Les Nations Unies prévoient que le ratio de dépendance démographique de la Chine augmentera de 38 % à 64 % en 2050. « Dès que le taux de fécondité commencera à diminuer, il sera difficile de l'augmenter, beaucoup plus difficile que lorsqu'on souhaitait le réduire », a dit Gu Baochang. Il faut réexaminer avec prévoyance la politique démographique chinoise, et saisir l'opportunité d'effectuer au plus vite des réajustements. »
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