Mon premier salaire ! |
—— Qualité de vie des générations des années 50, 60, 70 et 80 Wang Ying (Yangtse Evening Post)
Les jeunes diplômés nés dans les années 90 vont bientôt entrer sur le marché du travail, et recevoir leur premier salaire. Et vous, vous souvenez-vous de votre premier salaire ? De son montant, et de ce que vous en avez fait ? La première paie reste souvent gravée dans notre mémoire. Elle ouvre la voie de l'indépendance et de l'autonomie. La génération des années 50 : tout pour la famille Mme Luo, 60 ans, ouvrière Premier salaire : 16,6 yuans Usage : dépenses familiales et argent de poche Mme Luo a commencé son apprentissage dans une usine de plastique au début des années 70. A la fois manutentionnaire et opératrice, elle a touché 14 yuans pour le premier mois, plus 2,6 yuans de subvention de transport. Mme Luo est une fille pieuse. Elle a donné tout son argent à sa mère pour les dépenses familiales. « Ce n'était pas facile de m'élever. Alors j'ai donné les 14,6 yuans à ma mère pour acheter du riz. Les 2 yuans qui restaient, je l'ai mis dans ma poche. » « Afin d'économiser les frais de transport, j'allais au boulot à pied, environ une demi-heure de trajet. Du coup, je faisais ce que je voulais de mon argent de poche », a rappelé Mme Luo. Deux yuans, à cette époque, c'était déjà beaucoup. Un bol de nouilles coûtait 11 centimes, et un bol de huntun (bouillon de petits raviolis), 14 centimes. « Le premier restaurant de huntun de Nanjing était près de mon usine. C'était mon resto favori ! Mon salaire en poche, je m'y précipitais », a continué Mme Luo. Dans une époque caractérisée par la pénurie, acheter un poste de radio au moment du mariage était déjà un luxe. « L'apprentissage a duré trois ans. Après, mon salaire a augmenté à 26 yuans, à 37, puis à une cinquantaine de yuans », s'est souvenu Mme Luo comme si c'était hier. Commentaire : La génération des années 50 a commencé sa carrière dans les années 70, époque de pénurie. Il n'y avait ni karaoké, ni tourisme, ni fastfoods étrangers comme les KFC et les McDonald's. Les gens étaient simples. On ne pensait qu'à aider sa famille ou à faire des économies en vue du mariage. C'était souvent la ferraille qui était gardée pour acheter quelques livres, ou partir en ballade. La vie était belle et simple. La génération des années 60 : travailler pour manger M. Wu, 46 ans, technicien dans une usine Premier salaire : 50 yuans Usage : se nourrir et se vêtir M. Wu a trouvé un emploi au milieu des années 80. Avec ses 50 yuans mensuels, il était relativement privilégié pour l'époque. « Il n'y avait pas d'entreprises. Seuls les établissements publics, les écoles et les usines embauchaient. D'ailleurs, on était mieux payé dans les usines. Et technicien, c'était encore mieux que simple ouvrier », se réjouit M. Wu. Néanmoins, deux tiers de son salaire étaient réservés pour la nourriture : « Je ne suis pas du pays. Je mangeais toujours à la cantine : viande, légume, soupe et riz, pour en moyenne un yuan. Une côtelette ne coûtait que 2 yuans 8 centimes ». Les dépenses pour les loisirs étaient modestes. M. Wu avait l'habitude de faire du sport et il achetait parfois des survêtements. Le reste, il le mettait de côté. En six mois, il a pu s'offrir un vélo. « Ah ! Ce cher vélo ! Je le nettoyais tous les jours jusqu'à ce qu'il brille, comme ceux qui prennent soin de leur BMW aujourd'hui ». On n'avait pas la notion du tourisme. Les rares passionnés de voyages logeaient dans leur famille ou chez des amis pour économiser de l'argent. Commentaire : Selon la loi d'Engel, quand le revenu familial reste bas, la proportion pour la nourriture s'élève. Si le revenu augmente, le pourcentage de ces dépenses diminue. Cette loi s'adapte également à un pays. Dans les années 80, la Chine était beaucoup moins développée. Le niveau de vie du peuple demeurait bas. Ainsi, les Chinois de l'époque dépensaient deux tiers de leurs salaires pour la nourriture. Néanmoins, la disparité entre les riches et les pauvres était loin d'être aussi grande que de nos jours. La différence de salaire entre un jeune diplômé et un ouvrier n'était que de 20 yuans. La génération des années 70 : une vie aisée Mme Xu, 32 ans, publicitaire Premier salaire : 1 300 yuans Usage : suivre la mode Mme Xu est née à la fin des années 70. Elle a terminé ses études universitaires en 2001. Publicitaire dans une maison d'édition, elle a touché 1 300 yuans le premier mois, dont 800 de variable. Par rapport à ses camarades de classe, elle était bien payée. « Je suis née dans une famille aisée. Alors je n'ai pas fait de cadeaux à ma famille. Tout mon salaire est passé en fringues, maquillages et autres accessoires de mode. Des vernis à 100 yuans, une paire de chaussures à talons aiguille à 200 yuans. C'était très à la mode à l'époque. Ensuite, j'ai acheté un vélo, 200 yuans. Bien sûr, je n'ai pas oublié d'inviter mes amis à dîner et au karaoké. Le reste de l'argent, je l'ai économisé pour remplacer mon BB call par un Siemens 3508i », a rappelé Mme Xu. Malgré ces dépenses, Mme Xu menait une vie aisée grâce aux avantages procurés par son entreprise. La maison d'édition fournissait tous les mois des produits de toilette, et offrait un déjeuner gratuit. Commentaire : La génération des années 70 n'était plus soumise à l'affectation automatique du poste de travail. Malgré cela, la pression d'emplois était moins forte qu'aujourd'hui. Heureux bénéficiaires de la première grande vague d'augmentation salariale du pays, il leur était encore possible de dilapider leur premier salaire. La génération des années 80 : le poids de la vie Mlle Xu, 23 ans, rédactrice Premier salaire : 2 400 yuans Usage : loyer et vêtements Mlle Xu vient de terminer ses études universitaires. Grâce à ses parents, elle a trouvé un poste de rédactrice pour un périodique d'une agence de tourisme. Elle a commencé par un stage, payé 800 yuans seulement. « Autant dire que je dépensais presque tout pour payer ma chambre de 10 m². Il n'y avait ni salon, ni cuisine. Tous les locataires partageaient les mêmes toilettes. Et pour cette petite cage à lapin, je payais 580 yuans par mois ! », se souvient-t-elle. Pour son premier emploi, il faut faire bonne impression : toutes les économies de Mlle Xu sont passées dans l'achat d'une chemise et d'un pantalon de bureau, bon marché bien entendu. Lorsqu'on est indépendant, les dépenses sont nombreuses : nourriture, transport, téléphone, eau, électricité, sorties… Avec ses 800 yuans, Xu n'arrivait pas à joindre les deux bouts, et a dû demander de l'aide à ses parents. « Tout va mieux maintenant. J'ai changé d'emploi. Pendant la période d'essai, je touche 1 800 yuans. Après, je pourrai gagner 2 400 yuans, plus une subvention de 600 yuans. Mes conditions de vie s'améliorent, et je travaille dur pour ça. Souhaitez-moi bon courage ! », a-t-elle raconté. Commentaire : Aujourd'hui, il est difficile pour les jeunes diplômés d'entrer sur le marché du travail. A la porte de l'université, c'est souvent le chômage qui les attend. Beaucoup d'entre eux prient pour que leurs parents les aident à trouver. Et la hausse considérable du coût de la vie n'arrange rien. Ces jeunes gens vivent à découvert, ou au crochet de leurs parents.
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