OCS : déjà dix ans d'essor |
Depuis son établissement il y a dix ans, la réputation et l'influence internationale de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) ne cesse de s'élever. Zhao Mingwen* Depuis dix ans, l'OCS a fait de grands progrès, tout en maintenant un développement normal et positif. Les six pays membres de l'Organisation, la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, se soutiennent mutuellement sur les questions d'intérêts majeurs comme l'indépendance nationale, la souveraineté et l'intégrité territoriale. Lors de la crise financière mondiale, l'OCS a profité de ses avantages, et aidé ses pays membres à surmonter la crise, montrant une vitalité exceptionnelle de l'Organisation.
Réalisations L'OCS, créée en 2001, est une organisation intergouvernementale axée sur la coopération en matière de sécurité régionale. Au fur et à mesure de son agrandissement, cette organisation a accueilli la Mongolie, l'Inde, le Pakistan et l'Iran comme pays observateurs, et le Sri Lanka et la Biélorussie comme partenaires de dialogue. Ces mesures favorisent l'élargissement de l'espace de coopération de l'Organisation sur la scène internationale, et lui donnent une image plus ouverte, coopérative et transparente. Depuis sa fondation, l'OCS a établi des liens et des mécanismes de communication avec de nombreuses organisations régionales et internationales telles que l'ONU, l'UE, l'Organisation mondiale des douanes, l'ASEAN, la Communauté des États indépendants et la Communauté économique eurasiatique. Par ailleurs, l'OCS a également acquis le statut d'observateur à l'Assemblée générale des Nations Unies. La confiance mutuelle sur le plan stratégique et la coopération politique entre les membres de l'OCS sont de plus en plus fortes. Dans le cadre des principes de l'OCS, la Chine a réglé complètement les problèmes frontaliers avec la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Les pays membres ont coordonné et collaboré dans les affaires internationales, la réforme de l'ONU et autres. En ce qui concerne la coopération sur la sécurité, de bons résultats ont été obtenus en matière de défense et coopération policière. Dans l'optique d'établir un système législatif complet sur la coopération en matière de sécurité, les pays membres ont signé la Convention 2001 de Shanghai sur la lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l'extrémisme. L'OCS a organisé avec succès sept manœuvres militaires antiterroristes bilatérales et multilatérales à grande échelle, ce qui a assuré la stabilité sociale et la sécurité de la région. Les documents juridiques et les mécanismes concernant la coopération économique se sont beaucoup améliorés. Grace à ces opérations, le commerce au sein des pays membres progressé en dix ans. Les échanges commerciaux de l'Ouzbékistan avec d'autres membres de l'organisation ont représenté 42,1 % en 2006 dans la totalité de ses commerces extérieurs. Pour le Tadjikistan, cette proportion était de 36,6 %. En 2010, le volume des échanges commerciaux de la Chine avec les autres membres de l'OCS était huit fois supérieur à celui de 2000, atteignant 83,97 milliards de dollars. Le commerce sino-russe a atteint les 55,45 milliards de dollars en 2010, soit cinq fois plus élevé que celui de 2000. La Chine est désormais devenue le premier partenaire commercial de la Russie. Le volume des échanges commerciaux de la Chine avec les membres de l'OCS en Asie centrale a maintenu un taux de croissance annuel moyen d'environ 40 %, atteignant les 28,52 milliards de dollars, soit 14,81 fois plus élevé que celui de 2000. De plus, la coopération énergétique est dynamique. De nombreux oléoducs et gazoducs sont mis en service. Des coopérations dans les domaines électrique, nucléaire et charbonnier sont en cours. Le réseau de coopération énergétique est en train de s'agrandir. La coopération financière de l'Organisation a également été renforcée. L'OCS a établi une plate-forme de financement afin de stimuler la coopération multilatérale entre les pays membres. Cette organisation a également lancé une initiative contre le blanchiment d'argent. Pendant la crise financière mondiale, les dirigeants des pays membres de l'OCS ont rapidement proposé de renforcer les coopérations bilatérales afin de maintenir une croissance économique stable. Les pays membres sont sortis de la stagnation économique plus tôt que les autres pays. En 2010, le PIB total des Etats membres de l'OCS a été de 7 600 milliards de dollars, et le volume du commerce extérieur, 3 600 milliards de dollars. L'organisation a grandement contribué à la reprise économique mondiale. Les coopérations dans des domaines comme les sciences et technologies, l'agriculture, le secours aux sinistrés se sont rapidement améliorées. Les Etats membres de l'OCS ont mené des discussions bilatérales et multilatérales sur des sujets comme le changement climatique, la protection de l'environnement, l'exploitation des ressources naturelles et la sécurité alimentaire régionale. Grands défis Bien que l'OCS ait réalisé de grands progrès au cours de la dernière décennie, en tant que jeune organisation régionale, elle est confrontée à des défis épineux. Le concept de sécurité de l'OCS qui insiste sur les principes de « non alliance, non confrontation et de ne pas cibler un tiers pays » va à l'encontre de ceux des Etats-Unis et de l'OTAN. L'OCS appelle à régler les différends et les conflits par des moyens pacifiques. En revanche, les Etats-Unis préconisent d'occuper une position supérieure en matière de forces militaires afin de s'assurer la sécurité absolue. L'OCS devrait dissiper les différends en termes de concept de sécurité avec les Etats-Unis et l'OTAN. En ce qui concerne la coopération sécuritaire, bien que les exercices militaires multinationaux aient fortement frappé le terrorisme, le séparatisme et l'extrémisme, ils ne sont pas très efficaces pour contrôler les attentats-suicides. Lors des émeutes au Kirghizistan, l'OCS, qui n'a fait qu'exprimer son soutien et son inquiétude, a échoué à trouver des mesures efficaces pour empêcher la détérioration de la situation. La Chine et la Russie ont des visions différentes du statut de l'OCS. La première espère améliorer son influence politique et son dynamisme économique. Le deuxième cherche à cimenter des liens avec ses partenaires d'Asie centrale à travers la coopération de l'OCS afin de faire revivre son influence en Asie centrale. Dans ce contexte, un développement normal et rapide de l'OCS, notamment dans les secteurs économique et énergétique, ne s'adapte pas aux intérêts de la Russie. Les pays d'Asie centrale de l'OCS sont paradoxaux concernant la coopération économique et commerciale gagnant-gagnant avec la Chine. Bien que le marché et l'énorme potentiel d'investissement de la Chine pourrait remédier à la pénurie d'investissement et améliorer l'industrie manufacturière sous-développée des pays d'Asie centrale, certains pays hésitent à approfondir et élargir la coopération avec la Chine, inquiets d'une trop grande dépendance économique. L'intégration de nouveaux membres pose aussi problème. Bien qu'un protocole ait été officiellement signé en 2010, les membres de l'OCS ne sont pas encore parvenus à un consensus sur la question de l'intégration. Sans une solution efficace et rapide, la réputation de l'OCS pourrait en pâtir. Influence L'OCS, dont les pays membres rassemblent des fidèles du taoïsme, du bouddhisme, de l'orthodoxe oriental, de l'hindouisme et de l'islam, a déjà écarté la pensée de la Guerre froide et surpasser l'idéologie, devenant une des organisations internationales les plus dynamiques et les plus influentes au monde. Possédant deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l'ONU (Chine et Russie) et un siège de pays observateur (Inde), l'OCS a une absolue supériorité en matière de superficie du territoire, puissance politique et militaire, potentiel économique, réserves des ressources naturelles et population. L'OCS va jouer un rôle plus important dans la promotion du développement économique régional, la coopération culturelle ainsi que la garantie de la sécurité régionale.
* L'auteur est directeur du Centre de recherche de sécurité périphérique du pays à l'Institut des études internationales de Chine.
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