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Publié le 27/06/2011
Coopération internationale sur la sécurité nucléaire : une priorité pour la communauté internationale

Zhang Liangui

Suite aux graves fuites à la centrale de Fukushima Daiichi provoquées par le séisme au Japon, la sécurité nucléaire est désormais devenue un sujet incontournable lors des nombreuses conférences internationales, telles que le quatrième sommet Japon-Chine-Corée du Sud tenu le 22 mai à Tokyo, et le Sommet du G8 du 26 mai à Deauville, en France. Tout cela montre que la sécurité nucléaire est devenue une priorité pour la communauté internationale.

Les quatre défis de la sécurité nucléaire

Depuis l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques ou moins pacifiques dans les années 1940, l'humanité n'a jamais rencontré de défis plus sérieux qu'aujourd'hui. Ces défis se manifestent sous des formes multiples.

L'accident nucléaire en constitue la première forme. Selon les statistiques de l'Association nucléaire mondiale publiées en mars dernier, on comptait 443 centrales nucléaires en activité dans 47 pays, et 62 en construction. De plus, 482 centrales sont en cours de conception, ou dans la phase des procédures. Une consolation, c'est que les accidents nucléaires de niveau variant entre 1 et 7 degré sont rares. Néanmoins, chaque accident a engendré d'immenses catastrophes.

Concernant Fukushima, aucune solution n'a encore été trouvée. Il est presque certain que le périmètre de 20 km autour de la centrale sera désormais inhabitable. En outre, sa contamination sur la chaîne biologique marine se manifestera progressivement pendant les prochaines décennies.

Un rapport de Greenpeace, ONG écologiste internationale, publié en avril 2006, a affirmé que le pire accident nucléaire du monde - celui de Tchernobyl en avril 1986 - avait entraîné 270 000 cas de cancer, dont 93 000 décès. Par ailleurs, plusieurs millions de personnes ont été irradiées. Jusqu'à présent, les zones dans un rayon de 30 km autour de la centrale sont désertes, et certaines espèces de la faune et de la flore ont muté. Cette catastrophe a causé la contamination et l'abandon de milliers de km² de territoire en Ukraine, en Biélorussie et en Russie. Et même 34 % des terres en Grande-Bretagne ont été polluées à divers degrés.

La mauvaise gestion nucléaire constitue un autre défi sérieux. De nombreuses matières et technologies nucléaires ont été introduites clandestinement en raison de négligences lors de la désintégration de l'URSS au début des années 1990. Le 22 mai, une attaque déclenchée par six terroristes contre une base navale pakistanaise a été lancée, début probable d'une série d'attaques contre l'arsenal nucléaire pakistanais, car le lieu de cette attaque n'était qu'à 24 km de l'une des bases d'armes nucléaires du pays.

Un expert britannique a déclaré que les terroristes avaient lancé trois attaques contre des installations nucléaires du Pakistan au cours des cinq dernières années. Si les terroristes veulent se venger pour le mort d'Oussama Ben Laden en utilisant l'arsenal nucléaire, cela pourrait se solder par des dizaines de millions de morts au monde, selon un expert nucléaire russe. Même si les Talibans ont déclaré le 26 mai qu'ils n'avaient pas l'intention d'attaquer l'arsenal nucléaire du Pakistan, le doute subsiste. En conséquence, les forces américaines ont récemment tenté de prendre le contrôle direct des armes nucléaires du Pakistan, dans le cas où le gouvernement pakistanais ne serait pas capable d'en assurer la sécurité absolue.

Les craintes ont également été soulevées concernant la prolifération nucléaire en raison de l'existence d'un réseau de contrebande internationale des technologies et des matières nucléaires avec la participation active d'individus, de groupes voire de gouvernements. Par exemple, Abdul Qadeer Khan, scientifique nucléaire pakistanais, a été maintenu en détention à domicile en raison de son implication dans la prolifération des armes nucléaires.

Il y a quelques années, un ancien officier militaire myanmarais a révélé que son pays était en train de développer des armes nucléaires avec l'aide de la Corée du Nord. Et si cette information n'est pas fiable, elle a tout de même suscité de profondes inquiétudes au sein de la communauté internationale.

Les essais nucléaires sont une autre préoccupation. Plusieurs pays insistent sur le développement des armes nucléaires et la réalisation d'essais nucléaires en violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et du Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires. L'Inde et le Pakistan ont respectivement pratiqué cinq et six essais nucléaires en mai 1998. La Corée du Nord s'est proclamée Etat nucléaire après avoir effectué deux tests en octobre 2006 et mai 2009.

Plus inquiétant encore, la Corée du Nord a effectué des essais nucléaires dans des zones peuplées. Si les essais devenaient incontrôlables, la péninsule coréenne serait contaminée, condamnant le peuple coréen, et menaçant ses pays voisins, en particulier la Chine.

Coopération internationale sur la sécurité nucléaire

Il existe un sens commun en matière de sécurité nucléaire: Les accidents nucléaires affectent l'humanité entière, et ne s'arrêtent pas aux frontières. Donc, la souveraineté nationale doit avoir ses limites en cette matière.

De nos jours, nous devons accorder une plus grande importance aux intérêts économiques et politiques en matière d'utilisation des énergies nucléaires, parce que ceux-ci ne comportent que des intérêts à court terme. En revanche, la poursuite de la sécurité nucléaire et environnementale demeure une priorité, car elle concerne l'existence de la nation et du pays. Aucun pays, malgré l'utilisation légitime de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, ne devrait obliger tous autres pays à supporter les risques nucléaires.

Lorsque les activités liées à la sécurité nucléaire d'un pays sont susceptibles de poser des menaces à la sécurité de l'environnement, les autres pays ont le droit de faire des propositions, des appels à la négociation, voire demander l'intervention du Conseil de sécurité de l'ONU.

Pour sauvegarder les intérêts communs de l'humanité, les pays devraient intensifier la coopération sur l'établissement d'un système international sur la sécurité nucléaire dans le cadre des Nations unies. Il y a quelques étapes à suivre :

Tout d'abord, établir un système de communication. Ce système exige des pays qui connaissent un accident nucléaire qu'ils signalent rapidement, précisément et de manière adéquate tout progrès dans le traitement de l'accident à ses pays voisins, afin qu'ils puissent prendre des mesures pour réduire les dommages et éviter l'escalade de la catastrophe.

Deuxièmement, face à une catastrophe nucléaire, tous les pays devraient s'entraider et se soutenir. Si un accident survient dans un pays, les autres devraient fournir des aides techniques et matérielles aux pays sinistrés. Quand la crise est maîtrisable, il faut envoyer des experts pour mener des recherches, identifier les causes et trouver des solutions.

Troisièmement, établir un mécanisme international d'alerte sur les catastrophes nucléaires sous la direction de l'ONU. L'ONU devrait créer une agence spéciale chargée de la surveillance des accidents nucléaires et de la présentation de rapports. Des équipes de professionnels spécialisés devraient être mises en place, des technologies et équipements devraient être prêts pour les appels d'urgence.

Quatrièmement, la communauté internationale devrait s'engager dans une coopération étendue sur l'utilisation de l'énergie nucléaire en toute sécurité à des fins pacifiques dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il faut établir un marché de technologies nucléaires pour favoriser le partage des technologies à des fins pacifiques. Ceux qui ne respectent pas le traité susmentionné n'ont pas accès au partage des technologies nucléaires.

Cinquièmement, sous l'administration de l'ONU, il faut établir un organisme destiné à gérer les technologies, les matériaux et les équipements nucléaires. Cette agence devrait se charger de la production, des ventes, de la supervision, des services techniques, de la récupération et du traitement postérieur, comme les barres de combustible nécessaire aux réacteurs nucléaires. De cette façon, il contribuera à réduire la fréquence des accidents nucléaires liés aux technologies obsolètes, et à empêcher les tentatives de certains pays de développer des armes nucléaires en prétendant utiliser le nucléaire à des fins pacifiques.

Sixièmement, mettre en place un système de contrôle et de sanction international plus strict. Pour protéger les intérêts communs de l'humanité, le Conseil de sécurité devrait punir les pays qui violent les règlements en matière de gestion de la sécurité nucléaire.

 

* L'auteur est professeur à l'Institut d'études stratégiques internationales de l'Ecole centrale du Parti

 

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