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Publié le 15/06/2011
Li Chunyan, rayon de soleil sur un village miao

Jin Duoyou

 

 
 Li Chunyan interviewée par Jin Duoyou

Au fond des montagnes du Sud-ouest, vit une membre du Parti communiste chinois (PCC), qui s'occupe de soigner tous les 2 500 résidents du village. Recevant un salaire de misère - 200 yuans ! - elle a déboursé plusieurs milliers de yuans pour venir en aide aux pauvres malades. Depuis onze ans, à force de persévérance et de sincérité, elle a su gagner la confiance des habitants, et a touché toute la société. Et malgré les honneurs et les aides financières qu'elle reçoit quotidiennement, elle a su rester la même.

Cette femme, c'est Li Chunyan. Elle est le médecin du village de Datang, district de Congjiang, préfecture de Qiandongnan, dans la province du Guizhou. En mars 2005, Li a adhéré au Parti.

 

Fille d'une grande famille de médecins

Le village de Datang se trouve à 270 km de Kaili, chef-lieu de la préfecture de Qiandongnan. En traversant ce village typique miao, on peut apercevoir des femmes en costume traditionnel, et des bâtiments miao érigés le long de la route du village. La vie de ces 500 familles repose principalement sur la culture des champs, et les salaires des jeunes qui travaillent dans les régions urbaines.

En 1996, Li Chunyan, alors âgée de 19 ans, termine ses études de premier cycle de l'école secondaire. Amoureuse des enfants, elle décide de s'investir dans l'éducation préscolaire. Mais lorsqu'elle en formule la demande, la réponse de son professeur est claire : « Ton père m'a fait savoir que tu devais apprendre la médecine ».

Li Hanming était directeur de l'hôpital du comté de Yongli. La jeune fille n'a donc pas eu le choix : elle a passé l'examen d'entrée à l'école de soins médicaux. Mais la concurrence est rude, dans cette région où il n'existe que deux écoles du genre. En 1996, Li Chunyan échoue de deux points à l'examen. Un an plus tard, nouveau refus. Heureuse coïncidence, la fondation Amity lance à la même époque un projet de formation des médecins de village, La jeune Li s'inscrit et est admise. Grâce à cet organisme, de 1997 à 2000, Li étudie à l'école de Liping.

Diplômée en 2000, Li Chunyan déménage à Datang avec son époux, Meng Fanbin. Le jour de son mariage, son père lui avait glissé à l'oreille : « Tu es la seule médecin du village. Qu'importe les difficultés, tu n'as pas le droit de partir. Soigne les paysans, soigne-les jour et nuit !»

Difficultés financières

Meng Fanbin et Li Chunyan ont fréquenté les mêmes bancs à l'école. Mais faute d'argent, il a été contraint d'abandonner ses études après le premier cycle de l'école secondaire. Quand il l'a demandée en mariage, Li Chunyan n'a posé qu'une condition : qu'il l'aide à monter une infirmerie à Datang.

Les parents de Meng n'ont pas hésité une seconde, et ont fourni un apport de 2 000 yuans. Une table, un lit, une caisse de médicaments et un panier délabré utilisé comme cantine médicale... L'infirmerie fut ouverte.

Au début, les locaux n'avaient pas confiance, car Li est issue d'une famille han. Dans cette région, on préfère généralement les sorciers aux médecins.

A l'été 2001, un homme, M. Wang, fait un coma éthylique. Le sorcier le soigne, mais rien n'y fait, l'homme ne se réveille pas. Alors que tout le monde le croit mort, et que l'on prépare déjà l'enterrement, un jeune propose d'aller chercher Li Chunyan. Grâce à ses soins, Wang ouvre les yeux, victoire ! Cette résurrection se répand dans les rues du village comme un traînée de poudre. Désormais, on viendra même des villages voisins pour consulter Li.

Meng Fanbin a l'esprit d'entreprise. Il a acheté un camion grâce à un emprunt de 50 000 yuans, et effectue des livraisons. Et quand il rentre le soir, il donne sa recette, mille à deux mille yuans, à sa femme. Le jour suivant, la jeune femme court acheter des médicaments, tout en gardant de quoi subvenir aux besoins de la famille. Fin 2003, après avoir vendu le dernier bœuf de son beau-père, Li Chunyan a même vendu ses bijoux de mariage, offerts par sa belle-mère.

Malgré un travail acharné, cette pauvre famille s'est endettée de plusieurs milliers de yuans. En 2004, convaincue par son mari, Li décide de trouver un emploi dans une grande ville. Avant de partir, elle laisse un mot sur le tableau noir de l'infirmerie :« Je pars travailler à la ville, merci de régler mes honoraires. Mais si vous ne pouvez pas, aucune importance : vous me paierez plus tard ». A la veille de son départ, les paysans sont venus chez elle, et ont payé le médecin comme ils pouvaient : de la petite monnaie, des œufs, du riz et de la farine. Une femme, inquiète, a demandé à Li : « Mais si mon enfant tombe malade en pleine nuit, comment je fais, moi ? »

Finalement, Li Chunyan a décidé de rester à Datang.

Des changements progressifs

En octobre 2004, Li Chunyan tente de porter secours à un enfant prématuré. Le bébé n'a pas survécu, mais un étudiant qui travaille comme volontaire dans le village a filmé l'opération, et l'a mise en ligne. En 2005, Li Chunyan est sélectionnée parmi les « dix personnes les plus touchantes de Chine ».

L'acharnement de Li a payé. Le 15 janvier 2006, sa nouvelle infirmerie flambant neuf ouvre à Datang, grâce au soutien de la Croix-Rouge chinoise et de la Fondation Harmonie Naturelle de Hong Kong. Ce bâtiment de deux étages est équipé de chambres individuelles, de cabinets de consultation, d'une salle d'opération, ainsi que d'équipements médicaux modernes, comme un scanner.

Les soucis financiers se sont également envolés : le district de Congjiang applique depuis 2007 le nouveau régime de mutuelle médicale rurale. L'infirmerie de Li fait partie des organismes médicaux de coopération. Ainsi, 80 % des frais de traitement et des médicaments sont remboursés par les assurances. Les paysans n'ont plus qu'une petite somme à débourser.

En dix ans, Li a pu constater une évolution au sein de la population locale. Auparavant, elle était rejetée lorsqu'elle tentait de vacciner les enfants. Les parents allaient jusqu'à cacher leurs enfants lorsque le médecin frappait chez eux. « Ces derniers années, tous les parents m'amènent leurs enfants dès que l'annonce a été faite », a indiqué Li Chunyan.

Des nouvelles fonctions

En 2007, Li Chunyan a été élu députée de l'Assemblé populaire provinciale. A l'exception des conférences importantes, elle passe la plupart de son temps à l'infirmerie. « Aujourd'hui, j'ai plus de pression, car beaucoup de gens prêtent une grande attention au travail sanitaire dans les régions éloignées. Je ne peux donc pas les décevoir », a-t-elle précisé.

La première proposition du député Li Chunyan se concentre sur le nouveau régime de mutuelle médicale rurale. Selon les règlements, seuls les hôpitaux se trouvant au moins au niveau du district sont inscrits dans le cadre du nouveau régime médical. A Congjiang, l'infirmerie de Li Chunyan est la seule exception. Mais souvent, les paysans ne souhaitent qu'acheter des médicaments ou faire une piqûre. Et s'il faut aller à l'hôpital du district pour se faire rembourser, ce n'est pas pratique du tout.

En 2011, Li Chunyan a suggéré d'améliorer les revenus des médecins de campagne, fixé aujourd'hui à 200 yuans, dont 100 yuans sont financés par le district mais sont souvent difficiles à percevoir. Dans la province du Guizhou, plus de dix milles médecins de campagne, malgré de faibles revenus et une vie modeste, s'occupent d'une grande population rurale. Li Chunyan, par exemple, doit soigner les malades, prescrire les remèdes, et également s'occuper des travaux de services publics médicaux, comme la prévention des maladies, l'hygiène, la vaccination, l'éducation à la santé, etc..

Selon elle, si le gouvernement provincial débloque une subvention mensuelle de 1 000 yuans pour chaque médecin de campagne, ils pourront alors se consacrer entièrement à leur vocation le cœur léger. De plus, Li a proposé de profiter des ressources humaines et des équipements des écoles, afin de construire une base de formation continue pour les médecins de campagne.

 

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