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Publié le 09/04/2011
Comme un parfum Tang sur les marchés de Xi’an

Zan Jifang

Jeudi, vers midi, une foule compacte se rue vers la foire folklorique qui se tient au Marché ouest des Tang, nouvel ensemble architectural situé à Xi'an, capitale de la province du Shaanxi. Nous sommes le 17 février : on fête les lanternes, qui marquent le dernier jour du calendrier lunaire ; autant dire que la foire affiche complet.

Tradition oblige, à la Fête du printemps, les Chinois s'empressent de visiter les foires. Et le Marché ouest des Tang a accueilli pas moins de 100 000 visiteurs en deux semaines. En se baladant entre les lanternes et les décorations, les touristes, plongés dans la tradition des festivals, goûtent les spécialités culinaires de la région.

« C'est vraiment une foire incroyable ! Elle anime nos vacances, et les rend plus intéressantes, a expliqué Hang Zhijie. Les sculptures en sucre, le théâtre d'ombres chinoises, et les acrobates sur leurs échasses nous évoquent la culture traditionnelle. »

Monsieur Hang n'est pas une exception : à Xi'an, ils sont nombreux à se ruer au Marché ouest des Tang. Pour la foire bien sûr, mais surtout pour voyager dans le temps et vivre à la mode des Tang le temps d'un après-midi.

Prospérité au temps jadis

L'immense complexe architectural (plus de 33 hectares !) a été bâti à l'emplacement originel du marché ouest de Chang'an, capitale du royaume des Tang, l'actuelle Xi'an. Symbole de la prospérité de la grande dynastie, il y a 1 300 ans, la foire était trois fois plus grande que sa réplique actuelle, et était considérée comme l'une des meilleures foires de l'époque.

Chang'an comptait deux marchés, à l'est et à l'ouest de la ville. Celui de l'est était destiné à l'approvisionnement des membres de la famille royale ainsi que de la noblesse. L'autre marché était plus populaire et folklorique.

La Chine des Tang constituait le pays le plus prospère de la planète. A l'époque, Chang'an comptait plus d'un million d'habitants, soit le dixième de la population mondiale. En tant que centre politique, économique et culturel, cette capitale a accueilli de nombreux étrangers venus des pays jalonnant la Route de la soie. Chargés de bijoux, de soie, de thé, de parfum ou de produits médicinaux, les commerçants étrangers venaient écouler leurs marchandises sur le Marché ouest des Tang, entraînant l'essor de cette place commerciale.

Hormis les comptoirs réservés aux commerçants chinois et étrangers, le Marché ouest des Tang abritait également des restaurants, des bars, des hôtels ou encore des banques.

Outre son important rôle commercial, la Route de la soie est devenue un axe majeur de transmissions des idées et des arts, permettant aux cultures d'Orient et d'Occident de dialoguer. En effet, sous les Tang, Chang'an vibrait au rythme de la musique occidentale, et il n'était pas rare d'y croiser des Chinois habillés avec des vêtements étrangers, et des étrangers en costume Tang !

Ouverte sous la dynastie des Han de l'ouest (202-9 avant J.C.), la Route de la soie a connu son plein essor économique et culturel sous les Tang. Chang'an était donc le point de départ de cette voie commerciale, et le Marché ouest des Tang, l'un des principaux centres commerciaux à l'échelon mondial.

En 2006, le Bureau national d'administration du patrimoine culturel a attribué au Marché ouest des Tang le titre de vestige représentatif de la Route de la soie sous les dynasties Sui (581-618) et Tang. Récemment, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan ont conjointement demandé à l'UNESCO d'inscrire le marché ainsi que d'autres vestiges sur la liste du patrimoine culturel mondial.

Protection des vestiges culturels

La Chine a entamé deux chantiers de recherche archéologique sur le site du marché dans les années 1950 et 1960. Mais les technologies de l'époque n'ont pas permis de réaliser des recherches profondes.

En 2006, un groupe d'experts dirigé par An Jiayao, archéologue à l'Institut de recherche sur l'archéologie de l'Académie des Sciences sociales de Chine, y a effectué de nouvelles études, commanditées par une entreprise immobilière privée. En trois mois, les archéologues ont mis à jour de nombreux objets anciens de la dynastie Tang, comme un pont en pierre, un tunnel, des traces de wagons, des outils et des pièces.

Afin de protéger les vestiges du Marché ouest, le promoteur, le groupe Tang King Market, a abandonné son projet de centre commercial de 50 000 m², et investi 320 millions de yuans dans la construction d'un musée destiné à la protection des vestiges.

Lü Jianzhong, PDG de Tang King Market, a assuré dans un entretien accordé à Beijing Information que protéger l'héritage culturel était maintes fois plus important que de construire des logements commerciaux.

Tang King Market fait figure de précurseur : c'est la première société privée qui investit dans la protection de vestiges en Chine. Jusqu'à présent, cette activité, non rentable pour les entreprises, était assurée par le gouvernement exclusivement.

Le « Musée du marché ouest des Tang » couvre une superficie d'un hectare. Sollicités par Tang King Market, des archéologues s'occupent de la supervision et prodiguent leurs conseils en matière de protection des vestiges, des préparatifs de l'exposition, des recherches archéologiques et du fonctionnement général du musée.

« Nos travaux de protection sont totalement conformes aux niveaux nationaux, et nous avons embauché des spécialistes du domaine », a fait savoir Wang Bin, directeur du Musée du marché ouest des Tang et ex-directeur adjoint du Musée d'histoire provincial du Shann'xi.

« Notre collection compte plus de 20 000 objets, dont la plupart a été trouvée à l'emplacement originel du marché. Ces biens publics ont été inscrits et classés parmi les vestiges protégés au niveau national. Nous ne faisons que les exposer », a-t-il expliqué.

Ce musée revêt les habits originels du marché ouest des Tang. A travers le sol en verre, les visiteurs peuvent aperçevoir les traces des wagons, les tunnels et le pont en pierre.

Hormis ces objets anciens, le musée abrite également des collections privées, destinées à illustrer l'histoire, et l'atmosphère humaine et sociale de l'ancienne ville de Xi'an.

Depuis son ouverture officielle le 7 avril 2010, le musée accueille déjà 1 800 visiteurs par jour, une prouesse pour un musée privé, selon Wang Bin.

Reprise et développement

Pour une entreprise privée ou un particulier, créer un musée relève du parcours du combattant. Avec pour ambition de faire revivre la prospérité du marché ouest des Tang, Lü Jianzhong, après avoir convaincu deux partenaires, a annulé le projet de construction d'un immeuble à proximité de ce quartier en leur donnant une double récompense.

Le projet du marché ouest des Tang, dans lequel 4,5 milliards de yuans ont été investis, a été officiellement inauguré en 2005, sur le site originel de l'époque Tang. Hormis le musée, l'ensemble architectural est composé d'une salle d'exposition, d'un centre de représentation, d'un centre d'objets antiques, d'un centre d'exposition du patrimoine non-matériel du Shaanxi, d'un grand magasin, d'un salon d'affaires et d'une rue piétonne de style étranger le long de laquelle sont exposés des objets d'art et des marchandises des pays bordant la Route de la soie.

« La plupart des bâtiments de l'ensemble architectural ont été ouverts au public. La rue est en construction », a précisé Lü Jianzhong.

Toujours d'après lui, cette rue permettra au public chinois d'admirer les quintessences culturelles des pays voisins, sans avoir à s'y rendre.

« Nous invitons les étrangers à ouvrir des magasins typiques de leurs pays dans cette rue. Parallèlement, nous espérons que les étrangers seront toujours plus nombreux à se rendre à Xi'an, afin de mieux connaître cette ville et d'y investir », a expliqué M. Lü. « Il faut faire revivre les échanges commerciaux et culturels entre la Chine et ses voisins et réanimer la prospérité d'antan », a-t-il conclu.

 

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