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Publié le 23/03/2011
Etats-Unis, promoteur du nouveau START

Luo Hui & Wu Ganxiang

(Luo Hui est ingénieur à l'Institut de recherche sur les technologies des fusées porteuses et Wu Ganxiang, chercheur au sein de ce même institut)

 

Retour sur Terre de l'engin américain le X37B le 3 décembre 2010 

Le 8 avril 2010, la Russie et les Etats-Unis ont signé le nouveau Traité de réduction des armes stratégiques (Nouveau START) afin de remplacer le traité de réduction et de limitation des armements stratégiques offensifs (START I), expiré le 5 décembre 2009.

Selon ce nouveau document, les deux pays doivent respectivement réduire le nombre maximal de leurs ogives nucléaires à 1 550 dans les sept prochaines années, soit une réduction d'un tiers du total.

Ce nouveau traité a ensuite été approuvé par le Congrès américain et signé par le président américain Barack Obama.

Le 5 février 2011 à Munich, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et son homologue russe, Sergueï Lavrov, ont échangé les documents d'approbation, marquant la mise en vigueur officielle du nouveau START.

Les négociations ont été laborieuses, en raison des intérêts contradictoires des deux premiers pays nucléarisés. Dès 2005, la Russie a proposé de signer avec les Américains un traité de substitution après l'expiration du START I. Cependant, les Etats-Unis ont montré peu d'intérêt, en suggérant de ne conserver que le protocole sur le problème d'inspection et de vérification - annexes de START I – afin de surveiller l'état d'application du Traité de Moscou (SORT) signé en 2002. Quant à la partie russe, elle a insisté sur le nombre maximal d'ogives nucléaires, et les règles de définition du nombre des missiles stratégiques, faute de quoi l'inspection n'aurait aucun sens. Les deux pays ont alors engagé plusieurs négociations en vue de l'élaboration du nouveau traité, mais toutes les tentatives ont échoué. Pire même, l'ancien président américain George W. Bush a continué le déploiement d'un système de défense antimissile en Europe, détériorant les relations entre les deux géants.

Après son élection, Barack Obama a prononcé en avril 2009 un discours à Prague sur l'établissement d'un monde sans arme nucléaire. Le président américain a également annoncé un déploiement étape par étape du bouclier américain en Europe, ce qui a dissipé dans une certaine mesure le mécontentement de Moscou. Dans ce contexte, les négociations ont pu être relancées.

Une question se poste alors : pourquoi les Etats-Unis ont-ils abandonné l'unilatéralisme de l'ère Bush, et s'engagent activement pour la signature du nouveau START ?

L'intention stratégique américaine se base sur les facteurs suivants :

Premièrement, cette décision est adaptée à l'environnement international.

La crise financière mondiale a durement frappé l'économie américaine. Et la politique de Bush a terni l'image américaine, entraînant l'affaiblissement de son influence. Après la désagrégation de l'URSS en 1991, et avec le redressement de plusieurs économies émergentes, le monde jusqu'alors bipolaire évolue aujourd'hui vers la multipolarité. Dans l'optique de restaurer le pouvoir dirigeant américain au sujet de la réduction des armées, Washington doit montrer des signes positifs. Ainsi en va-t-il de la signature de ce nouveau START.

Deuxièmement, la réduction des armements n'est qu'une opération comptable pour les Etats-Unis.

Bien que le nouveau START exige la réduction d'un tiers des ogives nucléaires, ce chiffre est lié aux nouvelles règles de calcul. Par exemple, selon le nouveau START, un bombardier stratégique compte comme une ogive. Mais en réalité, il peut en transporter jusqu'à vingt. En outre, les ogives retirées ne seront pas détruites, mais stockées, les États-Unis se réservant le droit de les utiliser.

Troisièmement, l'objectif fondamental des Etats-Unis est de faire avancer son programme de défense antimissile.

Le nouveau START n'aborde pas le programme de défense antimissile. Dans ce contexte, les Etats-Unis peuvent continuer à développer leur force de défense stratégique, tout en maintenant un nombre similaire d'armes stratégiques offensives comme la Russie. Les États-Unis espèrent contrer la force nucléaire russe grâce à leur système de défense antimissile, afin de maintenir leur supériorité nucléaire. Par ailleurs, Washington pourra continuer à infléchir la position russe quant à l'installation de son système de défense antimissile en Europe. Les Etats-Unis pourront progressivement entourer le territoire russe avec ce système. A terme, si la Russie lançait un missile contre les Etat-Unis, il serait immédiatement détruit sur son propre territoire.

Quatrièmement, la vérification est le moyen le plus efficace.

Le mécanisme de vérification du nouveau START, bien que moins complexe, constitue une surveillance sur place. Ainsi, les Etats-Unis peuvent connaître l'état de développement et de déploiement des armes nucléaires de son rival, et peuvent assurer la sécurité absolue de leur pays. Avant la ratification du nouveau START par le Congrès américain, de nombreux experts américains ont fait remarquer que le pays perdait la connaissance de la force nucléaire stratégique russe en raison de l'expiration de START I, ce qui menacerait sa sécurité.

Mais en fait, le nouveau mécanisme de vérification, moins complexe que le précédent, est plus économe et efficace. Après plusieurs années d'inspection, les Etats-Unis ont une bonne photographie de la force nucléaire stratégique russe. Grâce à leurs satellites d'espionnage avancés, le mécanisme de vérification devient superflu. En outre, la Russie n'a pas l'intention de déclencher une guerre nucléaire car sa puissance économique, militaire et technologique est fortement inférieure à celles des États-Unis. Une fois que la Russie aura modifié sa disposition stratégique, les Etats-Unis pourront disposer de manière rapide et efficace leurs forces nucléaires stratégiques retirées, s'ajoutant à leurs forces permanentes, qui excellent tant en offensive qu'en défensive.

Cinquièmement, Washington vise, en fin de compte, à conserver sa supériorité stratégique.

En réalité, Washington ne cesse de développer ses forces dissuasives conventionnelles de précision et à grande portée, en même temps qu'il développe son programme de défense antimissile. Par exemple, de nombreux experts militaires estiment que le X-37B, premier véhicule spatial mobile américain, qui avait effectué son vol d'essai en 2010, dispose d'un usage militaire potentiel. Ce véhicule spatial est en fait un prototype du chasseur spatial du futur, car il est capable d'inspecter et capter des satellites en orbite. En outre, il peut lancer des attaques vers la Terre. De plus, les États-Unis mettent en œuvre des programmes de missiles de croisière hypersoniques, comme le programme Arc Light. De cette façon, les Américains peuvent consolider leur supériorité nucléaire. En fait, la Russie n'est pas dupe, mais faute d'un soutien financier solide et stable, elle n'a pas d'autre choix que de déclarer : « Nous nous retirerons du nouveau START si la partie américaine déploie unilatéralement un système anti-missile ou d'autres armes classiques qui menacent la sécurité russe. »

 

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