Essor de l'économie privée ces cinq dernières années |
Lan Xinzhen
Depuis 2005, l'Académie des Sciences sociales de Chine tient chaque année une conférence de presse sur le développement de l'économie privée. Lors de la 7e session organisée le 18 janvier dernier, le président de la Fédération nationale de l'Industrie et du Commerce, Huang Mengfu, a révélé qu'à la fin de 2010, les investissements privés avaient dépassé les 30 % dans neuf des 19 secteurs de l'économie chinoise. Dans des secteurs longtemps chasse gardée des capitaux publics comme la finance et l'industrie de l'armement, et des secteurs high-tech comme l'informatique et les télécommunications, le privé fait une percée plus que significative. Le chemin parcouru Selon un rapport de l'Académie des Sciences sociales, plus de 8,4 millions d'entreprises privées ont été enregistrées au cours des cinq dernières années, en hausse de 14,3 % par an. Représentant 74 % du total des entreprises, le privé est devenu le plus grand groupe économique du pays, avec une augmentation annuelle de 20,1 % des capitaux de départ, dont le montant total a dépassé les 19 billions de yuans. Grand bénéficiaire du développement du privé, le marché de l'emploi. Fin 2010, les entreprises n'embauchaient pas moins de 180 millions de personnes, 60 millions de plus par rapport à 2005, et une augmentation annuelle de 9 %. Rationalisant davantage la gestion de l'entreprise et renforçant la formation des employés, les grandes et moyennes entreprises jouissent désormais d'un personnel qualifié, et attirent les meilleurs talents. Quant aux petites entreprises, elles ont contribué à la protection et l'amélioration des moyens d'existence du peuple, en stimulant l'emploi dans un esprit créatif. « Malgré le bouleversement lié à la crise financière en 2008, les entreprises privées ont tout fait pour sauvegarder les droits et intérêts des employés. Evitant la compression des effectifs ainsi que le non-paiement des salaires, le privé a su protéger ses employés, a travaillé main dans la main avec le gouvernement pour surmonter la crise, et a ainsi contribué au maintien de la stabilité sociale et à la promotion du développement harmonieux. « Au cours des cinq dernières années, les entreprises privées ont accéléré leur internationalisation, avec des épisodes connus, par exemple, le rachat des activités PC d'IBM par Lenovo, ou celui de Volvo par Geely », a indiqué Huang Mengfu. « Ce courage d'acheter de célèbres marques prouve leur volonté et leur capacité à s'internationaliser », a-t-il conclu. D'après le rapport de l'Académie des Sciences sociales, quantité d'entreprises privées veulent saisir les opportunités, se conforment à la tendance de mondialisation économique, et entrent activement sur le marché international. Hormis les régions sous-développées telles que l'Afrique et l'Amérique latine, elles invertissent massivement sur la planète, tirant profit des ressources du marché intérieur et extérieur. L'économie privée est devenue un moteur d'innovation indépendante et de transformation et progrès économiques. Dans les industries naissantes stratégiques et les secteurs des hautes technologies, comme la biomédecine, les énergies nouvelles, ou encore l'informatique nouvelle génération, les entreprises privées sont bien plus nombreuses que celles d'Etat. « De nombreux fondateurs de petites et moyennes entreprises travaillaient dans le secteur des sciences et technologies. En devenant des dirigeants d'entreprises, ils créent de la valeur en réalisant leur potentiel individuel », a analysé Huang Mengfu. Soutien du gouvernement Selon le directeur des Petites et moyennes entreprises du Ministère de l'Industrie et de l'Information, Zheng Xin, le développement des entreprises privées ne se fait pas sans soutien gouvernemental. En effet, l'essor de l'économie privée au cours de ces cinq dernières années résulte tout d'abord de l'amélioration de l'environnement politique du pays. Le gouvernement chinois a mis en application en 2003 la Loi sur la promotion des petites et moyennes entreprises, et a publié en 2005 Des idées sur l'encouragement et la direction de l'économie non publique. En 2009, il a encore publié Des idées sur une plus rapide accélération du développement des petites et moyennes entreprises, et en 2010 Des idées sur l'encouragement et la direction du développement sain des investissements non gouvernementaux, considérant l'amélioration et la promotion du système économique non public et des petites et moyennes entreprises comme une réforme importante. « Avec l'application de ces mesures, l'économie non publique et les principales petites et moyennes entreprises se sont rapidement développées », a dit Zheng Xin. D'après lui, l'accès libre au marché ces cinq dernières années a provoqué l'essor de l'économie privée. Le gouvernement central a publié une série de politiques et mesures pour pousser l'économie non publique à investir des secteurs jusqu'alors monopolisés par l'Etat : chemin de fer, industrie de l'armement, aviation civile, télécommunications, finance, culture, infrastructures urbaines, etc. L'économie privée est entrée dans presque tous les secteurs. Les difficultés de financement constituent le problème numéro 1 du développement des entreprises privées. Pour y remédier, la Banque populaire de Chine (banque centrale) encourage et soutient activement la participation des investissements privés à la création d'organisations financières de nouvelle modèle liées au micro crédit dans les bourgs et les villages, augmentant les canaux de crédit des entreprises privées. Dans le même temps, la banque centrale demande aux diverses banques commerciales de faire en sorte que le taux de croissance du crédit aux petites et moyennes entreprises ne soit pas inférieur à celui du total du crédit, et que l'augmentation du montant ne soit pas inférieure à celle de l'année précédente. En outre, la Commission de contrôle boursier de Chine a crée les marchés des PME et des start-up, fournissant à ces entreprises une plate-forme de financement. « Au cours des cinq dernières années, le gouvernement a accordé un plus grand soutient financier à l'économie privée. En 2010, la finance centrale lui a affecté 12,3 milliards de yuans, 2,7 milliards de plus qu'en 2009, pour la transformation des technologies, la mise à niveau des produits, l'économie d'énergie et la réduction des émissions, l'innovation, l'exploitation des marchés, l'amélioration des services, entre autres », a expliqué Zheng Xin. Enfin, les impôts sur les sociétés sont allégés pour les entreprises de petite taille et peu rentables. 2011-2015, une période charnière « Les cinq ans à venir seront une période clé pour le développement de l'économie privée chinoise », a remarqué Huang Mengfu. « Pour stimuler l'économie, certains pays développés ont adopté une politique monétaire d'assouplissement quantitatif, ce qui déstabilisera encore pour une longue période le taux de change et la fluctuation des prix des marchandises en gros. D'autres pourraient poursuivre une politique protectionniste en ce qui concerne le commerce, l'investissement et la finance, et adopter des mesures d'anti-dumping et d'anti-subvention, ce qui handicapera la production et la gestion des entreprises privées chinoises, en particulier celles qui s'appuient sur l'exportation », a-t-il expliqué. Par ailleurs, certains pays développés ont adopté de nombreuses mesures de restrictions concernant les investissements, les fusions et acquisitions dans les grands pays en développement, en bloquant et en limitant les achats de technologies et d'équipements avancés de certains pays émergents ou en développement, ce qui fera barrière à l'internationalisation des entreprises privées chinoises, leur réajustement structurel et leur transformation. Sur le marché intérieur, l'augmentation durable des prix des matières premières et l'élévation considérable du coût de la main-d'œuvre aggravent les charges des entreprises, d'autant plus que les problèmes de pénurie d'employés qualifiés, d'impôts écrasants, et les difficultés de financement ne sont pas encore résolus. « Pendant le réajustement de la structure économique, le gouvernement contrôlera le développement et l'expansion de certains secteurs, et éliminera considérablement les capacités de production sous-développées, ce qui stimulera les fusions-acquisitions, et fera pression sur les petites entreprises dont les technologies sont sous-développées », a analysé Huang Mengfu. Avec le développement de l'économie verte et la diffusion des techniques bas carbone, les entreprises privées qui ne joueront pas le jeu des économies d'énergie et de la réduction des émissions seront pénalisées.
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