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Publié le 22/02/2011
Perspective de la réforme du Conseil de sécurité

Chen Xulong

Institut chinois d'études internationales

 联合国安全理事会

Salle de réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. 

Inde, Afrique du Sud, Allemagne, Portugal et Colombie, en 2011, le Conseil de sécurité de l'ONU a accueilli cinq nouveaux membres non permanents. Avec les cinq anciens membres non permanents - Brésil, Bosnie-Herzégovine, Gabon, Liban et Nigéria - ainsi que les cinq membres permanents - Etats-Unis, Chine, Russie, Angleterre et France – c'est un nouveau Conseil de sécurité (CS) qui se présente actuellement au monde entier, suscitant la plus grande attention publique.

Avec cette dernière réforme, tous les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) – représentants des pays émergents - sont devenus membres, manifestant l'influence grandissante des économies naissantes. Par ailleurs, l'entrée du Portugal et de l'Allemagne permettra d'intensifier la voix de l'Europe en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale.

Effets du nouveau Conseil de sécurité

Comme les nouveaux membres convoitent un siège permanent, ils feront plusieurs démarches pour parvenir à leur but : ils profiteront du CS comme une plate-forme importante pour inciter ladite réforme, se rapprocheront des membres permanents en renforçant le dialogue et la coopération et gagneront une plus grande confiance de la part de la communauté internationale en assumant leurs responsabilités en termes de maintien de la paix et de la sécurité mondiales.

La nouvelle composition du Conseil de sécurité a renforcé le G4 (Brésil, Allemagne, Inde et Japon) et leurs partisans, et affaibli dans une certaine mesure la puissance du mouvement Uniting for Consensus (UfC) qui comprend entre autres l'Italie, le Pakistan, le Mexique et la Corée du Sud.

Les États-Unis soutiennent les candidatures du Japon et de l'Inde au Conseil de sécurité, ce qui met les modérés dans une situation plus difficile. La situation s'avère donc plus complexe.

En fait, le Conseil de sécurité n'est pas le lieu propice pour débattre de cette réforme. Car trop de discussion conduira inévitablement à des querelles et des conflits. Cela ne peut que faire empirer les choses.

Obstacles à la réforme

La réforme du Conseil de sécurité est une question extrêmement épineuse. Après cinq cycles de négociations intergouvernementales, les sujets substantiels commencent enfin à être évoqués. Cependant, les divergences sont encore dominantes, et les perspectives des discussions ne sont pas optimistes.

Dans les débats, la concurrence fait rage. L'augmentation du nombre des membres du Conseil de sécurité et la détention du droit de veto constituent les principaux enjeux de la réforme. Il s'agit de la redistribution du pouvoir au sein de l'organisation la plus prestigieuse du système politique international. Le résultat concerne donc le statut et la dignité des grands pays. En outre, des pays puissants comme les Etats-Unis utilisent cette réforme comme un outil de combat stratégique. Ce contexte fait de la réforme du Conseil de sécurité la question la plus épineuse.

La réforme du Conseil de sécurité est rendue plus compliquée par les contradictions structurelles du système international. Selon leurs points de vue, on peut diviser les pays en cinq groupes : les radicaux, les conservateurs, les modérés, les promoteurs et les centristes.

Jusqu'ici, les radicaux, composés de deux types de pays, sont les plus écoutés : les pays vaincus pendant la Seconde Guerre mondiale et les pays émergents. Les premiers, comme le Japon et l'Allemagne, espèrent réformer le système international actuel et se débarrasser de leur fardeau historique en devenant membres permanents du Conseil de sécurité. Les seconds, comme l'Inde et le Brésil, tablent sur un pouvoir politique plus puissant à travers l'obtention du statut de membre permanent du Conseil de sécurité. Ce camp est au cœur des litiges.

Bien que les cinq membres permanents, notamment la Grande-Bretagne et la France soutiennent la réforme, dans l'optique de préserver leurs intérêts, ils adoptent en fait une attitude prudente, voire conservatrice.

Les candidats faibles qui ne veulent pas voir leurs concurrents régionaux sortir vainqueurs ont formé le groupe Uniting for Consensus en adoptant une attitude modérée. Cette force contraint efficacement les radicaux.

Le groupe des promoteurs est composé d'organismes concernés des Nations unies et de certaines organisations non gouvernementales.

Certains petits et moyens pays, dont la compétitivité est faible, voire nulle, se comportent en centristes. Ils agissent selon la situation afin de maximiser leurs bénéfices. Bien que les pays africains aient adopté la position officielle de l'Union africaine, l'accord n'est pas parfait, ce qui complique encore la réforme.

Si toutes les parties ne parviennent pas à un accord sur les critères, le plan et la procédure de la réforme, aucun progrès substantiel ne sera réalisé. L'amendement de la Charte des Nations Unies demeure un problème important car elle précise la constitution et les fonctions du Conseil de sécurité. Pour lancer cette réforme, il faut tout d'abord modifier la Charte des Nations Unies. Selon le règlement de l'ONU, les modifications doivent être approuvées par au moins deux tiers des pays membres de l'Assemblée générale, et par tous les cinq membres permanents du Conseil de sécurité.

Bien que la constitution actuelle du conseil soit favorable à la réforme, il sera toujours difficile de faire une percée réelle. La clé réside dans l'élaboration d'un compromis acceptable pour toutes les parties, mais cela ne peut évidemment pas se faire du jour au lendemain.

Situation de la Chine

La Chine, grâce à la détention du droit de veto et à sa grande influence internationale, se trouve dans une situation favorable. Actuellement, nul ne peut ignorer l'opinion de ce grand pays émergent. La réforme sera favorable à la promotion d'un monde multipolaire, à l'équilibre de la force internationale, à la démocratisation des relations internationales et à la fondation d'un système international rationnel. Voilà le monde que la Chine souhaite voir émerger.

Après des confrontations musclées et des négociations pénibles, la Chine est désormais bien familière avec cette réforme. Elle a proposé des politiques rationnelles, prudentes et responsables. La Chine préconise une solution globale en donnant la priorité aux pays en développement, en particulier les pays africains. La Chine doit prendre en compte les intérêts de toutes les parties sur une base multilatérale.

La reconstitution du Conseil de sécurité a offert de nouvelles opportunités de coopération entre la Chine et les autres pays émergents. Quant à la réforme de cet organisme, la Chine insiste sur le soutien aux pays africains et à certains pays émergents afin qu'ils obtiennent des sièges permanents.

 

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