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Publié le 09/02/2011
Situation politique et sécurité internationale en 2010

Li  Qingyan (chercheur au département de recherche sur la stratégie internationale relevant de l'Institut d'études internationales de Chine)

Bien que la situation internationale apparaisse stable en 2010, les relations entre les grandes puissances ont encore connu de grands changements, sous l'influence de la crise financière internationale et du développement rapide des pays émergents. Dans cette époque d'après-crise, la situation politique internationale va vers un équilibre des puissances, la sécurité devient davantage pluraliste, et le réajustement de la structure internationale gagne en profondeur.

 1. Les Etats-Unis augmentent leurs investissements stratégiques vers l'Asie-Pacifique, en y renforçant leur disposition stratégique.

Avec l'élévation de la puissance globale, et le développement rapide de l'économie et des pays émergents en particulier, la position et le rôle de la région Asie-Pacifique ne cessent de prendre du poids. Cette région est une priorité du réajustement de la stratégie globale du gouvernement Obama. Les Etats-Unis augmentent leurs investissements stratégiques vers la région Asie-Pacifique, intervenant par les voies diplomatiques, militaires et économiques. En Asie du Nord-est, les Etats-Unis renforcent leurs relations avec le Japon et la Corée du sud, consolidant leurs alliances.

On compte en 2010 de nombreux hauts dirigeants américains qui se sont rendus au Japon, y compris le président Obama, pour restaurer les relations américo-joponaises dégradées par le différend de MCAS FUTENMA. Dans le même temps, le gouvernement de Naoto Kan a hissé le « drapeau diplomatique réaliste » basé sur les relations nippo-américaines, soutenant clairement l'intervention des Etats-Unis dans les affaires asiatiques. L'alliance américo-japonaise s'en trouve renforcée.

L'incident du Cheonan et le bombardement de Yeonpyeong ont promu les relations entre les USA et la Corée du sud. En outre, l'entretien sans précédent organisé le 21 juillet à Séoul entre le ministre sud-coréen des Affaires étrangères Yu Myung Hwan, le ministre sud-coréen de la Défense Kim Tae-young, le secrétaire d'Etat américain Hillary Clinton, et le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, a fortifié les relations entre les deux pays. A cette occasion les Etats-Unis ont élevé la fréquence et l'envergure des manœuvres militaires conjointes, en demandant la création d'une alliance triangulaire entre les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon, destinée à « lutter contre les menaces venant de la Corée du Nord ».

Les Etats-Unis s'approchent activement de l'ANASE (Association des nations de l'Asie du Sud-est), renforcent les relations de coopération avec cette entité, et forgent de nouvelles alliances avec des pays tels que l'Indonésie et le Vietnam. En tant que « grand pays permanent dans la région Asie-Pacifique », les Etats-Unis ont pénétré le Sommet d'Asie de l'Est, voulant jouer un « rôle dirigeant » en Asie. Les Etats-Unis ont élaboré le Lower Mekong Initiative, fournissant une aide de 150 millions de dollars à quatre pays : Cambodge, Laos, Vietnam et Thaïlande, en intervenant dans le différend autour des ressources hydrauliques du bassin du Mekong, à travers la fourniture d'assistance financière à la Mekong River Commission. En plus, les Etats-Unis ont participé, de façon prétentieuse, aux pourparlers sur l'Accord des partenaires économiques stratégiques trans-Pacifique (TPP), et stimulent activement l'augmentation des membres du TPP vers l'Asie de l'Est, considérant le TPP comme une plate-forme par laquelle ils dominent l'intégration économique de la région Asie-Pacifique.

En Asie du Sud, les Etats-Unis cherchent à se retirer d'Afghanistan, pacifient les relations avec le gouvernement Karzaï, renforcent la coopération dans la lutte contre le terrorisme avec le Pakistan, ainsi que leurs relations avec l'Inde. Les Etats-Unis s'efforcent de se décharger de la guerre contre le terrorisme en Afghanistan, mettent en œuvre une stratégie politique et militaire contre les Talibans, stimulent les négociations pacifiques avec le gouvernement Karzaï, afin de mettre fin à cette guerre le plus tôt possible par des moyens politiques. Par ailleurs, les Etats-Unis utilisent la carotte et le bâton pour pousser le Pakistan à élever le degré de sa lutte contre le terrorisme, et fortifient la coopération avec le Pakistan par le dialogue stratégique à l'échelon des ministres. Dans le même temps, les Etats-Unis améliorent leurs relations avec l'Inde. Lors de sa visite en Inde au mois de novembre 2010, le président Obama décrit les relations entre les deux pays comme un « partenariat stratégique global au 21e siècle », et exprime son soutien à l'accession de l'Inde à un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies.

 

2. La Russie réalise sa transformation, améliore ses relations avec l'Occident, et élève la position de l'Asie-Pacifique dans sa stratégie diplomatique.

Revenant et réfléchissant sur le passé, la Russie a reconnu les inconvénients et dangers d'un mode de développement s'appuyant sur les ressources. Elle a donc fixé le développement de l'économie de l'innovation, et la réalisation de la modernisation comme stratégie pour devenir une grande puissance. Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine ont annoncé ensemble la « stratégie moderne », soulignant qu'une politique extérieure réussie doit fournir un environnement extérieur favorable pour cette stratégie. La politique extérieure russe a connu deux changements d'importance : l'amélioration des relations avec l'Occident et l'élévation de la position de la région Asie-Pacifique dans la diplomatie russe.

Les relations russo-américaines ont considérablement changé. La Russie agit de concert avec les Etats-Unis sur la question iranienne, modifiant son point de vue auparavant immuable. Les pourparlers sur le désarmement nucléaire entre la Russie et les Etats-Unis ont obtenu de grands progrès, avec la signature d'un nouvel accord sur la réduction des armes nucléaires offensives. Par ailleurs, 2010 a marqué la fin des négociations entre Russie et Etats-Unis, qui auront duré 17 ans, sur l'adhésion du pays à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).

Les relations russo-européennes ont également été améliorées. Le Sommet Russie-UE au mois de juin 2010 a permis d'enclencher la « Proposition sur le partenariat moderne », dont le contenu clé réside dans le renforcement des coopérations économiques. La Russie consent à la coopération avec l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) sur le problème du développement du système anti-missile européen, et élève le degré de coopération avec l'OTAN sur la question afghane.

La Russie place pour la première fois l'Asie-Pacifique, carrefour des puissances émergentes, devant la Communauté des États indépendants(CEI) dans son arrangement diplomatique, fortifie le partenariat stratégique avec la Chine, réussit à entrer avec les Etats-Unis dans le Sommet de l'Asie de l'Est, et renforce ses relations avec ses partenaires traditionnels tels que l'Inde et le Vietnam. La Russie et l'Inde ont organisé conjointement des manœuvres militaires de grande envergure. La Russie et le Vietnam ont signé leur premier accord dans le domaine nucléaire d'une valeur de plus de 4 milliards d'euros. En outre, les forces navales russes sont prêtes à retourner à Cam Ranh Bay en louant cette zone. Le président russe Medvedev s'est rendu aux South Kuril Islands (qui sont appelés Northern islands au Japon), déclarant la souveraineté de la Russie sur les quatre îles, et leur rôle stratégique d'importance.

 

3. La crise de la dette souveraine pousse l'UE à modifier sa stratégie de développement

A la suite du choc de la crise financière, l'économie européenne, alors en convalescence, a été frappée par la crise de la dette souveraine. La zone Euro subit l'épreuve la plus sévère depuis sa création. Par rapport à la lutte contre la crise de la dette qui est devenue le premier souci de l'UE, le processus d'application du Traité de Lisbonne, entré en vigueur fin 2009, accuse un certain retard. D'une part, le débat sur la répartition des pouvoirs au sein de l'UE fait rage ; d'autre part, les espoirs sur l'élévation de la position internationale de l'UE et l'augmentation de sa capacité d'action extérieure sont déçus.

En 2010, le Conseil de l'Union européenneprend en considération le réajustement des relations extérieures, estimant que la prospérité et la sécurité de l'UE s'appuient de plus en plus sur les changements du monde extérieur, et que les grands pays émergents participent intégralement à la construction du système international. Ainsi, l'UE a adopté une nouvelle stratégie extérieure : renforcer le rôle de leader de l'UE dans les affaires internationales ; maintenir plus fermement les valeurs et les intérêts de l'Europe ; coopérer plus efficacement avec les grands pays émergents, en les poussant à réaliser « l'équilibre entre droit et devoir ». La situation en Afghanistan, les menaces non-traditionnelles et les puissances émergentes constituent trois grandes priorités stratégiques pour les pays occidentaux, ce qui se manifeste dans le « concept de nouvelle stratégie » lancé par le Traité de Lisbonne.

 

4. Les grandes puissances se mesurent les unes aux autres autour des mécanismes multilatéraux tels que le G20, tout en cherchant à dominer la scène internationale

Le G20 est devenu une scène importante où les grandes puissances se battent pour dominer le nouvel ordre international. La croissance équilibrée de l'économie mondiale et la réforme des organismes financiers internationaux sont les points clés du combat. Lors du Sommet de Séoul, les grandes puissances se confrontent pour avoir plus de voix aux chapitre et élaborer des règlements à leur profit. 

La réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies est dans une situation compliquée. Les diverses forces et les différents groupes d'intérêts se heurtent, sans accoucher d'une résolution satisfaisante. Dans la dispute sur le pouvoir dans le système international, les grandes puissances occidentales doivent, d'une part, maintenir leurs intérêts acquis, d'autre part, guider le système et l'ordre vers le développement qui les favorise. Quant aux grands pays émergents, dont la Chine, ils s'appliquent à rétablir le système et l'ordre, pour obtenir une position qui correspond à leurs puissances et perspectives de développement. Avec la mutation en profondeur de la structure internationale, les disputes entre les grandes puissances occidentales et les grands pays émergents seront plus âpres et compliquées dans divers domaines.

 

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