Soutien financier de la Chine à la crise de la dette portugaise |
Le 12 janvier, le Portugal a réussi à placer sa première dette de l'année pour un montant total de 1,25 milliard d'euros. Deux jours plus tôt, le taux portugais à 10 ans a dépassé les 7 %, nouveau record depuis la création de l'Euro en 1999. Cette situation critique a forcé la Banque centrale européenne (BCE) à intervenir. Après le Portugal, c'est au tour de l'Espagne de recourir au marché. Selon un économiste de l'EPC (European Policy Centre, un think-tank indépendant sur les affaires de l'UE), le Portugal risquerait de devenir, au premier trimestre, le troisième pays de la zone Euro qui appelle au secours extérieur (les deux premiers étaient respectivement la Grèce et l'Irlande). En même temps, compte tenu de la situation inquiétante de l'Espagne, quatrième économie de la zone Euro, l'UE devrait mettre en place un secours préventif de 750 milliards d'euros, afin de sauver ces deux pays d'une crise éventuelle. Cependant, Zhang Min, chercheuse à l'Académie des sciences sociales de Chine, a affirmé que le problème des dettes portugaises et espagnoles ne justifiait pas le recours à une aide extérieure. « Grâce au marché, le Portugal va réussir à joindre les deux bouts. A cela s'ajoute la mise en place d'un plan de restriction des dépenses publiques, notamment la réduction des impôts et des salaires de fonctionnaires. Ces deux mesures permettront à l'Etat de faire de considérables économies », a-t-elle souligné. Toujours selon Mme Zhang, l'Espagne a déjà raflé au total 70 à 80 milliards d'euros par plusieurs placements depuis l'année dernière. « Cette année, son financement net issu du marché atteindra les 90 milliards. Une telle somme lui permettra de surmonter les difficultés actuelles. En dépit de multiples inquiétudes, l'éclatement d'une crise de la dette est impensable en Espagne », a-t-elle ajouté. La Chine s'étant déjà engagée à acheter de la dette européenne pour une longue période, elle sera partie prenante lors des ventes des emprunts portugais et espagnols. Mme Jiang Xianling, spécialiste à l'Université chinoise d'économie et de commerce avec l'extérieur, a indiqué que dans l'optique d'approfondir la coopération avec l'Europe, les investissements chinois dans la dette européenne représentaient un choix pluraliste pour la réserve en devises étrangères du pays. « Auparavant, nous avons concentré notre attention sur le Dollar américain ; maintenant, nous souhaitons explorer de nouvelles pistes comme l'Euro, un secteur qui reste assez stable », a déclaré Jiang. En ce qui concerne l'impact de l'achat des dettes européennes sur l'économie chinoise, Jiang évoque deux points : « le premier est de changer nos Dollars en Euros, et bien que les taux de change soient défavorables en ce moment, cela nous permettra d'assurer la valeur de notre réserves en devises à long terme ; le deuxième point, c'est d'acheter des obligations européennes en utilisant directement nos devises en Euros. Cette méthode est sans risque au niveau du cours de change. Pour autant, ces deux mesures pourront jouer un rôle positif dans l'atténuation de la pression inflationniste en 2011 ». Récemment, le gouvernement japonais a aussi exprimé sa volonté d'acheter 20% des obligations placées par la zone Euro ce mois-ci, afin d'aider l'Europe à sortir de la crise. Selon Jiang Xianling, c'est la dépression de sa propre économie qui a poussé le Japon a faire cette démarche, le désir d'explorer de nouvelles possibilités d'accès au marché extérieur et de coopération avec l'Europe. Mais pour Zhang Min, il s'agit plutôt de concurrencer la Chine en Europe et en Asie. « De ce fait, si la Chine peut aider l'Europe à traverser cette période difficile, sa réserve en devises étrangères sera en contrepartie diversifiée », a-t-elle conclu.
Beijing Information
|