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Publié le 29/12/2010
Rétrospective de l'économie chinoise de 2010

de notre journaliste Miao Xiaoyang

En 2010, l'économie mondiale a connu un redressement complet. Suite à la mise en place d'une salve de politiques macroéconomiques, l'économie chinoise, après un rebondissement graduel depuis le début de l'année, est revenue sur une voie de développement stable et rapide. En même temps, la pression pour la revalorisation du yuan et de lutte contre l'inflation ne cesse de s'intensifier, exigeant un ajustement des politiques macroéconomiques.

 

Chen Jiagui, membre du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale, président par intérim du présidium du Département scientifique de l'Académie des Sciences sociales de Chine et directeur du département d'économie :

« Le taux de croissance du PIB chinois devrait atteindre 9,9 % en 2010. »

Le 7 décembre, l'Académie des Sciences sociales de Chine a publié son Livre bleu sur l'économie de 2011 dans lequel on prévoit un taux de croissance de 9,9 % pour l'économie chinoise en 2010. « Cette année, l'économie mondiale a montré des signes de sortie de crise et un nouveau dynamisme. Sous l'impulsion de la politique financière active et de la politique monétaire relativement souple, l'économie nationale revient sur une voie de développement stable et rapide. Mais il reste des préoccupations sur l'aggravation de l'inflation. L'IPC a fortement augmenté au deuxième semestre. Il a culminé à 5,1 % en novembre, un record depuis 28 mois.

D'après M. Chen, le degré des politiques régulatrices détermine l'orientation de l'économie chinoise. Cette année, le gouvernement central a publié une série de mesures visant à stabiliser les prix de l'immobilier. En raison de l'importance du secteur dans l'économie nationale (20 %), ainsi que ses relations étroites avec certaines industries manufacturières, cette campagne contre la flambée des prix immobiliers a entravé le développement économique.

Par ailleurs, les dettes des gouvernements régionaux, qui ne cessent de gonfler, représentent des menaces potentielles. Dans ce contexte, les investissements dans les biens immeubles ralentiront. De manière générale, l'économie chinoise est en train d'établir un mode de développement qui repose sur la consommation intérieure. À court terme, elle restera dominée par l'investissement et la consommation.

 

Liu Shijin, directeur adjoint du Centre de développement et de recherche du Conseil des affaires d'Etat :

« Nous nous efforçons de faire du marché le principal moteur de la consommation intérieure. »

Le Livre bleu sur l'économie de 2011, publié le 7 décembre par l'Académie des Sciences sociales de Chine, prévoit un taux de croissance des investissements sociaux de 23,5 % pour 2010, avec une croissance de 24 % des investissements dans les régions urbaines et de 21 % dans les régions rurales. Après la crise financière mondiale, le nouveau mode de développement économique de la Chine, caractérisé par la stimulation de la consommation intérieure, a été intensifié, mais sa croissance dépend de plus en plus des investissements.

Liu Shijin indique qu'il faut faire du marché, plutôt que des politiques, le premier moteur de la consommation intérieure. Face à la crise, les politiques destinées à stimuler la consommation ont remporté de remarquables succès. Sous l'effet de l'engouement pour les voitures, les appareils électroménagers, l'ameublement et le tourisme, les ventes au détail de biens de consommation ont augmenté de 16,9 % en 2009, un record. En 2010, en raison de l'allègement des politiques préférentielles, le taux de croissance des dépenses pour l'assurance sociale, l'emploi et les soins médicaux a considérablement baissé, et la croissance réelle de la consommation a chuté. Néanmoins, le dynamisme des consommateurs chinois demeure fort.

« En 2010, les politiques qui constituaient auparavant le moteur de la consommation intérieure ont été remplacées par le marché. La reprise rapide des exportations montre que l'économie chinoise a réussi à se débarrasser de l'effet négatif de la crise financière mondiale et a repris sa croissance régulière. La baisse des investissements dans l'immobilier a engendré un ralentissement de la croissance des investissements généraux. De plus, les exportations aux troisième et quatrième trimestres ont glissé du fait de la stagnation des principales économies du monde. La croissance économique atteindra environ 10 % en 2010 », estime M. Liu.

 

Zhang Liqun, chercheur au Centre de développement et de recherche du Conseil des affaires d'Etat :

« La réforme des taux de change a été rationnelle et une politique monétaire prudente a été appliquée. »

Les vifs débats sur le taux de change n'ont pas cessé en 2010. « Il est impossible de revaloriser notablement le yuan à court terme », déclare Zhang Liqun.

Le taux de change est étroitement lié à l'économie chinoise. Le Premier ministre Wen Jiabao a déclaré lors du 6e Sommet d'affaires Chine-UE que « si le taux de change du yuan s'élève de 20 à 40 %, bon nombre d'entreprises exportatrices chinoises feront faillite, les ouvriers perdront leurs emplois, les ouvriers migrants seront obligés de regagner leur pays natal ». Certainement, une crise de l'économie chinoise serait pénalisante pour le reste du monde.

Depuis 2005, la politique du taux de change de la Chine insiste sur les principes d'« initiative, contrôlabilité et progressivité ». Cette politique indépendante a assuré la stabilité de l'économie chinoise et le redressement de l'économie mondiale. « Cela montre que la direction de la réforme du taux de change est correcte. Il ne faut pas la changer ». Selon Zhang Liqun, dans l'optique d'atténuer les pressions inflationnistes et d'équilibrer la balance commerciale internationale, il nous faut d'une part promouvoir la réforme du système de fixation du taux de change, et d'autre part accélérer la transition du mode de développement économique.

Fin 2010, le gouvernement central a modifié sa politique monétaire modérément souple en politique monétaire prudente. « Cette mesure sera efficace pour atténuer les fluidités excessives et les pressions inflationnistes, et favorisera l'établissement d'un environnement monétaire stable », souligne M. Zhang.

 

Shang Fulin, président de la Commission de régulation des marchés boursiers de Chine :

« Les investisseurs institutionnels détiennent environ 70 % des actions A en circulation. »

Le marché de capitaux a créé une plateforme indispensable à la réforme et au perfectionnement du système économique socialiste. Il a joué un rôle de plus en plus significatif en matière de perfection de la gestion des entreprises, de promotion de la formation des capitaux, de découverte de la valeur du marché, d'optimalisation de la disposition des ressources et de contribution aux risques du marché. L'importance du marché de capitaux chinois est reconnue par tous.

Shang Fulin a récemment expliqué que pour modifier la situation de la bourse chinoise occupée majoritairement par les investisseurs individuels, les départements compétents ont accordé une grande attention au développement des investisseurs institutionnels, en promouvant la promulgation de la Loi sur la bourse et la Loi sur les fonds, ont établi un système juridique complet pour les fonds, précisant les responsabilités des entreprises de management de fonds et des banques de tutelle, standardisant ainsi la collecte, la vente, l'opération d'investissement et le contrôle des risques, en stimulant le développement des capitaux boursiers. En même temps, les départements compétents ont élaboré des mesures pour promouvoir le développement de l'investissement des fonds issus de l'assurance sociale. On a également réalisé la rentrée des banques commerciales aux marchés boursiers, ce qui a considérablement amélioré la structure du marché des capitaux.

Fin novembre 2010, les investisseurs institutionnels représentaient déjà en valeur 70 % des détenteurs des actions A (actions d'entreprises nationales en yuans) en circulation. Par ailleurs, les entreprises boursières détenaient plus de la moitié du montant total des fonds détenus par les investisseurs institutionnels. La pratique du système juridique de l'investissement des entreprises boursières dans les fonds a fourni une expérience précieuse en matière de développement coordonné du secteur de gestion des biens.

Durant les trois premiers trimestres 2010, 214,7 milliards d'actions ont été échangées sur les marchés à terme, se classant au premier rang du monde.

 

Xie Yifeng, expert immobilier :

« Restriction sur les achats, l'expression clé du marché immobilier en 2010 »

Selon le Livre bleu sur l'économie publié le 7 décembre par l'Académie chinoise des Sciences sociales, 2010 a été une année de réajustement et de contrôle immobilier. Le gouvernement central a déployé de grands efforts et obtenu des succès considérables, freinant ainsi le stockage des terrains chez les promoteurs ainsi que les investissements et la spéculation dans le logement grâce aux crédits. On estime que la flambée des prix de l'immobilier se calme déjà, de 25 % en 2009 à 15 % en 2010.

La « restriction à l'achat » est un terme clé du marché immobilier chinois. Le 10 janvier, le Bureau du Conseil des Affaires d'Etat a publié une Notification sur la promotion du développement stable et sain du marché immobilier, baptisée « Dix articles d'Etat ». Le 17 avril, le Bureau a annoncé une mesure visant à restreindre l'achat de logements, appelée « Dix nouveaux articles d'Etat », et le 29 septembre, il a publié encore cinq « nouveaux articles » destinées à stimuler le réajustement et le contrôle du secteur.

La mise en place répétée de restrictions résulte de certaines circonstances. « Premièrement, les mesures administratives précédentes de réajustement et de contrôle ne sont pas sévères, elles consistent généralement en un « entretien » et un « avertissement », mais cela peut aboutir à la négligence des prix de l'immobilier », analyse Xie Yifeng, expert du secteur. « Deuxièmement, l'absence de mesures de contrôle au moyen du marché, par exemple avec une taxe foncière, fait perdre graduellement confiance au peuple. Troisièmement, les prix extrêmement élevés sont de plus en plus décriés. Ainsi, la restriction d'achat est considérée comme une "épée tranchante" pour alléger ces contradictions ».

« Si les prix de l'immobilier continuent d'augmenter en flèche, davantage de mesures de contrôle seront promulguées », ajoute-t-il.

 

Zhang Zhaoxin, chercheur adjoint du Centre de recherche sur l'économie rurale relevant du ministère de l'Agriculture :

« L'augmentation de la production céréalière a stabilisé les prix agricoles »

Selon les données publiées le 3 décembre par le Bureau d'Etat des Statistiques, le volume de production des céréales est proche de 550 millions de tonnes en 2010 en Chine, une augmentation de 2,9 % en glissement annuel, marquant sept ans consécutifs de bonnes récoltes.

« L'augmentation de la production des céréales montre que la capacité de production s'élève d'un pas ferme, et que la position de l'agriculture comme secteur de base est renforcée », souligne Zhang Zhaoxin, chercheur adjoint du Centre de recherche sur l'économie rurale relevant du ministère chinois de l'Agriculture. « En effet, les facteurs politiques et climatiques ont une grande importance. Ces dernières années, le gouvernement a souhaité en priorité l'augmentation de la production des céréales, en publiant une série de mesures politiques favorables. Bien que des catastrophes naturelles assez graves aient eu lieu au printemps, les conditions lumineuses et thermiques sont restées bonnes, surtout dans le nord-est du pays, ce qui a bien contribué à l'augmentation de la production. »

Selon lui, l'augmentation de la production céréalière de cette année facilite considérablement le contrôle du marché des produits agricoles et la stabilisation des prix.

 

Xie Zhenhua, vice-président de la Commission nationale pour le développement et la réforme :

« Les objectifs de réduction des émissions pour le XIe plan quinquennal ont été atteints avant terme. »

En tant que plus grand pays en développement, la Chine se trouve dans une période de développement accéléré de son industrialisation et de son urbanisation. Elle doit affronter de nombreux défis, sur le développement économique, l'amélioration des conditions de vie, la protection de l'environnement et la lutte contre le changement climatique.

« Face à ces défis, le Conseil des Affaires d'Etat s'est fixé les objectifs de réduction des émissions durant le XIe plan quinquennal, autour desquels les régions et départements ont déployé de grands efforts. Par le réajustement de la structure industrielle, on a obtenu des succès remarquables. Ces succès revêtent une signification importante. Premièrement, toute la société a une meilleure prise de conscience sur l'économie d'énergie. Deuxièmement, la réussite de la réduction des émissions et de l'économie d'énergie a fortement soutenu le développement stable et rapide de l'économie. En comparaison avec le Xe quinquennat, la croissance rapide de l'économie s'est appuyée sur une consommation énergétique plus basse. Troisièmement, on s'est efforcé de concilier écologie avec industrialisation et urbanisation. Quatrièmement, avec la réduction des émissions, on a pu contrôler efficacement l'émission des gaz à effet de serre.

On estime que la consommation d'énergie par unité de PIB au cours des trois premiers trimestres 2010 a connu une baisse de 3 % en glissement annuel. Avec la réalisation anticipée des objectifs de réduction des émissions, ceux de l'économie d'énergie pour le XIe plan quinquennal pourraient être atteints comme prévu ».

 

Rao Da, secrétaire général de l'Association nationale de l'automobile :

 « La vente d'automobiles en Chine en 2010 dépassera le record des Etats-Unis. »

 Début 2009, le gouvernement a publié un Avis sur la réduction de l'impôt sur les achats automobiles, mis en vigueur entre le 20 janvier et le 31 décembre 2009. Selon le document, ceux qui achètent une voiture de 1,6 litre et moins sont taxés à hauteur de 5 %, contre 10 % auparavant. Fin 2009, le gouvernement a annoncé une prolongation d'un an de la décision, jusqu'à fin 2010, mais cette fois avec un taux de taxation de 7,5 %.

Deux autres mesures d'encouragement ont été mises en application, qui expireront également fin 2010, à savoir l'« accord de subventions aux acheteurs ruraux d'automobiles et de motocyclettes » et le « rachat de vieilles voitures contre des neuves ».

Grâce à ces mesures d'encouragement, en 2009, la Chine a vendu 13 millions d'automobiles, soit une augmentation de 45 % sur un an. Le marché chinois des automobiles est ainsi devenu le plus grand marché du monde, dépassant les Etats-Unis. Entre janvier et octobre 2010, la Chine a vendu 14,67 millions d'automobiles, soit une hausse de 35 % en glissement annuel. On prévoit des ventes de 18 millions sur toute l'année, dépassant le record américain.

« À la différence des pays étrangers, le marché automobile chinois fluctue selon les politiques du gouvernement. Cette hausse explosive est attribuée aux mesures du gouvernement, mais ce genre de marché a un problème : si les résultats de ces mesures ne se font pas attendre, leur suppression soudaine n'est pas facile ; le gouvernement craint qu'elles apportent d'importantes charges aux entreprises et au marché », explique Rao Da.

 

Xi Guohua, vice-ministre de l'Industrie et de l'Informatisation :

 « En 2010, l'industrie d'Internet a vu ses agrégats économiques augmenter de manière stable. »

 En 2010, la Chine a continué à lutter contre la crise financière internationale. Au cours de cette année importante pour la transformation du mode de développement économique, l'industrie d'Internet a vu ses agrégats augmenter de manière stable, devenant une force importante du développement économique de la Chine.

« Actuellement, le pays compte 420 millions d'internautes, un chiffre qui place la Chine à la première place du monde. Le taux de couverture Internet atteint 31,8 %, dont 277 millions de navigateurs via mobile. Le nombre de sites Internet nationaux atteint 2,79 millions, et les crédits internationaux destinés aux communications approchent les 1 000 G. En juin 2010, 330 millions de personnes avaient cherché des informations sur Internet. 320 millions d'entre elles avaient utilisé les moteurs de recherche pour trouver des renseignements sur les entreprises, les loisirs et la vie. 142 millions de Chinois avaient utilisé Internet pour négocier des affaires commerciales, 304 millions avaient communiqué par voie électronique, 230 millions avaient publié des informations ou des photos sur leur blog, 296 millions avaient joué à des jeux en ligne, et 265 millions avaient regardé des vidéos. »

« Le développement d'Internet continue, son plus grand développement et sa plus grande influence n'ont pas encore émergé. Avec le développement de la 3G, en particulier avec l'application étendue des terminaux intelligents et l'accroissement des communications mobiles, Internet mobile créera un nouveau marché économique gigantesque. La notion d'"Internet des objets" est en vogue. Cela permettra d'élever Internet à un nouveau niveau ».

 

Mei Song, directeur du Centre de promotion de l'industrie des créations culturelles de Beijing :

 « L'industrie des créations culturelles est devenue un nouveau pôle de croissance économique. »

 En 2010, l'industrie de la culture était en forte croissance, si bien qu'elle est devenue non seulement un tout nouveau pôle de croissance des économies régionales, mais aussi un pilier de l'économie nationale.

Selon Mei Song, on compte actuellement à Beijing plus de 50 000 entreprises culturelles, employant plus d'un million de personnes. En 2009, la valeur ajoutée réalisée par le secteur approchait les 150 milliards de yuans, soit 12,6 % du PIB de la capitale, juste derrière le secteur des finances. Au premier semestre 2010, il a réalisé une valeur ajoutée de 80,43 milliards de yuans, également 12,6 % du PIB municipal. « Si tout continue normalement, la valeur ajoutée annuelle atteindra 160 milliards de yuans », estime Mei Song.

« La coopération présente également un grand potentiel. Nous envisageons d'effectuer des échanges avec les régions où les cultures chinoise et occidentale fusionnent bien, comme Hong Kong, Macao et Taiwan. Nous allons établir des mécanismes de coopération, afin de présenter nos produits en dehors du continent chinois », ajoute-t-il.

L'industrie culturelle bénéficie actuellement d'un financement généreux. Le 8 avril, neuf départements, dont les ministères des Finances et de la Culture, ainsi que la Banque populaire de Chine, ont publié un document sur le soutien financier à l'industrie culturelle. Le dossier a précisé plusieurs mesures, telles que la création de nouveaux produits de crédits bancaires, l'amélioration des modes d'octroi des crédits, la formation d'un marché des assurances, et l'application des estimations des propriétés culturelles dans les affaires. Il s'agissait du premier document de ce genre de ces dernières années.

 

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