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Publié le 26/11/2010
L'argent chaud, profitable ? Un sophisme !

Yu Fenghui

Le second tour d'assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale américaine (Fed) par le rachat de 600 milliards de dollars de bons du Trésor a rencontré un mécontentement planétaire. En réponse à cette réaction négative, le secrétaire d'Etat américain au Trésor Timothy Geithner a déclaré le 7 novembre que la croissance américaine était profitable pour l'économie mondiale, et ne serait absolument pas une perte pour les pays largement dépendant de la consommation américaine. D'après lui, même « l'argent chaud » pourrait jouer un rôle positif pour les puissances émergentes. « L'argent chaud ne va pas sans risque et sans défi. Mais la plupart des pays pourraient s'en sortir. » (le 8 novembre, www.ce.cn)

Les Etats-Unis ont fait fi des critiques mondiales et méprisé les intérêts de la plupart des pays du monde tout en poursuivant un nouvel assouplissement de la politique monétaire très flexible. Cela porte atteinte à la communauté internationale et aux marchés émergents en particulier. Pour le moment, l'économie américaine a du mal à se redresser. Le taux de chômage demeure élevé. C'est le résultat d'une faible consommation, d'un marché intérieur déprimé, et d'une économie réelle sans dynamisme. Ceci n'a rien à voir avec la fluidité financière. Ainsi, le maintien du taux d'intérêt bancaire au niveau zéro ne permet pas de stimuler la productivité, et l'économie réelle n'arrive pas à absorber les billets verts librement imprimés. Pire encore, ces dollars transformés en « argent chaud » se sont vite échappés des Etats-Unis pour secouer le marché mondial. Puisque l'Europe et le Japon ont tous un taux d'intérêt assez bas et une monnaie dévaluée, l'argent chaud n'est pas profitable. Il s'écoule alors naturellement vers les pays émergents où le taux d'intérêt monte et la monnaie continue à s'apprécier, tout en impactant sévèrement l'économie locale.

La politique américaine du dollar faible conduira à une augmentation du prix des marchandises globales facturées en dollar, et entraînera l'inflation partout dans le monde. L'assouplissement quantitatif surélèvera le prix relatif du capital, grossira la bulle de l'économie virtuelle et entraînera l'économie mondiale dans une nouvelle crise, qui se rapproche à grands pas.

Les pays émergents, et la Chine en particulier, sont les principales victimes de la politique monétaire américaine d'assouplissement quantitatif. La dévaluation du dollar stimule l'exportation américaine, mais frappe l'économie des pays qui dépendent largement de l'exportation. Le dollar américain est la monnaie de réserve de plusieurs pays, et les bons du trésor américain, le capital de réserve mondial. Cela permet aux Etats-Unis de dépouiller la fortune des autres pays en dépréciant le dollar, et tout spécialement celle de la Chine, le plus gros créancier de la dette nationale américaine.

Ainsi, l'impression de 600 milliards de dollars par la Fed est incontestablement une catastrophe pour l'économie mondiale. La théorie du secrétaire d'Etat américain au Trésor sur le profit de l'argent chaud n'est qu'un sophisme pour déformer la réalité.

Les Etats-Unis, première puissance mondiale, endoctrine le reste du monde avec des théories comme l'ouverture du marché, la mondialisation et le libre-échange. Pourtant, quand il s'agit de leurs propres intérêts, ils deviennent égoïstes. Les intérêts des autres pays et ceux du monde entier deviennent négligeables. Un pays qui se comporte de la sorte ne peut endosser le rôle de leader du monde.

La Chine ne prend pas à la légère cette décision de la Fed. Trois contre-mesures sont nécessaires pour résister à ses éventuels impacts : 1, intervenir immédiatement sur le marché des devises en s'inspirant de l'expérience des pays qui ont le statut d'économie de marché comme le Japon, afin d'apprécier doucement le RMB, ou d'en éviter une évaluation à court terme. 2, renforcer le contrôle des capitaux, en imitant l'UE et le Brésil, qui imposent les capitaux étrangers destinés aux activités de prêt et de financement. 3, rester vigilant face aux manœuvres américaines, qui avaient déjà étouffé l'économie japonaise dans les années 80.

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