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Publié le 27/09/2010
La hausse du prix de blé ne menace pas la sécurité céréalière

Ding Shengjun, chercheur à l'Institut scientifique du Bureau national des Céréales

 Les caprices du climat et la spéculation internationale ont récemment suscité une flambée du prix du blé sur le marché mondial, ce qui n'entraîne cependant pas une crise céréalière globale.

 Depuis début juin, le prix du blé sur le marché à terme de Chicago a connu une hausse vertigineuse de 62 %, au plus haut depuis 50 ans. En Russie, le prix de blé a également grimpé de 62 %, et de 8 % en Europe. Cette hausse significative a plusieurs causes. La Russie, troisième pays exportateur de blé du monde, a publié le 5 août une interdiction du 15 août au 31 décembre sur ses exportations des céréales et de leurs produits. Cette interdiction concerne l'exportation de blé, de blé mixte, d'orge, de seigle, de maïs, de farine de blé et de farine mélangeant le blé et le seigle. Cette décision vise à contenir l'augmentation du prix de blé à l'intérieur de la Russie, et garantir l'approvisionnement des céréales et des fourrages. Cette mesure du gouvernement russe, en coïncidence avec l'offre et la demande du marché, suscite une grande attention publique.

 Causes principales de la hausse du prix de blé

Il existe actuellement une polémique sur les motifs de la hausse du prix de blé. Sans aucun doute, l'interdiction russe n'est pas la seule raison. Les critiques adressées à la Russie par certains pays ne sont pas raisonnables, car face à une insuffisance de céréales, tous les pays doivent prendre des mesures afin de garantir la stabilité alimentaire du pays. La décision russe a engendré une baisse du prix de blé à l'intérieur du pays, entraînant un effet positif.

 En fait, la flambée du blé apparaît liée aux catastrophes naturelles. En 2010, une terrible sécheresse a balayé la Russie. Notamment en juillet, la canicule a entraîné de nombreux incendies de forêt, faisant plus de 50 morts, et couvrant le ciel de Moscou d'une épaisse fumée noire. Ces conditions ont entraîné de sérieux dommages. On n'a rien récolté sur 1 020 hectares, soit un cinquième de la superficie des terres cultivées de plantes agricoles. Selon les prévisions du Ministère de l'Agriculture Russe, le volume de production de grains atteindrait 60 à 65 millions de tonnes, soit plus de 10 millions de tonnes de moins que prévues, et une baisse de 32 à 37 millions de tonnes par rapport à 2009, une bonne année. Dans ce contexte, le prix de blé a connu une hausse significative en Russie.  

Hormis la Russie, certains autres pays exportateurs principaux de blé ont également été affectés par le climat extrême. Le Pakistan a connu ses plus fortes inondations depuis sa fondation en 1947, entraînant plus de 20 millions de sinistrés (1/9 de la population totale du pays) et 1/4 des champs cultivés sinistrés, notamment la principale zone de production de blé.

Par ailleurs, l'Australie et le Canada seront probablement confrontés à une réduction de leur  production de blé. Le premier subit des invasions de criquets et la sécheresse ; le deuxième souffre des inondations. Le volume de production de l'Ukraine, du Kazakhstan ainsi que de certains pays de l'Union européenne ont également connu une chute en raison de la canicule et de la sécheresse. Dans l'Ouest et le Centre des Etats-Unis, la chaleur et le climat humide pourraient compromettre le volume de production de blé et d'autres cultures agricoles. Les catastrophes naturelles constituent une des principales causes de cette hausse mondiale du blé.

Cette hausse du prix de blé doit nous pousser à réfléchir sur les motifs profonds, plutôt que de se cantonner aux motifs superficiels. En effet, les mesures prises par le gouvernement russe ne sont qu'une goutte d'eau. Nous devons chercher les causes dans l'environnement mondial.

En conclusion, deux facteurs de la hausse du prix de blé ont été clarifiés. Premièrement, c'est l'influence négative des catastropes naturelles provoquées par le climat extrême. A l'échelle planétaire, les catastropes naturelles de l'année en cours sont plus fréquentes et dévastatrices. La fréquence du climat extrême est en train de devenir une énorme menace pour la sécurité alimentaire.

Deuxièmement, la spéculation des capitaux internationaux élève le prix du blé. Jusqu'à présent, le prix de blé sur le marché à terme de Chicago a connu une hausse totale de 62 %. En même temps, le blé a pris 8 % début août en Europe, soit 211 euros la tonne. La spéculation des capitaux internationaux n'est pas une surprise. Après la crise financière mondiale, les produits agricoles en masse comme le blé sont devenus de plus en plus financialisés. Les flux de l'argent chaud intensifient la fluctuation du prix de blé.

Depuis la crise financière mondiale, les capitaux internationaux ne cessent d'intervenir dans les produits agricoles en masse. De plus, les pays développés occidentaux consomment une grande quantité d'huiles et de céréales afin de développer les combustibles biologiques, ce qui pousse à élever le prix du grain. Dans le contexte de la politique monétaire souple des pays occidentaux, l'argent chaud menacent la sécurité des grains.

La hausse du prix du blé ne suscitera pas de crise alimentaire

Sans aucun doute, la hausse du prix du blé exerce une influence sur l'approvisionnement des denrées du marché mondial, notamment sur les pays exportateurs et importateurs de blé.

L'influence sur les pays importateurs est évidente. La réduction du volume d'exportation de blé des pays comme la Russie entraîne tout d'abord la hausse rapide du prix de blé, ce qui engendre un manque de budget dans ce domaine. En Egypte par exemple, la hausse du prix du blé a suscité un débloquement supplémentaire de 705 millions de dollars. Deuxièmement, certains pays importateurs s'appuient sur d'autres sources de blé. Récemment, l'Egypte a acheté 240 000 tonnes de blé de la France afin de remplir la réserve et neutraliser la hausse du prix. En même temps, le gouvernement égyptien a ouvert davantage de ports aux cargos transportant le blé afin de faciliter leur déchargement. L'Arabie Saoudite, un autré géant importateur de blé, a besoin annuellement de 2 millions de tonnes de blé pour satisfaire les besoins de ses citoyens. Avec la mesure d'interdiction de l'exportation de blé de la Russie, les Saoudiens ont déjà importé presqu'un million de tonnes de blé.

Quant aux pays exportateurs de blé, la Russie ainsi que ses pays voisins constituent les concurrents principaux des autres pays exportateurs de blé comme les Etats-Unis, le Canada et l'Australie. Actuellement, la sécheresse qui s'étend sur la zone de la Mer Noire a permis de renforcer la fonction des Etats-Unis, premier pays exportateur de blé. Selon les estimations de l'agriculture américaine, le volume d'exportation de blé du pays a crû de 36 %.

Cette hausse du prix du blé à l'échelle mondiale doit être prise au sérieux. Cependant, inutile de céder à la panique, car les conditions ont totalement changé par rapport à 2008, année de la folle hausse du prix du blé.

Premièrement, l'offre et la demande de blé sur le marché mondial sont presque équilibrées, ce qui garantit la sécurité. La production mondiale de 2010 à 2011 devrait atteindre les 661 millions tonnes, tandis que la demande totale est de 667 millions tonnes, soit un écart peu significatif de 6 millions de tonnes.

En effet, la réserve des céréales comme le maïs, le riz et le soja est abondante. D'après la FAO, après un volume de production en hausse consécutive pendant deux ans, la réserve de blé est actuellement abondante, notamment dans les pays tels que la Chine, l'Inde et les pays de l'Union européenne, soit une quantité totale de 187 millions tonnes, ce qui suffit pour atténuer la réduction de production de 2010. Le volume des réserves de blé de l'Inde est de 32 millions tonnes. Ce pays émergent planifie d'exporter 2 à 3 millions de tonnes afin de ne pas détériorer l'approvisionnement à l'intérieur du pays.

Par ailleurs, cette hausse du prix de blé est temporaire, et n'atteint pas les sommets de 2008. Avant la crise financière mondiale en 2008, les prix de tous les produits agricols principaux se maintenaient à un haut niveau. Avec la reprise de l'économie mondiale, le prix des produits agricoles a connu une forte chute. Donc la hausse succède donc naturellement à cette force chute, ce qui reste considérablement inférieur aux prix de 2008.

Finalement, le prix du blé a déjà baissé, et va se stabiliser. Le prix du blé sur le marché à terme a chuté de 12 % entre le 5 et le 10 août. Cette baisse démontre qu'une hausse continue et significative est improbable.

Beijing Information

 

 



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