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Publié le 21/09/2010
Davos d'été 2010 : prendre le pouls des économies chinoise et mondiale

Le Forum d'été de Davos 2010 s'est ouvert le lundi 13 septembre à Tianjin, ville côtière du nord de la Chine. Le thème de cette année, « Conduire une croissance soutenue par le développement durable », est divisé en quatre chapitres, à savoir améliorer la compétitivité par les sciences et les technologies, créer de nouvelles valeurs pour les futurs marchés à partir du modèle commercial ; faciliter les transformations économiques et sociales, enfin formuler des solutions globales, sectorielles et régionales.

Accroître la compétitivité : tel est l'objectif des grandes entreprises réunies à Tianjin. La reprise de l'économie mondiale nécessite de se pencher sérieusement sur sa viabilité à long terme. Près de 1 400 chefs d'entreprise, chercheurs et responsables politiques sont venus plancher sur la question.

Les élites à propos de la croissance durable

D'ici à 40 ans, la Terre accueillera 9 milliards d'habitants. La durabilité sera donc un sujet incontournable pour la société et le commerce au XXIe siècle. Lors d'un séminaire organisé dans le cadre du forum, plusieurs hauts responsables ont pris part à une discussion sur les difficultés que rencontrent les pays et les entreprises dans le développement durable, et les solutions possibles pour le futur.

« Le développement soutenu et stable concerne non seulement l'environnement, mais aussi la société. Si nous insistons seulement sur l'économie au mépris de la société, une durabilité réelle ne viendra jamais. C'est pour cela que nous nous fixons deux objectifs : une croissance continue en matière écologique et sociale », dit M. Klaus Schwab, président du Forum économique mondial (FEM).

En réponse à la durabilité de l'environnement, James E. Rogers, président et CEO de la compagnie Duke Energy, a mis l'accent sur la protection des ressources en eau. Selon lui, le problème de l'eau a tendance à s'aggraver au XXIe siècle, et il mérite une attention particulière.

Maintenant, de plus en plus de pays prennent conscience de l'importance de promouvoir une économie verte, en allouant des subventions aux entreprises de ce secteur. « Par exemple, le développement de l'industrie photovoltaïque est soutenu par le gouvernement. De plus, pas mal de multinationales suivent de près l'évolution des nouvelles énergies, menant des études sur le solaire et l'éolien », indique Shi Zhengrong, président de la compagnie Suntech basée à Wuxi.

« Selon les statistiques, en Chine en 2005, le coût causé par la faible efficacité énergétique, la pollution et la destruction humaine du système écologique représentait 34,5 % du PIB du pays. Cela signifie que la détérioration de l'environnement provoque une grande perte pour les générations futures », révèle Cheng Siwei, président du Forum des finances internationales de Beijing.

D'après M. Cheng, la prochaine révolution industrielle sera placée sous le signe des nouvelles énergies. Cheng est chargé d'un projet d'études dans ce domaine, en collaboration avec un centre de recherche relevant de l'Académie des sciences de Chine. « On a proposé d'imposer des taxes sur les émissions de carbone par les centrales thermiques, afin de financer le développement des énergies solaire et éolienne », ajoute-t-il.

« A part la durabilité de l'environnement, nous devons mettre en évidence le 'développement durable axé sur le peuple', c'est-à-dire que nous devons faire de manière à incorporer le peuple dans le développement, et le laisser y trouver son compte ou même s'enrichir. Seul un tel développement peut être qualifié 'durable' », explique Long Yongtu, secrétaire général du Centre d'études sur G20.

Certains experts estiment que la réalisation du développement durable aidera à réduire le prix de revient et à faire augmenter les bénéfices. Donc pour les entreprises, il est nécessaire d'intégrer le concept de durabilité à leur propre culture, et d'établir un plan d'épanouissement personnel au service de chaque employé.

Solution des problèmes

Devant les participants au deuxième Forum d'été de Davos tenu en septembre 2008 à Tianjin, le premier ministre chinois Wen Jiabao avait souligné l'importance de la confiance face à la crise financière internationale. « La confiance est plus précieuse que l'or et la monnaie », avait-t-il affirmé.

Maintenant, deux ans se sont écoulés. Lors de la cérémonie d'ouverture de la quatrième édition de ce grand rendez-vous international, Wen a fait le bilan des succès obtenus par la Chine avec l'application d'une série de plans en réponse à la crise financière, sans pour autant éluder les difficultés. Il a également évoqué l'évolution du pays sous divers aspects, allant du changement de mode de croissance économique à la prise des mesures destinées à réduire la consommation énergétique et les émissions polluantes, en passant par la réforme du système de distribution du revenu et l'appel aux investissements étrangers.

« Les problèmes majeurs auxquels la Chine fait toujours face sont une structure économique déraisonnable, des faibles capacités d'innovation scientifique et technologique, une pression croissante sur les ressources et l'environnement, un déséquilibre de développement entre les zones urbaines et rurales et un manque de coordination entre les développements économique et social. Certains d'entre eux sont évitables au stade actuel du développement économique, alors que d'autres résultent de l'imperfection de la réforme institutionnelle », a-t-il précisé.

Plusieurs invités au forum pensaient qu'en Chine le déséquilibre des trois « moteurs » qui entraînent la croissance économique, à savoir l'investissement, l'exportation et la consommation, était exemplaire. Malgré une forte croissance d'investissements, la consommation, principale force motrice, s'avère faible et insuffisante.

Avec l'application d'une série de plans de relance après la crise financière, la Chine a réussi à maintenir une croissance économique rapide et stable, contribuant de façon importante à la reprise de l'économie mondiale. Des statistiques montrent qu'en 2009, l'augmentation du PIB du pays était à 92,3 % due à l'investissement, et à 59,1% même pendant le premier semestre de cette année.

M. Gu Shengzu, économiste renommé, compare l'investissement du gouvernement dans les secteurs publics à une piqûre cardiotonique qui produit un effet immédiat mais non durable. « Accroître la consommation des habitants et éliminer la dépendance au financement constitue une importante stratégie en faveur de la transformation du mode de croissance et du maintien de la durabilité de la croissance économique », a-t-il ajouté.

« La Chine possède le premier marché domestique du monde pour ses grandes potentialités. Explorer pleinement le potentiel du marché et libérer efficacement la demande intérieure est une méthode cruciale pour promouvoir le développement stable de l'économie chinoise à long terme et résoudre les contradictions saillantes qui surgissent au cours de l'évolution économique », a indiqué le premier ministre chinois Wen Jiabao lors du Forum. Ses propos ont traduit la ferme détermination du gouvernement chinois à surmonter les obstacles par la réforme du système de distribution du revenu, l'accélération de l'édification des campagnes et l'exploitation des régions occidentales.

Le plan de relance de 4 000 milliards de yuans d'investissements gouvernementaux va prendre fin cette année. Comment faire en sorte que les investissements privés prennent le relais ? Cette question était sur toutes les lèvres lors du forum. Actuellement, les entreprises privées continuent à prendre les devants, avec un taux de profit de 5,79 %, soit 78 600 yuans de bénéfices par personne, un peu supérieur à celui des entreprises d'Etat (5,38 %, soit 52 700 yuans de bénéfices par personne). En mai 2010, le Conseil des affaires d'Etat a publié un document en 36 articles visant à favoriser le développement sain des investissements non gouvernementaux, en guise de nouvelle garantie institutionnelle.

Bien que la Chine prenne conscience de l'importance des capitaux non gouvernementaux, divers obstacles demeurent. Pour plusieurs spécialistes, les entreprises privées sont confrontées à la difficulté à réunir des fonds, et au traitement inéquitable qui défavorisent leur accès aux secteurs monopolisés par l'Etat.

Selon Gu Shengzu, la structure du marché chinois est caractérisée par une bipolarisation. La rentabilité des entreprises monopolistiques est en contraste avec les petits bénéfices des entreprises privés qui sont en proie à une concurrence excessive dans les secteurs compétitifs. « Pour dynamiser les capitaux privés, il faut multiplier les canaux de financement, accorder plus de soutien au niveau financier et fiscal, perfectionner les services et innover dans les modalités d'investissement », a-t-il conclu.

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