Lutter contre le climat extrême pour éviter les grandes pertes |
Zhao Xiaozhan Lors de la fête du Printemps de 2010, qui aurait pu prévoir que la plus grave sécheresse depuis cent ans allait se produire dans les cinq provinces du sud-ouest, régions les plus riches en eau du pays ? Et qui aurait pu prédire que cette catastrophe marquerait le début d'une période de climat extrême en Chine ? Le climat extrême vient de pair avec des catastrophes naturelles, et met à l'épreuve la gestion d'urgence du gouvernement et des établissements publics, ainsi que la capacité des citoyens à faire face aux catastrophes. Sommes-nous capables de lutter contre les intempéries ? En 2007, l'IPCC avertissait dans son quatrième rapport que depuis 50 ans, les intempéries comme les fortes pluies et les canicules devenaient de plus en plus fréquentes, et le seraient davantage dans le futur. Aujourd'hui, cette prédiction est prouvée réaliste. Pour la seule année 2010, la Russie a enregistré ses plus hautes températures depuis un millénaire. Le pays est rongé par la sécheresse et les incendies. De graves inondations ont touché le Pakistan. La rivière Indus a atteint son plus haut niveau depuis 110 ans à cause des fortes pluies. Les pays d'Europe centrale, qui sortent à peine de la canicule, sont en proie à des tempêtes catastrophiques. En Chine, les fléaux de l'eau ont causé plus de 200 millions de sinistrés et une perte économique directe de 275,16 milliards de yuans... « Les extrêmes climatiques », vocabulaire météorologique, devient familier à toutes les oreilles. Tout le monde s'en inquiète. Qu'est-ce qui s'est passé sur notre globe ? Comment y faire face ? De la rareté à la répétition Les données s'accumulent qui prouvent l'anormalité du climat de l'année 2010. L'exceptionnelle sécheresse dans les cinq provinces sud-ouest de Chine a duré jusqu'au mois de mai. A peine sorti de cette catastrophe, la tempête s'est levée le 20 mai et a balayé le sud du pays. Et les pluies n'ont cessé qu'en juillet. Et alors que les inondations balayaient le sud, le nord brûlait sous la « fièvre ». Dans certaines régions, le thermomètre a dépassé les 42ºC. En juillet, Beijing a recensé dix jours de température supérieure à 35ºC, chiffre plafond. C'est ainsi le mois de juillet le plus chaud depuis 10 ans. Depuis août, les deux extrêmes climatiques ont échangé leurs rôles. Les inondations remontaient vers le nord, tandis que la canicule se déplaçait au sud. Depuis août, les inondations ont touché le Gansu et le Xinjiang, et tout le bassin de la rivière Songhua au Jilin a été inondé. Quant au sud, les records de température se succèdent. A Shanghai, la période de températures supérieures à 39ºC a dépassé le niveau historique. Les experts définissent un extrême climatique par un dépassement grave du niveau moyen. Pour les gens ordinaires, ce qui est rare est alors extrême. Normalement, quand la probabilité d'un phénomène météorologique est inférieure à 5 ou 10 %, on le considère comme un extrême climatique. Ces derniers temps, on lit souvent dans les bulletins météorologiques des expressions comme « un record depuis 50 ans », « rare depuis un siècle »... Pourquoi ces phénomènes rares deviennent-ils de plus en plus fréquents ? Du point de vue météorologique, chaque extrême climatique est lié à une circulation atmosphérique anormale. Selon Ren Fumin, expert en chef du Centre national de météorologie, la canicule de juillet, qui attaque l'hémisphère nord, est due à la persistance de l'anticyclone surchauffé, et les inondations sont la conséquence du déplacement vers le sud de l'anticyclone subtropical et de la rencontre de masse d'air froid et d'air chaud. Quand la température à la surface de la terre monte, le total de l'eau vaporisée dans l'air augmente, et la vitesse de la circulation de l'eau augmente aussi. Alors la pluie se forme dans un temps plus court que d'habitude et augmente le risque d'inondation qui, à son tour, causerait des catastrophes géologiques telles que les coulées de boues et les glissements de terrain. Le réchauffement climatique et ses influences Dans un contexte où le temps ne cesse de se réchauffer, les extrêmes climatiques seront de plus en plus fréquents. En plus de la circulation atmosphérique, existent-t-ils des facteurs humains derrière les extrêmes climatiques ? Avant de répondre à cette question, il faut d'abord dire un mot du réchauffement climatique global. Selon les statistiques, la température moyenne du globe augmente depuis plusieurs dizaines d'années. Les dix dernières années ont été la décennie la plus chaude de l'histoire. Et les six premiers mois de 2010 pourraient être le semestre le plus chaud. En effet, dans la communauté scientifique internationale, deux thèses s'affrontent sur le réchauffement climatique. Cependant, un consensus est largement accepté : le réchauffement climatique accélère la fréquence des intempéries extrêmes. Des recherches montrent qu'avec la tendance continue du réchauffement climatique, les typhons et les cyclones deviendront plus forts, et les précipitations plus déséquilibrées. Alors peut-on en conclure que tous les phénomènes météorologiques anormaux sont sans exception liés au changement climatique ? Cette conclusion semble hâtive. En effet, derrière la polémique sur le réchauffement climatique, c'est plutôt les activités humaines qui sont en débat. L'homme est-il l'origine du changement climatique et des intempéries extrêmes ? Bien que ce débat n'ait toujours pas été tranché, il est sans doute raisonnable de développer dès à présent des activités de réduction des émissions polluantes, de protéger la nature et de soigner la Terre. La responsabilité des communautés dans la lutte contre les catastrophes naturelles Les communautés, les gouvernements locaux, le gouvernement central ainsi que la société entière doivent se partager les tâches dans la lutte contre les catastrophes naturelles. Pour l'instant, la réduction des pertes dues aux catastrophes naturelles est plus urgente que le débat sur le réchauffement climatique. « La fréquence des catastrophes météorologiques révèle en quelques sortes nos carences dans la lutte contre les catastrophes et la réduction des pertes », a indiqué M. Shi Peijun, directeur adjoint du comité d'experts de la Commission nationale pour la réduction des catastrophes naturelles, et vice-doyen permanent de l'Ecole normale supérieure de Beijing. D'après lui, le climat extrême met à l'épreuve la gestion d'urgence du gouvernement et des établissements publics, ainsi que la capacité des citoyens à faire face aux catastrophes. Dans la nuit du 6 mai, une violente tempête a transformé Guangzhou en véritable Venise. Les artères inondées sont devenues de vraies rivières, le trafic a été suspendu sur certaines lignes de métros, plus de 200 bus ont été bloqués... Quand l'eau a reculé, on a découvert plusieurs parkings souterrains gravement inondés. Sans système d'évacuation d'eau adéquat, la conception de ces parkings s'est révélée défectueuse. Dans un reportage de l'agence de presse Xinhua, on a comparé le système d'évacuation d'eau fragile de Guangzhou et les solides égouts de Paris, qui résistent depuis plusieurs siècles. A cause de cette absence de système efficace dans la prévention et la réduction des catastrophes naturelles, de petites intempéries causent souvent des pertes inestimables, se lamente M. Shi. Toujours d'après Shi Peijun, c'est le système anti-catastrophe dirigé par le gouvernement central et coordonnant les différents départements compétents qui a permis les succès des activités précédentes de secours aux sinistrés en Chine. Un tel système permet de mobiliser toute la société et a prouvé son efficacité face aux graves catastrophes. Mais il ne peut remplacer la responsabilité des communautés. Après le séisme de Wenchuan, le Conseil des Affaires d'Etat a décidé que le 12 mai deviendrait la journée nationale de prévention et de réduction des catastrophes naturelles. La journée de 2010 a été placée sous le thème de « La réduction des catastrophes naturelles et les communautés ». « Les communautés constituent la force fondamentale de la réduction des catastrophes naturelles. Elles jouent un rôle crucial dans le renforcement de la capacité anti-catastrophe de la société. Dans ce domaine, notre financement reste inadéquat à l'égard de notre capacité financière formée depuis 30 ans de réforme et d'ouverture. Nous avons encore un long chemin à parcourir », a constaté Shi Peijun. « Le point primordial dans la réduction des catastrophes naturelles, c'est d'empêcher les petites catastrophes de causer de grandes pertes », a souligné M. Shi. « Auparavant, on avait l'habitude de s'appuyer sur l'Etat lors d'une catastrophe. Mais, dans un contexte où les intempéries extrêmes sont fréquentes, la prévention des catastrophes naturelles devient la responsabilité de chacun. L'Etat pourrait redéfinir la compétence des différents départements conformément au niveau de gravité des catastrophes. Lorsqu'il s'agit d'une petite catastrophe, laisser les communautés jouer le rôle principal. Au moment d'une catastrophe moyenne, c'est le gouvernement local qui présiderait le travail de secours. Le gouvernement central s'activerait sans doute face à une grande catastrophe. Quant à une catastrophe énorme, toute la société devrait être mobilisée », a proposé M. Shi. Beijing Information
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