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Publié le 06/09/2010
Zhang Jianhua : l'Occident se trompe en parlant de «Responsabilité des pays épargnants»

Zhang Jianhua, directeur du Bureau d'études de la Banque centrale de Chine

Q : La « Responsabilité des pays épargnants » est une partie importante de la récente théorie de la « Responsabilité de l'économie chinoise » développée par des politiciens et intellectuels occidentaux. Afin d'analyser cette tendance, il est nécessaire de mentionner l'important taux d'épargne dans certains pays comme la Chine. Pourriez-vous nous expliquer les raisons de ce phénomène ?

R : Ces dernières années, on remarque que l'épargne est élevée dans les pays producteurs de pétrole, et en Asie orientale principalement. L'épargne des premiers découle de caractéristiques naturelles qui leur sont propres, alors que l'épargne en Asie a plusieurs causes : influencés par le Confucianisme, ces pays privilégient l'économie au gaspillage ou au luxe ; de plus, avec l'importance de la structure familiale, les adultes doivent nourrir et prendre en charge leurs enfants et leurs parents.

Hormis ces caractéristiques communes à tous les systèmes économiques d'Asie orientale, d'autres causes spécifiques à la Chine expliquent son taux d'épargne élevé, dans cette période de transition économique. Tout d'abord, les Chinois tendent à épargner plus en raison de la faiblesse du système de protection sociale et des imperfections du marché financier. Ensuite, au niveau des entreprises, avec la croissance cyclique de la rentabilité, et le mauvais fonctionnement du mécanisme de distribution des profits, la plupart des bénéfices sont placés depuis 2002, faisant considérablement augmenter l'épargne nationale. Troisièmement, le revenu national a beaucoup crû grâce à l'accélération de l'industrialisation et de l'urbanisation, et le taux d'épargne avec. Cependant, ces trois caractéristiques, appartenant évidemment à cette période spécifique, évolueront graduellement avec l'approfondissement de la marchéisation.

Q : Dans Les étapes de la croissance économique, l'économiste américain Walt Whitman Rostow avance que la fourniture des facteurs de production, en particulier les capitaux et la main-d'œuvre qualifiée, est la clé pour éradiquer la pauvreté dans les PVD, avant et au cours de leur décollage. Du point de vue que l'épargne intérieure est l'une des deux sources des capitaux nationaux, le niveau élevé d'épargne en Chine est-il rationnel ?

R : Dans la Chine d'aujourd'hui, le haut niveau du taux d'épargne est bien rationnel et correspond en effet aux règles de l'évolution économique. Presque tous les pays développés ont connu cette période de transition : celui du Japon est resté à plus de 30% pendant les années 1960 et 1970, âge d'or de son développement économique et de son industrialisation, l'épargne n'a baissé qu'ensuite, et progressivement ; la Corée du Sud a aussi connu une telle période pendant les années 1980, où le niveau le plus élevé de son épargne a approché le 40 %.

En outre, le haut niveau du taux d'épargne soutient le développement économique chinois, en satisfaisant aux besoins énormes d'investissement dus à l'industrialisation et à l'urbanisation, en fournissant les moyens financiers pour une accumulation rapide du capital, et tout en évitant la fluctuation causée par la dépendance excessive aux financements étrangers. Mais s'il devenait exagérément élevé, il entraînerait une dépendance démesurée à l'exportation et à l'investissement. Donc, sans rechercher à augmenter l'épargne, nous devrions profiter de cette chance d'accélérer le développement industriel et urbain, l'ajustement de la structure économique et la transformation du mode de développement. A mesure du vieillissement démographique, le taux d'épargne diminuera : d'après les prévisions des experts chinois, le chiffre tombera de 12% entre 2015 et 2025, ce qui indique que la période de forte épargne ne durera pas très longtemps.

Q : Selon la soi-disant « Responsabilité des pays épargnants », la forte épargne provenue des marchés émergents comme la Chine, est empruntée à des pays comme les Etats-Unis, à un taux d'intérêt trop bas ; l'accès facile aux capitaux a encouragé une consommation excessive et l'acquisition d'actifs à haut risque par des investisseurs, ce qui a mené à des bulles, puis à la crise financière internationale. D'ailleurs, la difficulté du redressement économique mondial est également due au niveau élevé du taux d'épargne de ces pays. D'après cette logique, en plus d'être accusée de déséquilibrer l'économie mondiale, la Chine doit se charger de la sauver.

R : Logique absurde ! Ils ont pris la branche pour la racine. La crise financière est en partie liée au faible taux d'épargne aux Etats-Unis, mais il ne faut pas l'attribuer à celui de la Chine. Parce qu'il n'existe pas une relation certaine entre ces deux taux. Comme la baisse de l'épargne américaine et l'augmentation de l'épargne chinoise correspondent à deux périodes différentes, un lien de causalité n'est pas évident à établir. Aux Etats-Unis, le phénomène de consommation excessive s'est formé bien avant l'augmentation de l'épargne chinoise. Durant la Grande Dépression, l'épargne américaine était négative, jusqu'à – 1,5 % en 1933, le taux le plus bas de l'histoire. En plus, il a connu un nouveau cycle de baisse depuis 1984, et est resté à 2 % pendant une période de 6 ans depuis 1999. Cependant, en Asie orientale, la hausse du taux d'épargne n'a débuté qu'après la crise financière asiatique de 1997-98, et celui de la Chine seulement à partir de 2002.

La faible épargne aux Etats-Unis et en Europe a plusieurs causes. Hormis un système de protection sociale trop massif, demeurent un problème de structure, une attitude trop optimiste et une politique économique fautive. De même, l'explosion de crise de la dette est due à des défauts structurels, à l'élévation excessive du bien-être, à la chute de la compétitivité industrielle ainsi qu'au relâchement de la discipline financière, constituent des problèmes internes à certains pays membres de la zone Euro. En conséquence, il est injuste et irraisonnable d'attribuer ces problèmes au taux d'épargne de la Chine.

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