Opportunités et défis pour les relations sino-mongoles |
Fang Hua Les échanges entre les dirigeants chinois et mongols sont fréquents en 2010. Au mois d'avril, le premier ministre mongol Sükhbaataryn Batbold était présent lors de la conférence annuelle du Forum asiatique de Boao organisée à Hainan en Chine. Fin avril, le président mongol Tsakhiagiin Elbegdorj a effectué une visite d'Etat en Chine, et participé à la cérémonie d'ouverture de l'Expo universelle de Shanghai. Au début du mois juin, le premier ministre chinois Wen Jiabao effectuait sa première visite en Mongolie. Le renforcement de la coopération économique et commerciale avec la Mongolie joue un rôle majeur dans l'accélération du développement des relations bilatérales. La Chine est devenue le plus grand partenaire commercial et le plus grand investisseur pour la Mongolie, en augmentant les aides vers ce pays limitrophe. Ces résultats favorables ont été obtenus sur la base de relations politiques saines et d'une complémentarité économique entre les deux partenaires.
Des relations saines La Chine et la Mongolie ont établi des relations diplomatiques en 1949, mais leur coopération économique et commerciale n'a réellement débuté qu'à partir des années 1990. Selon des données officielles chinoises, le volume du commerce entre la Chine et la Mongolie est passé de 243 millions de dollars en 1998 à 2 438 millions en 2008. Conséquence de la crise financière globale, ce chiffre était de 2 397 millions pour l'année 2009, dont 1 058 millions pour l'exportation chinoise et 1 339 millions pour l'importation chinoise. Malgré une réduction de 1,7 %, la Chine reste le plus grand partenaire commercial de la Mongolie, et ce depuis 11 ans. La Chine est également le plus grand investisseur pour la Mongolie. Selon le magazine anglais The Economist, le montant des investissements chinois a atteint 116 millions de dollar en 2009, un record depuis 12 ans. Le ministre mongol des Affaires étrangères a déclaré que les investissements chinois avaient dépassé la moitié du total des investissements étrangers en Mongolie, trois fois le montant total des Etats-Unis, du Japon, de la Corée du Sud et de l'UE. Les investissements chinois sont principalement dirigés vers les domaines de la prospection et l'exploitation des minerais, la construction des infrastructures, ainsi que les secteurs des produits d'élevage et de l'alimentaire. En comparaison, les investissements mongols vers la Chine sont faibles, bien que ce chiffre augmente chaque année. Dans le même temps, la Chine renforce sans cesse son aide vers la Mongolie. Après le gel de l'aide économique de l'ex-Union soviétique, la Mongolie transforma son système économique, en demandant de l'aide à la communauté internationale. Au mois d'août 1991, la Chine et la Mongolie ont signé de nombreux documents, dont un accord sur les crédits de la Chine vers la Mongolie et un accord sur l'encouragement et la protection mutuels des investissements. Au mois de juin 2002, ont été signés l'accord sur l'aide chinoise en matière de coopération économique et technologique et l'échange de notes sur l'ajournement du remboursement des crédits de la Mongolie vers la Chine, ce qui a bien stimulé le développement des relations économiques et commerciales entre les deux pays. De 2002 à 2007, la Chine a fourni des aides et des crédits équivalant à trois milliards de yuans, dépassant de loin le montant total des cinquante années précédentes. En outre, ces dernières années, la Chine offre chaque année entre 60 et 80 millions de yuans d'aide à la Mongolie, avec 200 à 300 millions de crédits à taux préférentiels. Au mois de mars 2010, la Banque de Développement de Chine lui a accordé un crédit de trois milliards de dollars destiné à la construction de routes et de chemins de fer. Des relations politiques saines ont favorisé le développement des relations économiques et commerciales entre les deux pays, d'autant plus que la désagrégation de l'ex-Union soviétique a apporté de grande opportunité d'échanges. Après la signature en 1994 du Traité sur les relations de coopération amicale entre la Chine et la Mongolie, les visites des dirigeants se sont multipliées. En 2003, les chefs d'Etat chinois et mongols sont parvenus à un consensus sur l'établissement du partenariat de bon voisinage et de confiance réciproque, nouvelle phase de développement des relations sino-mongoles. Lors de sa visite en Mongolie au début du juin 2010, le premier ministre chinois Wen Jiabao a eu des contacts avec les personnalités de tous les milieux mongols, et assisté à la cérémonie d'ouverture du Forum sino-mongol de coopération économique et commerciale, signant un traité intergouvernemental sur le système de contrôle des frontières entre la Chine et la Mongolie, ainsi que des documents liés à la coopération économique et technologique. La Mongolie est vaste mais peu peuplée : 2 habitants/km². Avec une envergure économique modeste, la pauvreté reste encore un grand problème pour ce pays sans littoral. Selon la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour le développement, la population pauvre représente 36 % de la population totale. En raison des conditions géographiques particulières, le secteur primaire centré sur l'agriculture et l'élevage, qui concerne 40,2 % de la population, joue un rôle dominant dans la structure industrielle du pays. La consommation des ménages est modeste, et les petites et moyennes entreprises ainsi que les marchands individuels représentent la quasi-totalité du commerce. L'exportation mongole est axée sur des produits comme des minerais et des matériaux bruts, tandis que son importation concerne principalement les installations mécaniques et électriques, ainsi que les produits textiles. En tant que centre mondial de la fabrication, la Chine occupe une position supérieure dans le domaine des technologies et des matériaux de construction, des produits mécaniques, électriques, et textiles. La promotion des relations sino-mongoles reflète dans une certaine mesure le développement rapide de la Chine. Avec l'essor économique chinois, la coopération sino-mongole continue de s'enrichir. Au mois de mars 2006, la Mongolie a été ajoutée à la liste officielle des destinations touristiques pour les citoyens chinois. Jusqu'à présent, on compte à peu près 700 000 Chinois ayant visité la Mongolie, largement plus nombreux que les visiteurs russes, japonais et sud-coréens. La Chine est déjà la plus grande source de touristes et également la plus grande destination touristique pour la Mongolie. Problèmes et perspective Aujourd'hui, la concurrence internationale autour des ressources mongoles devient acharnée. La Mongolie abonde en minerais, cuivre, or, uranium, charbon, fer, zinc et fluorine, dont une grande quantité reste à exploiter. A l'ère de la mondialisation, les besoins des grandes puissances en ressources croissent de jour en jour. En tant que pays en développement, la Mongolie a une capacité restreinte dans le domaine de l'exploitation des ressources. Pour le moment, la Russie occupe la plus importante place en termes de développement des ressources en Mongolie, en étant le « partenaire commercial en ressources ». Les Etats-Unis sont un partenaire commercial stratégique pour la Mongolie. Ces deux pays ont établi un partenariat intégral en 2004. Trois ans plus tard, ils ont signé un accord, déclarant que les Etats-Unis fourniraient à la Mongolie 285 millions de dollars d'ici à 2012. Le Japon est le pays qui a fourni l'aide la plus massive à la Mongolie, devenant son « partenaire commercial en crédit » et son cinquième plus grand investisseur. La dégradation de l'environnement économique mongole suite à la crise financière a engendré un nouveau cycle de secours international vers la Mongolie. Dès 2009, le montant total des crédits en provenance du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale, de la Banque asiatique de Développement et du Japon a atteint 384 millions de dollars. Dans le même temps, les investissements de divers pays pour les ressources stratégiques de Mongolie ont augmenté. La structure des investissements de la Chine vers la Mongolie reste déséquilibrée. Malgré un montant considérable, les investissements chinois sont centrés sur le secteur de la restauration, de la vente au détail et du traitement des produits agricoles, qui concernent principalement des entreprises de petite envergure à faible niveau technologique. De 2003 à 2005, la Chine a investi 360 millions de dollars dans le sectreur de minerais, seulement 53 % du montant total de ses investissements en Mongolie. De plus, les investissements chinois dans les ressources stratégiques en Mongolie sont beaucoup moins importants, seuls les investissements dans le fer et le zinc ont dépassé les 100 millions de dollars. En Mongolie, les problèmes internes handicapent les investisseurs. L'instabilité politique leur fait courir de grands risques. La Mongolie a publié une loi sur l'industrie minière en 1997 et l'a amendée en 2001, 2006 et 2009, augmentant l'inquiétude des investisseurs. De plus, le manque d'infrastructures de transports restreint considérablement l'exploration et l'exploitation des ressources. La Mongolie ne possède qu'une grande ligne ferroviaire qui traverse le pays du nord au sud, avec quelques ramifications. La capacité de transport annuelle est de 20 millions de tonnes, loin de satisfaire les besoins. Les problèmes historiques dans les relations sino-mongoles influencent la société mongole. Après la détérioration des relations sino-soviétiques, la Mongolie se rangea du côté de l'ex-Union soviétique, interrompant ainsi les échanges sino-mongols dans les années 1960 - 1980. En outre, au cours de cette période, la Mongolie a réformé son système d'écriture, ainsi, les habitants de la Mongolie intérieure, en Chine, étaient incapables de déchiffrer les documents écrits. La clé de la promotion des relations économiques et commerciales consiste à créer de nouveaux domaines de collaboration, par exemple, la construction des infrastructures en Mongolie et l'ouverture de nouvelles lignes de transport. Ces dernières années, le taux de couverture forestière baisse en Mongolie, avec la dégradation des prairies et la destruction de la végétation causée par l'exploitation des ressources minières, tandis que la Chine accumule des expériences favorables à la résolution de ces problèmes. Une coopération en matière de protection de l'environnement serait stratégique pour les deux pays. En plus, l'accélération de la collaboration économique régionale favorisera l'approfondissement du développement de la coopération économique et commerciale bilatérale. Beijing Information |