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Publié le 23/07/2010
Belle au parc dormant cherche prince charmant

Li Li

Contrairement aux soirées, bars et boîtes de nuit, dans beaucoup de pays, les parcs sont un lieu de loisir et de détente, pas forcément destinés à fixer un rendez-vous pour une aventure amoureuse. Ce n'est pas le cas en Chine. Dans les parcs des grandes villes, des foires de « chasse à l'amour » sont régulièrement organisées par des parents désireux de voir leurs enfants mettre fin à la solitude.

Rencontre des familles : Les parents, pressés de mettre fin au célibat de leurs enfants, échangent des informations, le 19 juin 2005

Le Parc Zhongshan, un ancien jardin impérial situé au sud-est de la Cité interdite, fait office d'agence de rencontre depuis six ans. Au bord de l'eau, une zone de 300 m² se transforme en marché bruyant chaque après-midi, où se pressent plusieurs centaines de personnes âgées qui ont hâte de « vendre » leurs enfants. La réputation de la foire attire aussi des jeunes bien décidés à rompre avec le célibat.

Habituellement, les parents, assis sur les bancs, étalent à même le sol un dossier relatif à leurs enfants, accompagné bien sûr, d'une photo. A 15 h, la foire bat son plein, le parc est submergé par une véritable marée humaine.

Les retardataires, qui ne trouveront assurément plus de banc libre, épinglent le dossier sur leur chemise ou leur sac, et guettent le « client ».

Fixer un rendez-vous pour les futurs tourtereaux est un rituel en trois étapes. Tout d'abord, le physique. Age, taille, niveau d'éducation, travail, revenu mensuel et Hukou (certificat de résidence) constituent les premiers soucis des parents.

Si les conditions sont réunies, démarre la deuxième étape : un entretien sur les centres d'intérêt. Certains parents insisteront sur les études, le prestige de l'école ou de l'université. Alors que d'autres s'attacheront à la compatibilité entre les signes astrologiques de leurs enfants.

« Discuter avec les parents, c'est le plus important », explique cette maman, Jiang, qui préfère garder l'anonymat. Administratrice d'un hôpital à la retraite, ce n'est pas sa première fois. Elle espère trouver un mari à sa fille de 27 ans, assistante dans une université de Beijing. « Je déteste les snobs qui ne parlent que de questions matérielles : « Votre fille a-t-elle un appartement ? Elle est belle ? », etc… Ma fille et moi nous sommes mises d'accord pour trouver un homme qui ne soit pas de Beijing. Car en général, ils sont méprisants à l'égard des provinciaux », déplore-t-elle. Jiang est née dans le Heilongjiang, province du nord-est. En 2007, elle est venue s'installer dans la capitale.

Selon elle, un gendre issu d'une famille rurale est inacceptable, car elle a peur que la faible retraite chez la plupart des fermiers ne devienne un lourd fardeau pour sa fille lorsque ses beaux-parents seront vieux.

Si, après discussion, les parents s'apprécient, place à l'étape finale : l'échange de numéros. Après la foire, les plus heureux peuvent parfois rentrer à la maison avec une moisson de dix dossiers.

Zhao Jun, qui veut fonder une agence de rencontres haut de gamme, a fréquenté la foire pendant trois ans, afin d'établir son fichier client. D'après lui, si les échanges de dossiers sont nombreux, le taux de réussite reste extrêmement bas. « Le mariage, c'est une communion entre deux êtres. Alors que les parents ne pensent qu'à l'argent », explique-t-il. Son agence de rencontre est centrée sur l'organisation d'activités visant à faciliter le labeur de Cupidon.

Parfois, parents et enfants se disputent sur la manière d'organiser la rencontre. A cela s'ajoutent les divergences de vues sur le prince charmant idéal.

Une autre femme, mère de deux filles, de 34 et 32 ans, ne se rappelle plus combien de fois elle est venue à la foire. « Je n'en dors pas la nuit, alors que mes filles ne me disent même pas quel genre de mari elle veulent. Maintenant, j'évite le sujet avec mes voisins, j'ai honte de leur dire que mes filles ne sont pas mariées », se lamente-t-elle.

« Lors de rendez-vous, j'ai rencontré des filles qui n'avaient pas la moindre intention de trouver un copain. C'est sous la pression des parents qu'elles venaient au rendez-vous », raconte M. Li, 37 ans.

Fernando M. Romero Pecourt, 42 ans, est traducteur à l'Ambassade d'Espagne en Chine. Après plus de deux heures d'interrogatoire musclé avec les parents, il a obtenu les coordonnées d'une vingtaine de célibataires. « Par rapport à l'occident, ici, les parents sont très différents », dit-il. « Mais je pense que la probabilité de trouver l'âme sœur est plus ou moins la même que de donner mon numéro de portable à une fille dans une bar. Alors, pourquoi ne pas essayer ? »

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