A Cannes, aucune récompense pour le cinéma chinois |
Dimanche dernier, la remise des récompenses lors de la cérémonie de clôture n'a pas étonné les amateurs de cinéma chinois. Chongqing Blues de Wang Xiaoshuai, seul film chinois en lice pour la palme d'or, n'a pas été couronné. Jia Zhangke, sélectionné dans la catégorie « Un certain regard » avec I wish I Knew, n'a rien remporté. Depuis dix ans que la Chine est représentée au festival de Cannes, 2010 marque la cinquième année sans récompense.
En réponse à ce résultat frustrant, certains invités chinois comme Wang Xiaoshuai et Fan Bingbing étaient unanimes : « Le plus important, c'est de participer ». Mais d'autres cinéastes du pays ont fourni une explication plus pertinente : c'est le marché domestique qui est responsable de l'échec total du cinéma chinois sur la croisette. D'une part, les films sacrés lors de festivals ne font pas recette à l'intérieur du pays ; d'autre part, la plupart des réalisateurs ne s'intéressent pas à Cannes, car pour eux, seul le box-office compte. Selon Zhang Yang, réalisateur chinois reconnu à la fois en Chine et dans les festivals internationaux pour ses films très réalistes - Shower, Sunflower, Quitting et Spicy Love Soup - l'attitude des réalisateurs dépend dans une large mesure des fluctuations du marché national. « Ces dernières années, le marché du cinéma en Chine a enregistré une croissance très rapide, avec des box-offices aux recettes astronomiques. Il en résulte un changement de mentalité des cinéastes. Un réalisateur qui n'arrive pas à ensorceler le public n'a pas voix au chapitre, même si un grand prix dans un festival international trône sur sa cheminée. Le plus important, c'est de faire du bénéfice », regrette Zhang. M. Yuan Xin, vice-Président du Groupe SMI Corporation Limited, a financé le tournage de plusieurs films célèbres. Lors d'un entretien, il a expliqué que les festivals n'étaient pas une préoccupation des investisseurs. « Avant d'investir, il faut prévoir l'orientation du marché », a-t-il ajouté. |