A Yushu, le thé au lait diffuse ses arômes |
Le 22 avril, dans le petit bourg de Jiegu, il a neigé pour la première fois depuis le séisme. Mais cette robe blanche n'a pas empêché le soleil de briller. Et dans la matinée, le ciel s'est éclairci, habillant le versant nord de la Route Minzhu de douces couleurs. Au village de tentes installé dans le stade de Yushu, Danzang, âgée de 58 ans, retrousse ses manches, et sort une casserole fumante du feu pour remplir la tasse de son mari. Les feuilles brunes dansent dans la tasse émaillée de laquelle s'échappent des senteurs parfumées ; ce sont celles du thé au lait. « Les Tibétains ont l'habitude de boire un bol de thé au lait tous les matins. Si on ne le fait pas, on est mou et endormi toute la journée. Vous tombez à pic : c'est le premier thé au lait depuis le tremblement de terre. » La maison de Danzeng n'étant plus qu'un tas de ruine, le gouvernement l'a déplacée, et elle s'est donc installée avec sa famille dans le village de tentes. Pendant plusieurs jours, toute la famille a cherché des couvertures et des matelas dans les décombres. Et hier, ils y ont déniché un four. Autour de cette tasse de thé, Danzeng entame la conversation : « Lors du séisme, on ne pouvait même pas se tenir debout. En voyant mon mari projeté contre le mur, j'étais terrifiée, j'ai cru que nos vies étaient terminées. Pourtant, depuis, chaque jour amène son lot de changements. Quand le marché est rouvert, je vais acheter des marmites pour remettre à faire la cuisine. Tout va s'améliorer, nous ne perdons pas espoir. » Le lendemain de la catastrophe, la famille de Danzeng buvait de l'eau fournie par le gouvernement, et mangeait des nouilles instantanées. Il y a cinq jours, ils se sont installés dans cette tente bleue leur permettant de s'abriter du vent et de la pluie. Le jour d'après, ils recevaient des tourtes et du bœuf séché livrés par de proches parents. Et c'est hier qu'ils ont faire bouillir la première casserole d'eau. Et à l'instant, ils se sont remis à boire du thé au lait. Et dans ce village de fortune installé sur le champ de course Zhaxike, et accueillant environ 30 000 d'habitants, notre journaliste a découvert que les autres sinistrés étaient aussi en train de faire bouillir le thé au lait. Le thé au lait coule à flot à Yushu, symbole d'une amélioration de la situation des sinistrés. A l'angle de la Route Minzhu, à deux pas du stade, les petits marchands ouvrent leurs échoppes. A côté des dentifrices, brosses à dent et autres serviettes de toilette, des dizaines de palettes de lait trônent sur les stands. « Les Tibétains ne peuvent pas concevoir un repas sans thé au lait. Les bouteilles de lait se vendent donc comme des petits pains. On me demande sans cesse si j'ai des marmites à vendre. Il paraît que les habitants ont non seulement recommencé à faire du thé au lait, mais également à faire la cuisine », explique Han Dong, un commerçant. Beijing Information
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