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Publié le 26/04/2010
Rencontre avec Bérénice Angremy : insuffler Arles à Beijing
Bérénice Angremy répond des questions de Beijing Information

Jin Duoyou

Son père a longtemps travaillé dans la capitale chinoise, et son frère est né à Hongkong. Ces liens durables avec la Chine ont poussé Bérénice Angremy à apprendre la peinture traditonnelle chinoise à l'Ecole du Louvre, à Paris. En 2002, elle a commencé ses recherches sur l'art contemporain chinois à Beijing. Deux ans plus tard, avec son collaborateur chinois Huang Rui, Bérénice a organisé avec succès le festival artistique international de Dashanzi.

2010 marque sa huitième année dans l'Empire du milieu. Après avoir organisé quatre éditions du festival de Dashanzi, Bérénice était en quête de nouveaux défis. Et le 17 avril, le « Caochangdi Photospring – Arles in Beijing 2010 » était officiellement lancé au Three Shadows Photography Art Centre, à proximité du nord-est du cinquième périphérique de Beijing. Rendez-vous phare du Festival Croisements 2010, cet événement est organisé par l'institution artistique Thinking Hands, le Three Shadows Photography Art Centre et en collaboration avec l'ambassade de France en Chine. C'est à cette occasion que Beijing Information a rencontré Bérénice Angremy, fondatrice de Thinking Hands, afin de tout savoir sur les coulisses de ce festival de photographie.

Beijing Information : Les Rencontres photographiques d'Arles, fondées en 1969, se tiennent pour la première fois à l'extérieur de la France. Quand et dans quel contexte avez-vous eu l'idée d'organiser cet événement ?

Bérénice : Les Rencontres d'Arles connaissent bien la photographie chinoise. En 2003, j'avais déjà géré un projet sur l'art contemporain chinois dans le cadre des Rencontres. Quatre ans plus tard, j'ai invité les artistes chinois Rongrong & Inri au festival. Nous avons été subjugués par le nombre de spectateurs, d'experts et de photographes que cette petite commune du sud de la France pouvait rassembler. A ce moment-là, nous avons discuté de la possibilité de transposer cette atmosphère en Chine. Bien que Beijing ait toujours été le centre culturel de Chine, il n'existait pas encore de bonne plate-forme de communication pour les photographes internationaux.

Par ailleurs, François Hébel, directeur artistique des Rencontres d'Arles, a toujours accordé une grande attention à la photo chinoise. Depuis 2003, ce festival organise annuellement une série d'expositions photographiques chinoises en France, toujours avec succès. Dans ce contexte, François Hébel a rapidement accepté notre proposition : faire voyager Arles à Beijing.

Sur quels critères le choix des photographes et de leurs travaux est-il effectué ?

Comme les spectateurs sont en majorité chinois, nous donnons priorité aux chef-d'œuvres les plus reconnus. Par exemple, le travail de Lucien Clergue, qui, s'il n'est pas le plus célèbre photographe du monde, a une relation étroite avec les Rencontres d'Arles. Etroite, car il en est l'un des fondateurs, mais aussi car ses clichés reflètent le quotidien, ce qui intéressera probablement les jeunes photographes chinois.

Nous avons par ailleurs invité de jeunes artistes européens, comme le Français Pierre Gonnord, qui vit en Espagne depuis 22 ans. Daido Moriyama, la force photographique japonaise, sera aussi présent. Les photographes chinois sont également à l'honneur.

En Chine, d'autres festivals photographiques réputés existent, tels que ceux de Pingyao et de Lianzhou. Quelles sont les particularités de « Caochangdi Photospring – Arles in Beijing 2010 » ?

Je parlais du fait de faire venir l'atmosphère d'Arles à Beijing. Il ne s'agit pas d'une atmosphère comme : « Ah, cette exposition est magique ! Je suis très content de voir ça… ». En fait, nons encourageons les spectateurs et les photographes à échanger sur des sujets plus profonds après la visite de l'exposition.

Les autres festivals se limitent principalement à exposer. Alors qu'hormis les expos, nous organisons des cours de photographie, des conférences à propos de livres sur la photographie, ainsi que des rencontres avec des experts. Nous espérons aider les photographes chinois, et permettre un meilleur dialogue entre les experts et le public. Telle est la véritable atmosphère d'Arles, et ce que nous cherchons à transmettre au public chinois.

Comment percevez-vous la scène contemporaine chinoise actuelle ? Avez-vous noté de grands changements au cours de huit années que vous avez passées en Chine ?

La scène contemporaine chinoise a connu de grands bouleversements en huit ans ! Lorsque je suis arrivée à Beijing, 798 n'était constitué que d'usines abandonnées, alors qu'aujourd'hui, se dresse à cet emplacement une grande zone artistique connue dans le monde entier. A l'époque, Beijing ne comptait que trois galeries d'art contemporain, contre plus de mille aujourd'hui.

Un autre changement témoigne du développement de l'art contemporain chinois. Pendant longtemps, les artistes ont été considérés comme des marginaux, alors qu'actuellement, leur vie et leur travail attirent l'attention des médias. Il s'agit là d'un signe d'intégration sociale.

Dans les cercles d'art contemporain chinois, actuellement, le plus grand défi se résume à créer les chefs-d'œuvre les plus extraordinaires.

Pouvez-vous nous parler du style et du niveau des photographes chinois ?

L'histoire de la photographie chinoise n'est pas longue. Il s'agissait d'abord de photographes indépendants depuis les années 80. Une particularité intéressante caractérise ces milieux : les chef-d'œuvres qui ont remporté un grand prix au niveau mondial n'ont pas été créés par des photographes professionnels, mais par des sculpteurs ou des peintres, entre autres.

Vous désirez réunir les deux grands univers photographiques chinois, à savoir la photo de presse, et la photo d'art. Comment comptez-vous vous y prendre ?

J'espère que ces deux mondes communiqueront davantage. Qu'est ce que la photographie ? La photographie numérique et la photographie en noir et blanc ? Comment se sont-elles développées ? Quels sont leurs liens avec la société ? Voici le genre de questions sur lesquelles ces deux écoles pourraient échanger. Bien sûr, ces deux spécialités ont leurs propres points de vue, mais je pense qu'il existe un espace de discussion. Le Caochangdi Photospring leur fournit une plate-forme de communication, du moins c'est notre souhait. Voilà encore une grande particularité des Rencontres d'Arles.

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