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Publié le 16/04/2010
Comment le nucléaire change la face du monde

Chen Xulong, directeur adjoint du service des études stratégiques internationales de l'Institut chinois des recherches sur les questions internationales

 

Au XXe siècle, le nucléaire a changé la face du monde, il est également une technologie importante capable de stimuler le développement mondial et de réécrire l'histoire. Les bombes atomiques américaines ont accéléré la défaite des militaristes japonais, et la victoire de la guerre mondiale contre le fascisme. Les deux blocs, Etats-Unis et Union soviétique, se sont affrontés dans une course à l'armement, afin de construire un arsenal capable de se détruire l'un l'autre. Ce terrible équilibre nucléaire a pu stabiliser un monde embrumé dans la guerre froide, étouffer la possibilité d'une vraie guerre, et ainsi maintenir la paix en Europe comme dans le monde entier. Grâce au nucléaire, les grandes puissances ont renforcé leur position et leur rayonnement sur la scène internationale, et les petits pays ont amélioré leur sécurité. Certains d'entre eux portent depuis longtemps le rêve du nucléaire, et d'autres cherchent une place sous le parapluie nucléaire. Le monde n'est pas tranquille dans les remous de cette vague nucléaire. Le « Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires » et le « Traité d'interdiction complète des essais nucléaires » ont été élaborés en tant que fondements du mécanisme de non-prolifération. Cependant, ce mécanisme est très souvent mis à rude épreuve. Le spectre du nucléaire plane toujours. Afin de s'en préserver, le processus de désarmement nucléaire a démarré, et progresse dans la difficulté. Ainsi, les relations internationales au XXe siècle sont marquées du sceau nucléaire.

 

 

Le 6 août 1945, les Américains lancent leur première bombe atomique

 sur le Japon.

Des changements stratégiques

 

L'homme entre dans le XXIe siècle avec un bel espoir de paix, de progrès et de coopération, cependant que le monde n'est toujours pas pacifié. Les attentats du 11 septembre ont secoué les Etats-Unis et choqué le monde. Et la combinaison entre terrorisme et nucléaire inquiète en plus hauts lieux.

 

Actuellement, on compte dans le monde 9 Etats dotés d'armes nucléaires, et 40 pays dits « du seuil », capables de raffiner l'uranium enrichi. Il est toujours difficile de trouver une issue aux questions nucléaires en Iran et dans la péninsule coréenne. Et dans ce contexte, la sécurité nucléaire devient un sujet de plus en plus saillant. Comme l'initiative « Global zéro » l'a bien expliqué, les armes nucléaires ont aidé à stabiliser la situation internationale à l'époque de la guerre froide. Pourtant, aujourd'hui, ce rôle positif a été totalement dissimulé par la crise de la prolifération nucléaire et du terrorisme. La prolifération des armes nucléaires, bravant toutes les interdictions, est sur le point d'être amorcée. L'éventualité d'un recours aux armes nucléaires augmente dans les affrontements entre Etats, les accidents et les actes terroristes.

Les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center.

Aux yeux des Etats-Unis, leur sécurité nucléaire a été menacée, ou le sera tôt ou tard par des terroristes et certains « Etats voyous ». Afin d'assurer la sécurité nationale et les intérêts stratégiques, Washington cherche à remédier à la situation en modifiant sa stratégie.

 

Premier président noir des Etats-Unis, Barack Obama est considéré comme un grand réformateur. Peu après son investiture, il réfléchissait déjà à comment faire bouger les lignes sur la sécurité nucléaire. Prétextant la lutte contre le terrorisme nucléaire, Obama veut un monde « sans armes nucléaires », et souhaite que le monde entier partage ce rêve.

 

Néanmoins, ce monde sans nucléaire dessiné par le président américain est en fait sous-tendu par des intentions stratégiques. Premièrement, les conservateurs et réalistes américains ont fini par accepter l'initiative « Global zéro ». Pour la première fois dans l'histoire, les conservateurs et les libéraux aboutissent à un consensus. Deuxièmement, les Etats-Unis disposent d'autres forces dissuasives que le nucléaire pour protéger leur sécurité stratégique et maintenir leur position avantageuse. Dans son discours prononcé en février à l'Université nationale de la Défense à Washington, le vice-président américain Joe Biden a affirmé que les Etats-Unis dépendaient depuis longtemps des armes nucléaires pour dissuader l'ennemi et qu'aujourd'hui, grâce aux progrès scientifique et technologique, ils n'avaient plus besoin du nucléaire pour maintenir leur dissuasion. Troisièmement, en rétablissant la direction dans le processus mondial de désarmement nucléaire, les Etats-Unis adhéreront à nouveau à la grande famille internationale, et renforceront leur « soft power ». Quatrièmement, le grand risque de prolifération nucléaire contraint le président Obama à faire du désarmement une priorité.

 

Les Etats-Unis ne plaisantent pas sur la sécurité nucléaire. Le président Obama a déjà présenté son programme pour un monde sans armes nucléaires, qui se compose des étapes suivantes : réduire quantitativement les arsenaux nucléaires américains et russes conformément au Traité START III sur la réduction des armes nucléaires récemment conclu entre les deux pays ; inciter le Congrès américain à ratifier le plus tôt possible le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ; œuvrer de concert avec le reste du monde pour renforcer l'efficacité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à travers un contrôle plus rigoureux et des sanctions plus sévères à l'égard des pays qui ont violé le traité, tout en créant un nouveau mécanisme d'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire ; assurer la non-prolifération des matériaux de désintégration nucléaire destinés à la production d'armes nucléaires ; et finalement, organiser et présider un sommet mondial sur la sécurité nucléaire. De plus, la Maison blanche envisage de conclure un traité international qui mette fin à la production de matériaux de désintégration nucléaire destinés aux armements, afin que les terroristes soient dépourvus à jamais des armes ou des matériaux nucléaires. Ainsi, le Sommet nucléaire tenu les 12 et 13 avril à Washington constitue un chaînon important et significatif du programme américain pour un monde sans armes nucléaires.

La puissance terrible d'une explosion atomique.

Comment le sommet nucléaire transforme le monde

 

Le Sommet sur la sécurité nucléaire à Washington a comme objectif de renforcer le contrôle sur les matériaux et armes nucléaires, et de lutter contre la fraude nucléaire et le marché nucléaire clandestin. Les dirigeants de 46 pays y ont participé. Initiative importante de la politique de contrôle nucléaire de l'administration Obama, ce sommet vise à trouver une solution multilatérale à la question.

 

En fait, Obama a imaginé une pièce en trois actes pour son programme de monde sans armes nucléaires. Le dévoilement de la nouvelle stratégie nucléaire le 6 avril en a constitué le premier. Selon cette nouvelle doctrine, les Etats-Unis continueront à réduire leur arsenal nucléaire, arrêteront le développement de nouvelles armes nucléaires, et limiteront habilement le rôle que les armes nucléaires jouent dans leur dispositif de défense nationale. Cependant, le rapport ne s'engage pas à ne pas larguer en premier une bombe atomique. Le Sommet nucléaire à Washington constitue le deuxième épisode dans lequel le président Obama préside personnellement la réunion, et sollicite le soutien des pays participants à l'initiative « Global zéro », afin de consolider la place dominante de la Maison blanche dans le contrôle mondial des armes nucléaires. Le troisième épisode sera déroulera en mai. En réexaminant le « Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires », le président Obama souhaiterait intégrer le désarmement nucléaire au mécanisme de non-prolifération renforcé. Cette nouvelle stratégie de sécurité nucléaire entend dessiner un nouveau paysage dans les relations internationales.

Le Sommet nucléaire à Washington.

A travers ces événements retentissants, le nucléaire secoue à nouveau le monde du XXIe siècle. D'une part, il faut absolument prévenir le terrorisme nucléaire, d'autre part, les armes nucléaires ne sont plus le privilège des grandes puissances. Ces dernières sont obligées de renforcer leur coopération de manière à établir un nouveau système de sécurité nucléaire. Selon certains spécialistes, au XXe siècle, les grandes puissances étaient dotées d'armes nucléaires en raison de leur capacité de destruction, et la technologie nucléaire demeurait l'apanage d'un petit nombre de pays. Mais au XXIe siècle, n'importe quel pays, même une organisation terroriste, est capable d'obtenir ces terribles armes. Le monde se trouve à une période charnière. Partant de leurs intérêts nationaux, les grandes puissances doivent réduire leur dépendance aux armes nucléaires jusqu'à l'avènement d'un monde sans armes nucléaires. Par conséquent, un nouveau système de désarmement et de non-prolifération nucléaire sera nécessaire pour se conformer à ce nouvel objectif. Et la naissance de ce système dépend des efforts des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, de l'Inde et de l'Europe.

 

Si la course à l'armement nucléaire a changé le monde du XXe siècle, le processus de dénucléarisation transformera le monde du XXIe siècle. La réalisation de l'initiative « Global zéro » requiert la coopération internationale et le réajustement de la politique et de la stratégie de la sécurité nucléaire des grandes puissances.

 

La Chine jouera un rôle positif et important

 

Au sein de la communauté internationale, il est largement reconnu que la participation chinoise est indispensable dans la résolution de problèmes globaux concernant la paix, le développement et la coopération. Sans la présence des dirigeants chinois, aucun sommet mondial ne peut trouver d'issue complète. Et la question de la sécurité nucléaire n'échappe pas à la règle.

 

La Chine accorde une grande importance à la sécurité nucléaire et à la diplomatie des sommets multilatéraux. En septembre 2009, le président Hu Jintao a participé au Sommet du Conseil de sécurité de l'ONU sur la non-prolifération et le désarmement nucléaires. Cette année, il s'est rendu au Sommet nucléaire à Washington. La position active de la Chine sur la question nucléaire est bien claire. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et pays pacifique responsable, la Chine soutient un monde harmonieux de paix durable et de prospérité commune. En ce qui concerne le maintien de la sécurité nucléaire mondiale, elle insiste toujours sur une position active et positive, s'oppose fermement à la prolifération et au terrorisme nucléaires, et œuvre à promouvoir la coopération internationale afin de maintenir la sécurité commune.

 

Les questions mondiales, dont la sécurité nucléaire, pèsent sur les relations internationales. La coopération entre les grandes puissances est nécessaire. En fin de compte, les relations sino-américaines doivent être basées sur le respect mutuel et tournées vers les défis communs, car c'est l'unique voie vers la solution. Sur la question de la sécurité nucléaire, la Chine s'engage activement dans la coopération internationale et continuera à jouer son rôle important et spécial.

 

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