Un an de diplomatie Obama sur les traces de Bush |
Tao Zhipeng Il y a peu, le président Obama a soufflé la première bougie de son mandat présidentiel. Observateurs et journalistes ont profité de l'occasion pour faire un bilan de la politique du locataire de la Maison blanche. Son ambition de sortir les Etats-Unis de la crise financière et son audace de lancer la réforme médicale, domaine tabou pour ses prédécesseurs, lui ont permis d'asseoir son pouvoir. Mais, du point de vue de la politique extérieure, la nouvelle diplomatie d'Obama ne porte que la même finalité que celle de l'administration Bush. La décision d'Obama d'envoyer davantage de soldats en Afghanistan en constitue une preuve irréfutable.
La question afghane est un héritage de l'administration Bush. Dans un article récemment publié, Andrew Bacevich, professeur de relations internationales de l'université de Boston, a indiqué qu'après l'attentat du 11 septembre, l'ancien président Bush avait eu l'intention de déclencher une « guerre mondiale » afin d'éliminer la violence et le terrorisme. L'augmentation des effectifs en Afghanistan pourrait-elle être un signe qu'Obama souhaite accomplir la « mission » de son prédécesseur ?
Depuis les élections de 2008, le monde a placé de grands espoirs en la personne de Barack Obama, espérant qu'il réajusterait la position américaine à l'égard du reste du globe. Cependant, l'attitude de Washington sur l'Afghanistan a été décevante. Sous prétexte d'arranger le beau gâchis laissé par l'administration Bush, l'envoi supplémentaire de soldats est conforme à la politique de Bush, et mène la « nouvelle diplomatie » d'Obama sur l'ancienne route.
La diplomatie d'un pays souverain a toujours eu pour mission principale de servir les intérêts nationaux. Mais dans un monde toujours plus imbriqué économiquement et de plus en plus multipolaire, un pays responsable attribue un nouveau sens à sa diplomatie. En théorie, la diplomatie doit être la voie unique dans le règlement des problèmes bilatéraux et des questions internationales compliquées et litigieuses, afin que les pays en question cherchent des points d'accord et aboutissent à un compromis, et qu'on établisse un monde harmonieux et stable. Alors, quelle sont les réussites de l'administration Obama en la matière ?
Depuis son investiture, Obama poursuit une « nouvelle diplomatie » qui prétend rompre avec l'unilatéralisme de l'administration Bush, et tenir compte du pouvoir des actions coordinatrices de la communauté internationale. Il a reconnu maintes fois en public que les Etats-Unis n'étaient pas assez puissants pour agir à l'envie, et que le règlement des questions mondiales ne pouvait dépendre d'un unique pays. Ainsi, Obama a appelé les autres pays à assumer davantage de responsabilités.
Cependant, cette flexibilité tactique et théorique ne s'est pas traduite dans les actes, ni dans la finalité de la diplomatie US, qui sert les intérêts nationaux et préserve la sécurité nationale. Peu après la mise en application de la nouvelle diplomatie d'Obama, un certain analyste a conclu que le président américain ne serait absolument pas un pacifiste. L'attitude de Washington sur l'augmentation des effectifs militaires à l'étranger n'a fait qu'appuyer cette thèse.
Lors des élections présidentielles, le candidat Obama s'était fermement opposé au plan d'augmentation des effectifs en Irak de Bush. Aujourd'hui, son virage à 180 degrés a surpris le monde entier. Selon certains journaux, Obama a expliqué à ses assistants que l'augmentation des effectifs militaires à l'étranger était la bonne option. Et plusieurs de ses conseillers estiment que le succès de l'augmentation des effectifs en Irak a motivé l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan.
Pour l'ancien président Georges Bush, la guerre est une solution simple aux questions délicates. Durant ses huit années de mandat présidentiel, il a créé deux champs de bataille respectivement en Irak et en Afghanistan. Pour Obama, la situation n'est pas aussi simple qu'imaginait son prédécesseur. Mais il a quand même accepté cet héritage politique, et lui a même emboîté le pas sur la question afghane. Pourquoi cela ?
Selon certains analystes américains, l'attitude d'Obama sur l'Afghanistan est le résultat d'un équilibre entre la stratégie extérieure et la politique intérieure. Citant un officier de la Maison blanche, le New York Times a révélé que lors d'une réunion, le président Obama avait reconnu avoir critiqué le plan d'augmentation des effectifs militaires à l'étranger pendant les élections, mais soutenait activement l'envoi des soldats supplémentaires en Afghanistan pour le moment, première décision militaire depuis son investiture. Bien qu'il ne soit pas l'initiateur de la guerre en Afghanistan, il n'était pas tenu à la poursuivre. Mais il est au contraire devenu le personnage clé de cette guerre. Et cette position le poursuivra dans sa quête pour un second mandat.
D'après les révélations anonymes d'un haut fonctionnaire du gouvernement américain, Washington s'efforce d'élaborer une diplomatie qui permet d'agrandir les intérêts nationaux. Et cette stratégie, aucun président dans l'histoire, Obama y compris, ne permettrait aux autres pays de la contrarier.
Cependant, selon un rapport de l'Institut international des études stratégiques à Londres (IISS), les guerres contre le terrorisme en Irak et en Afghanistan ont révélé les carences militaires des USA, tandis que la crise qui a détruit le marché financier mondial est en posture d'ébranler la base économique des forces américaines.
Dans un récent discours, Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, a comparé le futur échec américain en Afghanistan avec le bourbier de l'Union soviétique dans le désert afghan. D'après lui, les Etats-Unis risquent de tomber dans le même piège. La politique d'Obama se trouve dans un goulot d'étranglement. L'énorme risque qu'il rencontre sur la scène internationale ne correspond pas à son ambition mondiale.
Beijing Information
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