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Publié le 29/03/2010
Quand je serai un citadin lambda…

A la recherche d'une nouvelle identité

« Avoir un poste stable et s'intégrer constituent les deux principaux défis auxquels les millions de travailleurs migrants sont confrontés. Et je ne fais pas exception. Par rapport à la génération précédente, les ouvriers paysans post 1980 ont un niveau d'éducation plus élevé et un esprit plus ouvert. Ils désirent appartenir aux villes dans lesquelles ils vivent maintenant », explique Yang Xiaoxia, députée de l'APN venue de la province orientale du Zhejiang.

Prendre soin d'eux : Chang Dechuan (à gauche), président du Groupe du Port de Qingdao, lit un rapport d'enquête sur la formation interne dans son entreprise, le 24 février. (Li Zhiheng)

Née dans une région rurale du Jiangxi, Yang a travaillé pendant une dizaine d'années à Ningbo, à 450 km de son pays natal. En 2006, elle a été nommée parmi les dix meilleurs travailleurs migrants de Ningbo.

Le 16 août 2007, Yang, contrôleur de qualité dans une usine textile, Veken Elite Co. Ltd, et six autres ouvriers paysans, ont reçu un permis de résidence de Ningbo, devenant les premiers résidents migrants de cette ville. En janvier 2008, elle a été élue députée de l'APN.

Mais le cas de Yang est exceptionnel. Pour la plupart des ouvriers paysans, obtenir un hukou urbain, ou un registre familial urbain, demeure un rêve inaccessible. Le système d'enregistrement de résidence constitue une barrière qui empêche les travailleurs migrants de s'intégrer dans la vie urbaine. Ce sentiment d'insécurité est exacerbé par certains décideurs politiques et citadins arrogants qui leur tournent le dos.

Selon Han Changfu, ministre de l'Agriculture, les citadins doivent changer d'attitude à l'égard des ouvriers paysans, car de toute façon, l'assimilation vaut mieux que la discrimination.

« Dans les villes, mieux vaut éviter de développer une dichotomie entre citadins et migrants », dit Han. « Nous ferons tout notre possible pour prévenir l'apparition de bidonvilles, qui existent déjà dans certaines mégapoles étrangères ».

Yang Xiaoxia croit qu'un nouveau système de permis de séjour doit être adopté en faveur de l'insertion sociale des travailleurs migrants. « D'une part, la réforme du système actuel est nécessaire pour faciliter leur immigration. D'autre part, il faut prendre plus de mesures permettant aux migrants ruraux d'avoir le même accès à la protection sociale que les citadins, pour les encourager à prendre part au développement des villes, que ce soit sur les plans économique, politique et social ».

En juillet 2009, la ville de Ningbo a expérimenté un nouveau permis de résidence permanent basé sur l'accumulation de points pour les travailleurs migrants. Le projet, premier du genre, consiste à offrir des permis de séjours aux cols bleus d'origine rurale. Les bénéficiaires doivent être en bonne santé, être âgés de moins de 45 ans, avoir travaillé au minimum cinq ans chez le même employeur, et être rattachés à la sécurité sociale depuis cinq ans au moins. Et pour être éligibles, les candidats doivent gagner au moins 100 points sur 150 au total.

Cependant, le processus d'évaluation est très strict. En novembre 2009, seulement 10 demandeurs sur 2500 ont été qualifiés, parce que pour la plupart des ouvriers paysans, il est très difficile d'obtenir des points avec un brevet de technologie ou un titre professionnel supérieur. Néanmoins, ce projet pilote n'en est pas moins jugé réaliste. « Je souhaite que ce qui se fait à Ningbo puisse être élargi à d'autres villes, pour que davantage de travailleurs migrants se sentent citadins, et se fixent un but dans la vie », indique Yang.

Le développement personnel comme priorité

« Mes collègues espèrent apprendre plus de choses tout en travaillant », dit Yang. « Parfois ils étudient la programmation après le travail. Ils ont envie d'avoir une promotion et un avenir brillant, au lieu de rester ouvrier de base toute leur vie ».

Pour la plupart des migrants post 1980 ou 1990, ni le travail ni le salaire n'est satisfaisant. Par rapport à la vieille génération, ils ont un niveau d'éducation plus élevé, aspirent à un travail mieux rémunéré et à une vie matérielle et culturelle plus agréable, et ils ne veulent pas un travail physique. De plus, ils manquent de formation professionnelle et de savoir-faire. Pire encore, ils sont peu familiers avec les règles de base concernant la production industrielle et le secteur tertiaire. Autrement dit, ils sont loin d'être qualifiés pour le travail non-agricole moderne.

D'une part, ils ne veulent pas suivre l'exemple de la génération précédente : travailler comme ouvrier. D'autre part, ils ne sont pas assez compétents pour être affectés à des travaux compliqués requérant une formation professionnelle particulière.

Comme on pouvait s'y attendre, il est plus difficile maintenant pour les jeunes migrants de s'enraciner dans les villes. Leur choix se limite aux secteurs à forte densité de main-d'œuvre et à faible revenu, qui exigent un haut degré de force physique, comme bagagistes, ouvrier du bâtiment, etc. De plus, ils ont du mal à maîtriser complètement le savoir-faire nécessaire à un poste ou à une industrie car chez eux, changer d'emploi est chose courante. Impatients de terminer leur apprentissage, ils n'acquièrent que des connaissances superficielles. Il en résulte ainsi un cercle vicieux : sans aucune compétence particulière, ils éprouvent plus de difficultés à s'intégrer dans la vie urbaine.

« Une enquête récente a révélé que les ouvriers paysans de nouvelle génération attachent de plus d'importance au développement individuel, estiment que les besoins matériels sont aussi importants que les besoins spirituels, et souhaitent davantage suivre une formation », dit Chang Dechuan, député de l'APN et président du Groupe du Port de Qingdao.

Chang suggère de valoriser le rôle des syndicats dans la formation. « Ceux-ci peuvent aider les entreprises à développer une formation professionnelle conformément aux lois et règlements », précisa-t-il.

« Petit à petit, cela permettra aux jeunes ouvriers ruraux d'améliorer leurs connaissances, jusqu'à ce qu'ils répondent finalement aux critères des employeurs », poursuit-t-il. « Là où les travailleurs migrants sont nombreux, les syndicats devront ouvrir des écoles à leur service, et explorer de nouveaux modèles d'enseignement ».

Pour cette nouvelle génération des ouvriers paysans, beaucoup de problèmes devront être réglés avant qu'ils ne se sentent vraiment à l'aise dans les villes. Au fil du temps, ils seront confrontés à diverses difficultés, comme le mariage, l'éducation des enfants ou encore la vieillesse, autant de questions qui nécessiteront l'intervention de la communauté toute entière, ainsi que des gouvernements à tous les échelons.

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