Qian Weihong : Le réchauffement climatique est mondial et durable |
Le professeur Qian Weihong.(cadata.cams.cma.gov.cn) La rigueur de cet hiver 2009-2010 a non seulement influencé la vie quotidienne des gens, mais a également provoqué de vifs débats sur la théorie du réchauffement climatique au sein de la communauté scientifique.
Le climat passerait-il d'un réchauffement à un refroidissement ? Afin de couper court à toute polémique, le portail d'information Xinhuanet a invité M. Qian Weihong, professeur de science atmosphérique à l'Université de Beijing, à discuter du changement climatique avec les internautes. Voici le résumé du discours en ligne du professeur Qian.
Une tendance mondiale et durable
Le réchauffement climatique est une notion qui dépend de l'espace et du temps. Généralement, on définit une tendance climatique sur une base d'un siècle, et à l'échelle mondiale. Dans les cent dernières années, les températures ont augmenté, malgré des années ou des dizaines d'années de baisse. Ainsi, on peut donc parler de « tendance au réchauffement ».
Pour expliquer les causes de ce rigoureux hiver dont presque tout l'hémisphère Nord a souffert, il faut évoquer la situation climatique depuis les années 80. Pendant cette période, la plupart des hivers étaient doux. Les pluies gelées de Chine en 2008 ou la vague de froid de 2009 ne sont qu'une fluctuation temporaire du réchauffement depuis 30 ans. D'un point de vue scientifique, les variations climatiques sont causées par des circulations atmosphériques anormales. Quand l'écart de température entre la terre et la mer s'élargit, l'air humide se déplace. Au Pôle Nord, les masses d'air froid s'accumulent faute d'ensoleillement. Mais au sud, il existe une zone d'air humide. Sous l'effet des écarts de température, l'air chaud se déplace au Pôle Nord et chasse l'air froid vers le sud, qui frappe ainsi de nombreux pays de l'hémisphère Nord.
Histoire du changement climatique
Grossièrement, le changement climatique terrestre a connu trois périodes : la période géologique, la période historique et la période nouvelle.
Dans la période géologique, le climat fut influencé par la dérive des continents et le mouvement d'orogenèse, mécanisme de formation des montagnes.
La période historique s'ouvre avec l'invention de l'écriture. L'enregistrement du changement climatique au long de l'histoire a fourni de précieuses informations datant de plusieurs millénaires.
La période nouvelle du changement climatique a commencé avec le début de l'industrialisation. Elle est caractérisée par une observation à l'aide d'instruments. Dans cette période, l'Europe est le pionnier, qui a établi des archives climatiques depuis plus de 200 ans. Au niveau mondial, nous ne disposons que d'un siècle d'archives. Et ces données montrent une tendance au réchauffement.
La prédiction d'une hausse de température de 2ºC n'est pas scientifique
Actuellement, la thèse selon laquelle la température mondiale moyenne augmenterait de 2ºC ou même plus à la fin du XXIe siècle est largement diffusée. Afin d'éviter cette augmentation trop rapide, les dirigeants des pays mondiaux sont plongés dans de vives discussions sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, discussions dont l'apogée fut le Sommet de Copenhague. Cette prédiction de 2ºC est-elle scientifique ? Le CO2 est-il le principal responsable du réchauffement climatique ?
Avant de répondre à ces questions, il faut d'abord reconnaître que la température tend vraiment à augmenter depuis plus de 100 ans. Mais à quel rythme ? Selon les enregistrements de 1850 à 2008, la température augmente généralement de 0,44ºC par siècle. Un tel rythme a été déjà constaté par l'expérience du siècle écoulé et s'accorde également aux cent ans à venir.
Alors sur quoi se fonde la version de 2ºC ? Il s'agit d'une différente référence de temps. Par rapport aux 30 dernières années, la température a déjà augmenté de 1,7ºC. Cependant, une référence de 30 ans n'est pas suffisante à décrire scientifiquement la tendance du climat.
En effet, selon la méthode de référence de cent ans, la température mondiale n'augmentera que de 0,6ºC vers la fin du XXIe siècle. Si on dessine un diagramme de température, le plancher apparaîtrait probablement en 2030, et le plafond, en 2060. Malgré cette ondulation, la tendance de l'augmentation sur 100 ans de 0,44ºC sera constante.
Quant au gaz à effet de serre, il est sans doute coupable pour l'augmentation de la température. Mais peut-on pour autant dire qu'il est le principal ou le seul en cause ? En réalité, rien n'est moins sûr, car de nombreuses interrogations demeurent. Par exemple, l'augmentation des émissions de gaz carbonique est mondiale, tandis que les récentes hausses de température sont régionales. En outre, la première hausse de la température mondiale a été observée en 1900, alors que celle des émissions s'est produite en 1950. De plus, la dernière décennie a été marquée par une hausse rapide d'émissions de CO2. Mais la température mondiale a pourtant connu une baisse de 0,01ºC. Comment expliquer cette divergence ? Quel rôle a joué la nature dans le changement climatique ? Pour convaincre l'opinion du lien entre réchauffement climatique et CO2, les scientifiques doivent d'abord clarifier ces zones d'ombre.
L'urbanisation et la mode de vie moderne détériorent l'environnement naturel
Bien que les recherches sur le lien entre le CO2 et le réchauffement climatique restent encore à approfondir, la protection de l'environnement doit être la préoccupation de tous.
Le processus d'urbanisation et le changement radical de mode de vie ont exercé une influence négative sur le climat. Par exemple le phénomène météorologique de la bruine, nécessaire à l'environnement naturel, devient de plus en plus rare en Chine depuis 40 à 50 ans. Les routes de béton en sont la cause : la pluie tombe sur ces routes et descend directement dans les égouts. Auparavant, cette même pluie était absorbée par les racines des végétaux. Le lendemain, l'eau s'évaporait dans l'air, et retombait sous forme de bruine.
Le développement moderne modifie les températures en ville. A Beijing par exemple, la température dans le quartier de Zhongguancun, centre de commerce et de l'industrie informatique, est plus élevée que celle du Palais d'Été, parc calme et bien reboisé situé à l'extérieur du quatrième périphérique. Il se dit même qu'au printemps, les fleurs éclosent prématurément à Zhongguancun. Dans les régions comme dans les villes, la température, uniforme auparavant, diffère aujourd'hui à cause des différents niveaux de développement. Ainsi, nous revenons à la théorie des écarts de température et de la dérive de la circulation atmosphérique. La chaleur engendre le vent, et le vent porte la pluie ou d'autres phénomènes météorologiques extrêmes.
Si le diagramme de l'évolution des températures et celui de la quantité de CO2 dans l'air ne sont pas encore synchrones, ce dernier demeure pourtant l'indice idéal des activités humaines. Il traduit bien la mode, l'envergure et la force de ces activités qui pourraient menacer l'environnement.
Beijing Information
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