Qu'est ce qui est derrière la rencontre Obama - le dalaï lama? |
Le président américain Barack Obama a rencontré le dalaï lama jeudi à Washington, malgré l'opposition ferme et répétée de la Chine. Obama a promis de construire "une relation positive et globale de coopération entre les États-Unis et la Chine au 21ème siècle" lors de sa visite très médiatisée en Chine en novembre dernier, mais il manque déjà à cette promesse à peine trois mois plus tard. Selon des observateurs internationaux, Obama veut, par la rencontre avec le dalaï lama, remplir plusieurs objectifs politiques sur le plan intérieur et international, tandis que le dalaï lama poursuit l'illusion de diviser la Chine sous le couvert de la religion. Quels sont donc les véritables motivations de cette rencontre entre eux deux? LA CARTE DU TIBET - UNE POLITIQUE INCHANGEE DE WASHINGTON FACE A LA CHINE En 1991, George H. W. Bush, alors au pouvoir, est devenu le premier président des États-Unis à rencontrer le dalaï lama. Il y a eu 11 rencontres entre les trois présidents américains et le dalaï lama avant l'entrée en fonctions d'Obama. Lors de sa campagne électorale, M. Obama a promis d'apporter le changement à l'Amérique, pourtant on n'observe pas de changement sur la question des rencontres avec le dalaï lama. Pourquoi ? Le magazine mensuel japonais Choice estime que cette action de M. Obama consiste à jouer la carte du Tibet afin de faire oublier les difficultés politiques et économiques de son administration aux niveaux intérieur et international. En jouant la carte du Tibet à ce moment décisif, M. Obama tente de détourner l'attention de ses partisans comme de ses dé tracteurs à un moment où il est confronté à une économie en grande difficulté et à une élection de mi-mandat bien plus difficile pour les démocrates. Ted Carpenter, vice-président chargé des études de défense et de politique étrangère au sein du Cato Institute, a déclaré que M. Obama tentait de tenir et de conquérir des circonscriptions é lectorales aux mains des Démocrates ou des Républicains avant novembre. M. Obama est soumis à "une pression considérable des circonscriptions politiques dans son pays", y compris aux pressions de son propre parti, sur les questions liées au Tibet. "Cette rencontre est une manière de gagner des soutiens dans ces circonscriptions" qui "soutiennent le dalaï lama et n' appré cient pas beaucoup la Chine", ajoute-t-il. Selon Martin Jacques, chargé de recherches au sein de la London School of Economics, l'action de M. Obama reflète ses pré occupations sur la baisse de l'influence américaine et la hausse de l'influence de la Chine sur la scène internationale. La crise financière mondiale a conduit à un changement dans l'équilibre des forces. Alors que la force des États-Unis décline, celle de la Chine grandit, a-t-il noté. Pierre Picquart, expert de la Chine au sein de l'Université de Paris, estime que la rencontre de M. Obama avec des personnalit és politiques telles que le dalaï lama vise à créer une barrière pour le développement de la Chine tout en consolidant la domination des États-Unis dans le monde. LE DALAÏ LAMA - UNE RUSE POUR POURSUIVRE LE SEPARATISME SOUS LE COUVERT DE LA RELIGION Le dalaï lama tente depuis longtemps et par tous les moyens de rencontrer des hommes politiques occidentaux, en particulier des présidents des États-Unis. Mais pour défendre son but politique, il a revêtu le déguisement de la religion afin de gagner l'acceptation et la faveur de l'Occident. La campagne du dalaï lama en Occident "semble conçue pour gén érer une pression diplomatique internationale pour, au moins, une autonomie politique du Tibet supérieure à celle actuelle, ou même une indépendance totale du Tibet vis-à-vis de la Chine", estime Ted Carpenter. Les Occidentaux sont parfois fascinés par la "religion" et la "liberté" que prêche le dalaï lama, et qu'ils admettent sans vé rifier les véritables intentions cachées derrière, estime Pierre Picquart. Emportés par une volonté de plaire à leur public, les dirigeants occidentaux, bien souvent, prennent la décision mal- avisée de rencontrer le dalaï lama, estime cet universitaire franç ais. Le dalaï lama défend parfois des idées politiques sans les masquer lorsqu'il rencontre des homes politiques occidentaux, bien qu'il affirme n'être qu'une personnalité religieuse. En 1992, par exemple, il a envoyé à Bill Clinton, juste après son investiture en tant que président des États-Unis, pour tenter ouvertement d'obtenir son soutien pour "l'indépendance du Tibet". Depuis les émeutes de Lhasa le 14 mars 2008, le dalaï lama a visité des pays occidentaux bien plus souvent, tentant de séduire davantage d'hommes politiques occidentaux. Toutefois, Ingo Nentwig, ethnologue allemand de renom, souligne que la communauté internationale devient plus sceptique vis-à-vis des intentions politiques du dalaï lama, et que davantage d'Occidentaux apprennent davantage de vérité sur les questions liées au Tibet. En conséquence, le dalaï lama doit recourir à davantage de campagnes publicitaires médiatiques pour inverser cette tendance, estime l'ethnologue allemand, qui s'est rendu plusieurs fois au Tibet pour y mener des études sur le terrain. "C'est comme une campagne publicitaire pour un produit sordide. La campagne peut renforcer les ventes pour un moment, mais finalement les consommateurs découvriront que ce qu'ils ont acheté est un mauvais produit et ils s'en détourneront", a-t-il prévenu. UNE MANOEUVRE MAL-AVISEE - PRODUIT DE LA MENTALITE DE LA GUERRE FROIDE M. Obama n'est pas le premier président américain à rencontrer, pendant son mandat, le dalaï lama. Trois autres avant lui l'ont fait depuis 1991. C'est parce que la carte du Tibet reste toujours dans la manche des dirigeants américains, encore influencés par la mentalité de la Guerre Froide dans leurs relations avec la Chine. Il y a é galement d'autres cartes similaires. Les observateurs internationaux pensent que tant que la mentalité de la Guerre Froide restera inchangée, les dirigeants am éricains auront tendance à jouer encore et encore ces cartes contre la Chine. Certaines forces politiques en Occident ont tendance à voir la Chine dans une perspective colonialiste, et répugnent à voir la ré alité que la Chine, en tant qu'État souverain, ne sera pas influencée par l'Occident sur quelque question que ce soit. M. Obama a misé dans sa campagne sur les promesses de changements. Pour l'instant il a un changement à faire qui serait bénéfique pour son parti et pour lui-même, mais aussi pour la Chine, les États-Unis et le monde entier. Ce serait d'oublier la mentalité de la Guerre Froide pour adopter une nouvelle manière de penser plus constructive dans la gestion des relations américano-chinoises. Puisque les deux parties ont déjà fixé les lignes directrices de leur partenariat et de leur coopération lors de la Déclaration commune de Beijing, ce que doit faire le président Obama c'est de donner corps à ces lignes directives par des actions concrètes. Source: Xinhua
|