J-L Borloo confiant sur la question des émissions de GES |
Guillaume Brandel A la veille du sommet de New-Delhi et en vue du sommet sur le climat de Mexico en novembre 2010, le ministre français de l'Écologie fait une escale en Chine, et inaugure le Comité de pilotage sur le développement urbain durable franco-chinois. Jean-Louis Borloo salue l'engagement chinois à Copenhague, et félicite la Chine pour la notification de ses engagements de réduction d'intensité carbone. Le ministre français s'était déjà rendu dans la capitale chinoise à la veille du sommet de Copenhague, afin d'écouter la position de son partenaire chinois, et de régler les derniers préparatifs. Aujourd'hui, Jean-Louis Borloo réitère la confiance qu'il porte à la Chine dans sa volonté d'agir pour l'environnement. « La France a salué l'engagement chinois à Copenhague, et est extrêmement heureuse que la Chine ait notifié ses engagements de réduction d'intensité carbone avant le 31 janvier, comme c'était demandé dans le cadre de l'ONU », a souligné le ministre français. La France félicite également la Chine pour « la lettre de confort complémentaire adressée au président de la COP, le premier ministre danois, et au secrétaire général de l'ONU pour le soutien et l'amplification de Copenhague ». Les Nations Unies ont annoncé que cinquante-cinq pays, représentant 78% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, avaient formulé leurs objectifs individuels pour lutter contre le changement climatique. Coopération renforcée dans le développement urbain durable Le vice-ministre chinois de la construction, de l'urbanisme et de l'habitat durable, et le ministre français de l'écologie ont installé de manière opérationnelle le comité de pilotage sur le développement urbain durable. Un atelier d'urbanisme pour grands projets a été créé, et des équipes communes travaillent en grandeur réelle sur deux sites, à Shenzhen, et dans la province du Liaoning. Le comité de pilotage vise à concevoir depuis le départ les éléments de la planification de villes complètes, par des équipes sino-françaises. Ces initiatives ont pour objectif d'aller vers un zéro carbone, en intégrant énergies renouvelables, efficacité énergétique, transports collectifs et individuels, gestion de l'eau, des déchets, etc. Si la coopération sino-française dans les domaines du développement durable est riche, avec notamment le centre de formation sino-français aux métiers de l'énergie, et les programmes d'architecture, la coopération dans les énergies renouvelables reste devant nous. La France n'a pas beaucoup développé l'éolien et le solaire, car elle avait l'hydraulique, la biomasse et le nucléaire. Mais elle le fait aujourd'hui à toute vitesse, notamment dans le photovoltaïque. Et il est absolument judicieux et nécessaire qu'il y ait une coopération beaucoup plus forte sur ces sujets avec la Chine, leader mondial. « Nous avons beaucoup de choses à apprendre des Chinois dans ce domaine », assure Jean-Louis Borloo. Préparer le post-Copenhague Le ministre français a rappelé que la Chine et la France souhaitaient rester dans leprocessus de l'ONU, et que les difficultés apparues lors du sommet de Copenhague n'étaient pas très importantes. La France ne partage pas un certain nombre de commentaires occidentaux sur Copenhague, et pense que ce sommet est un grand pas en avant. « Nos deux pays ont le sentiment que Copenhague, est une étape très importante, dans un processus absolument décisif. Les commentaires de quelques-uns, qui étaient moins positifs, sont simplement l'expression d'une incompréhension des cultures des autres », a affirmé Jean-Louis Borloo, par ailleurs convaincu de l'avancée formidable que représente le financement de l'aide aux pays les plus vulnérables. « Au lendemain de la notification des objectifs de chaque pays à l'ONU, nous partons sur des bases solides et robustes, qui permettent d'affiner l'accord international. Il y a indiscutablement un axe constructif et de bonne foi, entre plusieurs pays, dont la Chine et la France, qu'il convient d'élargir, et qui doit être l'axe central des prochaines discussions », estime le ministre français de l'écologie. Restent plusieurs points à discuter Pour Jean-Louis Borloo, le sommet de Copenhague a permis de se mettre d'accord sur l'essentiel : le financement des pays les plus vulnérables, la lutte contre la déforestation, la réduction de l'intensité carbone des grands puissants émergents, les réductions en valeur absolue du Japon, de l'Europe, mais pas celles des Etats-Unis, qui restent un peu en-dessous. Désormais, il faut transformer cet accord politique en processus onusien. Le ministre français de l'écologie déclare que, si la taxe carbone aux frontières de l'Europe n'est pas un objectif français, il pourrait le devenir dans le cas où les quotas d'émissions n'étaient pas généralisés. Un marché carbone pour réduire les émissions Le marché carbone des quotas d'émissions est une sorte de bonus malus : si on pollue moins, on peut vendre sur les marchés ; si on pollue trop, on est obligé de payer, en achetant des droits sur le marché. Ce dispositif européen, qui a maintenant quelques années, a montré son efficacité : « en 10 ans, on est à -23% d'émissions de carbone dans l'industrie, seul secteur qui a vraiment réduit ses émissions, plus que les transports, l'agriculture.. », rappelle le ministre français. L'idée générale n'est pas d'augmenter le coût de production, mais d'orienter des investissements pour améliorer l'efficacité énergétique et réduire le carbone. La question qui se pose désormais, et à laquelle la France répond par l'affirmative, est la suivante : faut-il un marché mondial des quotas ? Ou plus exactement de grands marchés régionaux. Jean-Louis Borloo a présenté à ses amis chinois ce marché non pas comme une taxe, qui surenchérit le coût de production, mais comme une façon d'orienter les investissements. « Ce serait bien que la Chine trouve une modalité, sinon il y aurait un déséquilibre des échanges. On ne souhaite pas mettre une taxe carbone aux frontières, mais qu'il y ait un marché carbone partout, qu'on donne un prix au carbone. Les modalités chinoises peuvent être différentes, ça n'a pas d'importance », a assuré le ministre de l'écologie. Ainsi, dans ce dossier sensible des émissions carbone, la voix française demeure positive et optimiste. Le débat se poursuit donc avec la Chine, dans un climat de confiance mutuelle, et, malgré leurs différences, les deux partenaires sont tournés vers un même objectif. Beijing Information |