La diplomatie chinoise en 2009 |
Wang Yizhou, directeur adjoint de l'Institut des Relations internationales de l'Université de Beijing 2009 restera une année très particulière pour la Chine. Le 1er octobre 1949, le président Mao Zedong proclamait la fondation de la République populaire de Chine sur la place Tian'anmen. Ayant hérité d'une nation méprisée, affaiblie, pauvre et turbulente, la Chine nouvelle aura mis 60 ans à renverser la vapeur. Entre 1949 et 1979, « l'homme malade de l'Asie » s'est muté en combattant intrépide et indépendant de toutes les formes d'hégémonies. Mais, ces trois premières décennies n'auront pas apporté de progrès économiques, la Chine étant restée en marge de l'économie mondiale. De 1979 à 2009, la magie économique a agi au sein de la Chine, qui a depuis lors maintenu une croissance annuelle moyenne de 10 % durant trois décennies consécutives. Aujourd'hui, elle devient la troisième économie mondiale, et le plus grand et plus prometteur pays émergent du globe. Si le président Mao demeure le chef historique de la révolution chinoise et le pionnier de l'indépendance de la nation, le président Deng Xiaoping est le porte-drapeau de la réforme et de l'ouverture guidant le navire économique du pays aujourd'hui. Ces deux grandes figures ont rappelé le souvenir mondial pour une Chine brillante dans l'histoire et réveillée aujourd'hui. Le 1er octobre 2009, un splendide défilé militaire a eu lieu à l'occasion de la Fête nationale, nourrissant non seulement la fierté nationale des Chinois, mais démontrant aussi à la communauté internationale la volonté chinoise de développement et de coopération avec le monde entier. En 2009, à l'occasion de la réunion des ambassadeurs chinois à l'étranger tenue en juillet, le président Hu Jintao a prononcé un discours important soulignant les principes et les objectifs de la diplomatie chinoise pour cette nouvelle période, à savoir réaliser la conception scientifique de développement, poursuivre le principe de paix, de développement et de coopération, harmoniser les conjonctures intérieure et internationale et améliorer progressivement le travail diplomatique, afin de rendre la Chine plus influente politiquement, plus compétitive économiquement, de renforcer son capital sympathie et son influence morale à l'international, créant ainsi un environnement favorable à la modernisation socialiste et à l'édification d'une société prospère. Ces injonctions traduisent la ligne fondamentale ainsi que les principes et politiques du gouvernement depuis la réforme et l'ouverture, et fixent le ton diplomatique pour les années à venir. Dans l'année 2009, la diplomatie chinoise a accompli les missions suivantes : premièrement, créer une garantie extérieure au développement stable et rapide de l'économie nationale dans ce contexte de crise économique mondiale. Dans ce domaine, de grands efforts ont été fournis par le ministère des Affaires Etrangères dans les échanges bilatéraux, les négociations multilatérales et les sommets financiers internationaux, de manière à définir la position chinoise et à préserver les intérêts nationaux. Deuxièmement, renforcer l'influence nationale et peser davantage dans la réforme des systèmes internationaux et à d'autres occasions multilatérales. L'exemple le plus remarquable dans ce domaine est la participation des dirigeants du pays aux quatre sommets internationaux tenus cet automne aux Etats-Unis, la réunion de l'Assemblée générale de l'ONU, le sommet sur le climat, le sommet financier et le sommet sur la lutte contre le terrorisme. A ces occasions, les dirigeants chinois ont formulé différentes propositions constructives et équilibrées, donnant une image plus positive du pays à l'international. Les propositions du président Hu Jintao à l'occasion du sommet sur le climat, qui ont été enrichies par des idées nouvelles, des engagements sincères, tout en conservant la ligne originelle, sont à cet égard remarquables. Troisièmement, rechercher des solutions appropriées aux questions internationales qui nous concernent, et s'efforcer de réduire leurs conséquences négatives. Dans la première moitié de l'année, la Chine a du affronter des démêlés concernant la mer de Chine méridionale. En raison d'une nouvelle mesure de la Convention des Nations Unies sur le droit maritime, qui demandait aux pays contractants de revérifier la ligne de base et les intérêts de leur territoire maritime et d'en soumettre les résultats, un nouveau « mouvement des frontières maritimes » s'est déclenché dans le monde entier. En mer de Chine méridionale, les Philippines, le Vietnam et la Malaisie ont eu recours individuellement ou conjointement à des actions sabotant les droits et intérêts maritimes de la Chine et brisant le statu quo et l'accord signé entre la Chine et ces pays. Ces provocations ont fait couler beaucoup d'encre dans les médias chinois, et provoqué de vives discussions chez les internautes. Le ministère des Affaires Etrangères est finalement parvenu à protéger les droits et intérêts fondamentaux du pays tout en préservant la paix régionale, en usant d'une diplomatie appropriée. Dans la seconde moitié de l'année, les perspectives autour de la question nucléaire dans la péninsule coréenne se sont assombries à cause de la suspension des pourparlers à six. Dans cette situation, la patience et la sagesse de la diplomatie chinoise a été précieuse pour impulser le processus de dénucléarisation. Récemment, Pyongyang a fait savoir qu'elle envisageait de se rasseoir à la table des négociations, une avancée partiellement attribuée à l'action de la diplomatie chinoise. Hormis ces réussites, la diplomatie chinoise a du affronter bon nombre d'autres grands défis en 2009. Comment neutraliser les conséquences néfastes des émeutes du 5 juillet à Urumqi ? Cet épineux dossier a donné du fil à retordre à la diplomatie chinoise. Aussi inattendu que l'incident du 14 mars 2008 au Tibet, l'incident d'Urumqi est non seulement lié à des causes internes, mais également à un contexte extérieur compliqué. Il a gravement porté atteinte à la solidarité ethnique, au développement économique et à la sécurité frontalière dans la région, et a engendré des difficultés dans les relations de la Chine avec certains pays islamiques (la Turquie a été parmi les rares pays à critiquer la Chine). A plus long terme, la diplomatie chinoise devra s'efforcer de prévenir l'influence et la pénétration des idées et des forces extrémistes islamiques, phénomène ayant déjà gravement posé problème en Occident depuis les attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Maintenant que l'ombre des émeutes d'Urumqi s'est dissipée, il est vraisemblable que cet incident n'aura pas d'effet réel sur l'image du pays à l'international. Mais il a cependant suscité une intense réflexion dans le milieu diplomatique. Selon certains spécialistes, des incidents tendent à se succéder continuellement aux frontières de la Chine. Une fois les forces indépendantistes de Taiwan affaiblies, les questions de sécurité et de diplomatie dans la région côtière du sud seront résolues. Mais les indépendantistes du Tibet et du Xinjiang ainsi que leurs complices extérieurs sont de plus en plus nombreux, constituant un nouveau défi pour la diplomatie chinoise. D'une manière générale, l'année 2009 marque la monté en puissance de la nation chinoise. Malgré un environnement international truffé de nouvelles menaces et de nouvelles tendances, la voix de la Chine résonne plus fort, et son implication dans les affaires régionales et internationales se montre plus active et plus profonde. A son entrée dans sa 60e année, la Chine continue de forger son image de grande puissance pleinement consciente de ses responsabilités, et de jouer un rôle constructif sur la scène mondiale, rôle de plus en plus estimé à travers le monde. Beijing Information
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