Le 15 novembre 2009, le président des Etats-Unis Barack Obama est arrivé à Shanghai, première étape d'une visite d'Etat de 4 jours en Chine. 

Il s'agit de son premier voyage en Chine depuis sa prise de fonction en janvier. Il est également le premier président américain à effectuer une visite d'Etat en Chine moins d'un an après son arrivée à la Maison blanche. 

Comment s'est déroulée cette visite ? Les relations sino-étasuniennes connaîtront-elles une nouvelle impulsion grâce au voyage du président Obama en Chine ? 

Les relations sino-étasuniennes depuis le début de l'année 2009

L'année 2009 marque le 30^e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et les Etats-Unis. Cette année, malgré le changement de locataire à la Maison Blanche, ces relations se sont développées de manière constante et constructive. 

Depuis la prise de fonction de Barack Obama le 20 janvier, des contacts intensifs et de haut niveau ont été établis entre la Chine et les Etats-Unis. Les rencontres entre les deux chefs d'Etat à différentes occasions ont non seulement témoigné de l'amitié des deux pays, mais également favorisé un bon début des relations entre Beijing et Washington sous la direction du président Obama. 

En effet, les accomplissements économiques prometteurs depuis la réforme et l'ouverture, l'organisation réussie des XXIX^e Jeux Olympiques et le magnifique défilé militaire à l'occasion de la Fête nationale ont pleinement montré la puissance de la Chine à l'échelle mondiale. L'écart entre les puissances chinoise et américaine s'est réduit, constituant un socle solide en vue de relations égalitaires entre les deux pays. 

L'économie américaine a perdu de sa superbe, surtout après le krach de Wall Street, et les Etats-Unis dépendent désormais plus de la Chine pour leur propre relance. 

Dans ce contexte de crise financière mondiale, afin de mieux mettre en avant les enjeux nationaux, l'administration Obama a présenté une nouvelle matrice diplomatique, le « smart power » (puissance intelligente), dont la Chine est un des principaux objets. Ainsi, de grands connaisseurs de la Chine ont été incorporés dans l'administration Obama. 

Les obstacles dans les relations sino-étatsuniennes

Les obstacles se trouvent d'abord dans les relations commerciales. La crise financière a réveillé le protectionnisme américain. L'environnement commercial tend à se détériorer à cause de l'abus de mesures anti-dumping. Dans le domaine des Droits de l'Homme, les divergences autour de la question du Tibet et de la démocratie restent inconciliables. Au sujet de la modernisation de l'armée, les progrès de la puissance militaire chinois susciteront davantage d'inquiétudes de la part de la Maison blanche. Concernant le changement climatique et les nouvelles énergies, les querelles sino-étatsuniennes sur le principe et la responsabilité de la réduction des émissions de CO2 dureront encore longtemps. En Asie de l'Est, les Etats-Unis s'inquiètent de leur exclusion de la coopération asiatique en observant un partenariat de plus en plus serré dans la région. Ils imaginent la Chine comme le plus grand adversaire dans cette région. La présence d'Obama lors de la dernière réunion de l'APEC traduit l'intention de la Maison blanche de disputer la position dominante en Asie. Enfin, la question de Taiwan demeure toujours très importante dans les relations sino-étatsuniennes. 

Pour conclure, le paradoxe des relations sino-étatsuniens réside dans le fait que les Etats-Unis, sous la stratégie de « Smart power », s'efforcent d'imposer davantage de responsabilités régionales et internationales à la Chine tandis que cette dernière, en tant que pays en voie de développement, concentre ses efforts sur ses affaires intérieures. 

Les facteurs de stabilisation des relations sino-étatsuniennes

 La Chine et les Etats-Unis partagent de nombreux intérêts communs au niveau bilatéral, régional et international. Les deux pays sont l'un pour l'autre le deuxième partenaire commercial. Ils sont confrontés aux mêmes enjeux dans la crise nucléaire de la péninsule coréenne, dans la rationalisation de l'ordre financier et économique de l'Asie, et dans la stabilisation de l'Asie de l'Est. Demeure encore une grande marge de progression dans la coopération bilatérale dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, de la non-prolifération nucléaire, du changement climatique, de la sécurité énergétique et de la préservation du libre-échange. Quant à la question de Taiwan, grâce à l'amélioration des relations entre les deux rives du détroit, elle est devenue un facteur contrôlable dans les relations sino-étatsuniennes.

 Avec la montée en puissance de la Chine, les Etats-Unis ont porté leurs relations avec la Chine au premier plan, les qualifiant de « relations bilatérales les plus importantes du monde ». Convoqué une fois inopinément au bureau ovale à la Maison blanche, l'actuel ambassadeur américain en Chine, M. Jon Huntsman, a reçu des instructions claires de la part du Président : les relations sino-étatsuniennes doivent être mutuellement compréhensives et positives.

 Jusqu'à ce jour, les deux puissances ont élaboré pas moins de 60 mécanismes de dialogue et de négociations, couvrant presque tous les domaines. En 1979, le PIB chinois était 15 fois inférieur à celui des Etats-Unis. En 2008, cette différence a été divisée par 3 et demi. Dans son discours à l'occasion de la Conférence sur les relations sino-étatsuniennes à Beijing, l'ambassadeur américain en Chine, M. Jon Huntsman, a cité une série de chiffres significatifs. D'après lui, en 1979, on ne comptait que 1 200 personnes étrangères à Beijing. Aujourd'hui, l'ambassade des Etats-Unis en Chine emploie à elle seule 1 200 employés. En 1979, l'ambassade américaine émettait 4 700 visas non-immigrants à des Chinois, dont 770 étudiants. En 2008, l'ambassade et tous les consulats américains en Chine ont émis au total 500 000 visas non-immigrants à des Chinois, dont 77 000 étudiants. 

Le nouveau communiqué conjoint sino-étatsunien

Le 15 novembre 2009, le président des Etats-Unis Barack Obama est arrivé à Shanghai pour entamer sa première visite d'Etat en Chine. Après avoir rencontré de jeunes étudiants chinois, futurs cadres, au Musée de la science et de la technologie à Shanghai, il s'est rendu à Beijing, où il s'est entretenu avec le président chinois Hu Jintao le 17 novembre, au sujet des relations bilatérales et des problèmes mondiaux. Un communiqué conjoint a été publié à l'issue de cet entretien. 

Selon ce communiqué, les deux dirigeants ont envisagé de nouveaux domaines de coopération, tels que l'exploration spatiale et la construction de chemins de fer à grande vitesse. 

Le développement sain des relations sino-américaines dépend du respect mutuel entre la Chine et les Etats-Unis, et les deux pays sont prêts à travailler ensemble pour que le sommet de Copenhague, prévu en décembre, soit suivi d'effets positifs, a indiqué le président Hu Jintao. 

La multiplication des échanges entre les peuples chinois et américain permettra de renforcer la coopération bilatérale sur les questions de l'économie et de la sécurité, a indiqué le président Barack Obama. 

Les deux dirigeants ont convenu d'approfondir la collaboration des deux pays sur la recherche en matière de santé et de contrôle des maladies, en particulier les pandémies, et de résoudre les dossiers nucléaires de la péninsule coréenne et de l'Iran par le dialogue. 

Dans le communiqué, le gouvernement des Etats-Unis a salué le développement pacifique des relations entre les deux rives du détroit de Taiwan, réaffirmé son adhésion au principe d'une seule Chine et son respect des trois communiqués conjoints américano-chinois, et déclaré reconnaître le Tibet comme faisant partie de la République populaire de Chine. 

Concernant la non-prolifération, la Chine et les Etats-Unis ont souligné leur engagement pour la construction d'un monde sans armes nucléaires. 

De plus, les deux pays ont convenu de maintenir leur dialogue et leur coopération en matière de politiques macro-économiques et financières, face à l'instabilité de la reprise économique mondiale. 

Perspective des relations sino-étatsuniennes

La visite du président Obama en Chine s'inscrivait dans le cadre de sa tournée en Asie. Pendant cette tournée de sept jours, presque quatre jours lui ont été consacrés. Cela traduit l'attention que l'administration Obama porte à ses relations avec Beijing. Le 18 novembre, en visite à la Grande Muraille dans la banlieue nord de Beijing, Obama a qualifié sa visite en Chine de « merveilleuse ». Des analystes à Washington sont convaincus que cette visite permettra de renforcer la confiance entre les deux chefs d'Etat, et d'inscrire les relations sino-étatsuniennes dans une perspective à long terme. 

Côté chinois, le Premier ministre Wen Jiabao a déclaré que la visite fructueuse du président américain revêtait une signification considérable. « J'espère sincèrement que cette visite permettra à l'ensemble des relations sino-étatsuniennes et à la coopération entre les deux pays de franchir un nouveau palier. » 

Selon M. Jin Canrong, directeur adjoint de l'Institut des Relations internationales de l'Université du Peuple de Chine, les relations sino-étatsuniennes évoluent vers la coopération, et des querelles n'entraveront pas ce processus. Nous avons raison d'afficher notre optimisme au regard de la situation depuis le début 2009. 

Beijing Information