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Publié le 19/10/2009
Au jeu de la réduction des émissions

Dans son discours prononcé le 22 septembre à New York à l'occasion du Sommet de l'ONU sur le changement climatique, le président chinois Hu Jintao a pris l'engagement solennel que la Chine réduirait « de façon significative » ses émissions de dioxyde de carbone par unité de PIB d'ici 2020, en prenant 2005 comme année de référence. Le quotidien Economic Information Daily, associé à l'Agence Xinhua, a publié une série d'articles éclairant la position chinoise sur ce sujet. En voici les points majeurs :

La Conférence de l'ONU sur le changement climatique se tiendra à Copenhague en décembre 2009. Ce sera l'occasion pour les dirigeants mondiaux de discuter d'un nouvel accord et de nouveaux objectifs, qui succéderont au protocole de Kyoto, valable jusqu'en 2012. En tant que l'un des plus gros émetteurs de CO2 au monde, la Chine subira de fortes pressions de la part des pays développés. Certains signes précurseurs montrent d'ores et déjà que ces derniers tendent de politiser le problème du climat afin d'en tirer des avantages économiques.

La Chine a réitéré à maintes reprises son opposition à ce « protectionnisme vert », qui, sous couvert de la protection de l'environnement soutient l'instauration de la taxe carbone sur les produits générant de fortes émissions. Pour la Chine, les pays en voie de développement ne devraient pas avoir à assumer la responsabilité de la réduction des émissions imposée par les pays industrialisés.

Selon les analystes, en proposant la taxe carbone, les Etats-Unis cherchent à améliorer leur image internationale en se posant comme chef de file de la lutte contre le changement climatique. Néanmoins, cette mesure n'est pas simplement conçue pour encourager les pays en voie de développement à réduire leurs émissions de CO2. Elle pourrait en effet conduire à l'affaiblissement de la puissance d'exportation des pays émergents tels que la Chine, l'Inde ou encore le Brésil. La Chine doit donc demeurer vigilante face à cette proposition américaine à double tranchant et s'opposer à toutes formes de protectionnisme dissimulées sous l'objectif d'une « croissance verte ».

Position du gouvernement chinois sur la scène internationale

Afin de respecter les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les pays développés doivent s'engager à réduire davantage leurs propres émissions, et, dans un même temps, accorder une assistance technologique et financière aux pays en voie de développement qui souhaitent s'engager dans cette voie.

Premièrement, l'émission de CO2 par habitant en Chine demeure inférieure au niveau moyen mondial. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale, la moyenne annuelle mondiale d'émission de CO2 par habitant est de 4,3 tonnes. Ce chiffre atteint en Chine 4,1 tonnes, ce qui est très inférieur à la moyenne observée aux Etats-Unis qui s'élève à 19 tonnes. De plus, alors que les émissions de CO2 des pays industrialisés sont générées par un mode de vie luxueux, celles des pays en voie de développement ne sont que la manifestation d'activités vitales pour leur développement économique. Il est donc naturel que les pays industrialisés assument davantage de responsabilités dans la réduction des émissions.

Deuxièmement, les importateurs sont de facto les véritables émetteurs de CO2. Les exportateurs consomment leurs ressources et énergies nationales pour satisfaire les besoins des importateurs étrangers. Les importateurs devraient donc prendre en charge, dans une certaine mesure, les émissions des pays qui exportent vers eux. Les pays développés importent d'énormes quantités de produits. En bénéficiant de ces produits moins chers, mais de bonne qualité, ils consomment les ressources des pays exportateurs et polluent leur environnement. Malgré cet état de fait, ils voudraient en outre leur imposer la taxe carbone, ce qui est inexplicable et déraisonnable. S'il fallait trouver une solution, ce serait aux pays développés de prendre la responsabilité des émissions des pays exportateurs et de la pollution de leur environnement.

Troisièmement, en évaluant le niveau des émissions, il est nécessaire de tenir compte de l'ancienneté industrielle. Il est injuste d'appliquer le même critère aux pays développés et aux pays en voie de développement. Par exemple, en Chine, les émissions de CO2 n'ont été mises en cause qu'à partir de 1978, date à laquelle le pays a adopté la politique de réforme et d'ouverture. Or les pays développés ont continué à émettre des gaz à effet de serre depuis plus de 100 ans, c'est-à-dire depuis leur entrée dans l'ère industrielle au XIXe siècle. Compte tenu de ce décalage, l'agrégat des émissions chinoises est bien moindre que celui des pays industrialisés. En tant que pays en voie de développement, la Chine donne systématiquement la priorité à son développement économique. Ainsi ne peut-elle pas assumer la même responsabilité que les pays développés dans la réduction des émissions.

Quatrièmement, les pays développés ont le devoir de transférer gratuitement aux pays en voie de développement les technologies propres et respectueuses de l'environnement. Afin de réaliser les objectifs de réduction des gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau non dangereux pour le système climatique, le Protocole de Kyoto a préconisé le transfert des technologies dans le domaine de la réduction des émissions et de l'exploitation de nouvelles énergies. Pour l'instant, les pays développés n'ont que peu fait à cet égard ; ils éludent délibérément la question tout en prétextant du refus de leurs entreprises nationales. Il est donc déloyal de la part des pays industrialisés d'exploiter la faiblesse technique des pays en voie de développement et d'en tirer d'énormes profits, en augmentant le prix de transfert ou de transactions des technologies vertes.

Attitude interne de la Chine

Dans le pays lui-même, les fonctionnaires, les économistes ainsi que les chercheurs ont tous réalisé l'importance de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. A l'instar des pays développés, la Chine est prête à assumer sa responsabilité nationale sur la scène internationale. Elle est disposée à agir activement pour la réduction des émissions et à faire autant d'efforts que sa situation le permet pour protéger son propre environnement.

Le plan de stimulation de 4 billions de yuans (586 milliards de dollars) adopté par le gouvernement chinois en novembre dernier consacre environ 580 milliards de yuans (85 milliards de dollars) aux projets conçus pour l'adaptation au changement climatique.

Une série de mesures montre par ailleurs que la Chine n'a pas ménagé ses efforts en matière de réduction des émissions : réorganisation du tissu économique, développement d'une économie de recyclage, économies d'énergies, augmentation de l'efficacité énergétique, élimination des capacités de production obsolètes, exploitation des énergies renouvelables et optimisation de la structure énergétique.

Malgré ces efforts, certains problèmes de fond cherchent toujours leur solution.

Le processus d'urbanisation et d'industrialisation s'est accompagné dans bon nombre de villes d'une expansion aveugle des activités productives, dont l'impact sur l'environnement a été négligé.

Cherchant à attirer les investissements extérieurs, certains gouvernements locaux encouragent l'établissement d'usines bas de gamme, fermées et délocalisées par les pays développés. La plupart d'entre elles procèdent à des activités à haute consommation énergétique, à haute émission de CO2 et fortement polluantes. Allant à l'encontre de son développement sain, la Chine risque de payer cher, à l'avenir, la suppression progressive des unités étrangères nuisibles à son environnement.

En outre, certaines politiques urbaines traduisent la volonté des officiels locaux de créer des « métropoles internationales ». Les arbres sont abattus et les pistes cyclables rétrécies. Les autoroutes sont allongées. Les gratte-ciel se dressent les uns après les autres. Tout cela influe progressivement et de façon imperceptible sur les citadins, dont beaucoup imitent le mode de vie luxueux étranger en s'achetant par exemple de grosses cylindrées.

A la différence de ces villes passionnées de luxe, certaines municipalités comme Shanghai, Hangzhou et Wuxi affirment leur différence en œuvrant à la construction de villes à faibles émissions de carbone, l'une des nouvelles tendances observées en matière d'urbanisation. Afin de réussir dans leur tâche, elles ont toutefois besoin d'acquérir des connaissances solides et des informations récentes sur les techniques permettant de minimiser les émissions de carbone.

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