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Publié le 28/08/2009
Réflexions stratégiques sur le renforcement de la coopération nucléaire entre l'Inde et les Etats-Unis

Ma Jiali, chercheur à l'Institut des relations internationales contemporaines de Chine

Le 21 juillet, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a terminé sa visite de cinq jours en Inde, premier voyage à l'étranger depuis qu'elle s'était cassée le coude le mois précédent. Les efforts de la chef de la diplomatie américaine ont porté leurs fruits : au cours de la visite, l'Inde et les Etats-Unis ont abouti à un consensus sur divers sujets. Ils sont notamment parvenus à un accord sur l'implantation de deux centrales nucléaires américaines sur le territoire indien.

Mme Clinton est la fonctionnaire hiérarchiquement la plus élevée à avoir visité l'Inde depuis l'accession au pouvoir de l'administration Obama. En juin, elle avait déclaré lors d'un discours qu'il faudrait porter à un niveau plus élevé les relations entre Washington et New Delhi, c'est-à-dire les faire passer de la version 2.0 du temps de Bill Clinton et de George W. Bush à la version 3.0. Par conséquent, le voyage de la secrétaire d'Etat est considéré comme un signe important dans l'accélération des relations entre les deux pays.

Lors d'un entretien, le premier ministre indien, Manmohan Singh, et Mme Clinton ont abouti à des accords sur divers dossiers. En ce qui concerne les relations internationales, un mécanisme de dialogue stratégique sera établi dans les domaines de la non-prolifération des armes, de l'anti-terrorisme et de la coopération militaire. En termes de techniques nucléaires, deux sites seront offerts par l'Inde pour l'implantation de centrales nucléaire civiles américaines. Quant aux ventes d'armes, un accord a été conclu sur « la clause de surveillance de l'utilisateur final », donnant à l'Inde accès aux armes américaines sophistiquées sous réserve que New Delhi autorise Washington à s'assurer que les armes vendues à l'Inde ne tombent pas entre les mains d'autres pays. De plus, trois documents importants ont été signés respectivement sur l'établissement d'un mécanisme de dialogue stratégique, sur la surveillance de l'utilisateur final et sur la coopération scientifique et technologique.

De multiples négociations ont été entamées entre l'Inde et les Etats-Unis concernant la coopération nucléaire. Le 18 juillet 2005, les deux pays ont annoncé dans une déclaration conjointe la reprise globale de la coopération en matière d'énergie nucléaire civile. Lors de la visite de l'ex-président George W. Bush en Inde en mars 2006, les deux gouvernements sont arrivés à un accord bilatéral : l'Inde a accepté de séparer ses installations nucléaires militaires et civiles et de soumettre ces dernières au contrôle international, en contrepartie de techniques et de matériaux américains susceptibles de promouvoir le développement de son énergie nucléaire civile. Le 3 août 2007, les deux parties ont publié conjointement l' « Accord 123 » (Accord sur la coopération nucléaire civile).

En août 2008, les 45 membres du groupe des pays fournisseurs de nucléaire ont débattu sur la question du droit de l'Inde à importer des techniques et matériaux nucléaires. Malheureusement, le premier tour des négociations n'a abouti à aucun résultat à cause d'une cinquantaine de réserves émises par l'Autriche, l'Irlande, la Nouvelle-Zélande et la Suisse. Une délibération urgente a donc été entamée entre les Etats-Unis et l'Inde, qui est à l'origine d'un amendement conclu le 28 août. Ce document, qui couvre la plupart des sujets controversés, marque un accommodement sur des problèmes extrêmement sensibles, tels que la concentration nucléaire et la technique de récupération, la subordination du commerce nucléaire aux essais nucléaires de l'Inde. Pour dissiper les inquiétudes des pays désapprobateurs, le ministre indien des Affaires étrangères a déclaré, un jour avant la reprise des négociations, que son pays suspendrait volontairement et unilatéralement les essais nucléaires, et refuserait de transférer des techniques sensibles à d'autres pays. Washington, de son côté, a imposé une alternative aux pays « dissidents » : soutenir l'accord nucléaire ou réduire les efforts antérieurs à néant en laissant l'Inde se retirer radicalement du mécanisme de la non-prolifération des armes nucléaires.

Le 6 septembre 2008, la pression américaine et l'éloquence indienne ont porté leurs fruits : le groupe des pays fournisseurs de nucléaire a accepté, à Vienne, de lever l'embargo sur le commerce nucléaire avec l'Inde. Par la suite, l'accord de coopération entre New Delhi et Washington sur le nucléaire civil, ratifié par le Congrès américain et signé par l'ex-Président Bush, est entré en vigueur.

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