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Publié le 19/08/2009
Faune et flore : nouvelles cartes de visite provinciales

Léopard, carte de visite du Shanxi.

Yin Xia travaille à Beijing depuis plus de 10 ans, mais elle est originaire de la province du Shanxi. Récemment, une initiative consistant à sélectionner les animaux et plantes les plus représentatifs en tant que nouvelles cartes de visite provinciales a été lancée dans l'ensemble de la Chine. Le léopard et la racine de codonopsis ont ainsi été désignés comme les deux cartes de visite du Shanxi. Selon Yin Xia, s'il n'y avait pas eu cette initiative, elle aurait toujours ignoré l'existence du léopard dans sa province natale. Après quelques recherches, elle a réalisé que les conditions d'existence de cet animal, placé sous protection nationale de premier ordre, étaient cependant inquiétantes au Shanxi, province plutôt connue pour son charbon. L'exploitation des minerais a entraîné une forte diminution du nombre de léopards. Plus que jamais, Yin Xia s'intéresse au sort des êtres vivant sur Terre et à la protection de la diversité biologique.

 Tang Yuankai

 Le 11 juillet 2009, la 23e session du Congrès international pour la conservation de la biologie (CICB) a eu lieu à Beijing. Selon un rapport publié lors de cette conférence, la vitesse d'extinction des espèces vivantes est 100 à 1 000 fois plus élevée que le niveau normal. Aujourd'hui, toutes les 20 minutes, une espèce animale ou végétale disparaît de notre globe. Cela signifie que dans 200 à 300 ans, la moitié des mammifères et des oiseaux auront disparu. La diversité biologique de la Terre est exposée à un danger sans précédent.

 
Fritillaire et panda géant du Sichuan. 
Le CICB se rassemble toutes les années pour établir une plate-forme d'échanges entre les biologistes, les organisations et les individus qui s'engagent dans la protection biologique. Ayant eu lieu pour la première fois en Asie, le Congrès de cette année a eu pour thème « la protection : harmonie entre nature et société ». Il a été organisé conjointement par le Bureau national des Forêts, l'Académie des sciences de Chine et la Société internationale pour la conservation de la biologie (SCB). Durant 6 jours, plus de 1 200 experts et militants pour la protection biologique, venus de 74 pays et régions du monde, ont participé à ce congrès.

Dans son discours inaugural, M. Jia Zhibang, directeur du Bureau national des Forêts, a indiqué que l'humanité faisait face à des problèmes majeurs, tels que le manque de ressources, la détérioration biologique et la diminution des espèces vivantes, ce qui constitue d'importants défis pour le développement durable. Selon lui, la Chine adoptera une attitude fortement responsable vis-à-vis des nouvelles générations de Chinois et de la biologie mondiale. Elle améliorera le travail de protection de la faune et de la flore sauvages ainsi que de son système naturel et biologique, et renforcera le travail de préservation des espèces en voie d'extinction. « La biodiversité est le résultat de l'évolution de la nature au cours de centaines de millions d'années. Elle peut non seulement fournir des ressources dont l'homme a besoin pour son existence et son développement, mais aussi maintenir l'équilibre de la nature et améliorer l'environnement », a ajouté M. Jia.

L'initiative de la sélection des animaux et des plantes comme symboles provinciaux est un événement national important qui a pour but de promouvoir la préservation de la diversité biologique dans l'ensemble du pays. En 2007, le ministère de la Protection de l'Environnement, le ministère de l'Education ainsi que le Comité central de la Ligue de la Jeunesse communiste de Chine ont recueilli conjointement auprès du public le programme pour un événement d'intérêt public concernant la protection de la diversité biologique. Le programme qui a finalement été choisi est celui qui a été proposé par l'Institut de la Protection environnementale de Beijing (IEP), et qui consiste à sélectionner les animaux et les plantes les plus représentatifs de toutes les provinces du pays.

Sous le grand patronage du ministère de la Protection de l'environnement, le 22 mai 2008, journée internationale de la diversité biologique, l'IEP, la Société pour la conservation de la faune sauvage (WCS), le travail conjoint Chine-UE sur la protection de la biodiversité (ECBP) et la chaîne des sciences et des technologies vertes du portail chinois Sohu.com ont lancé la campagne des cartes de visite des animaux et des plantes. 310 000 personnes ont voté sur Internet, jusqu'au 22 mars 2009, pour élire leurs animaux et plantes préférés. A partir de ces votes et de l'avis des experts, les 31 provinces, municipalités relevant directement de l'autorité centrale, régions autonomes ainsi que Hongkong et Macao ont choisi chacune un animal et une plante comme nouvelles cartes de visite.

En comparaison avec les événements similaires qui ont eu lieu dans le monde entier, seule l'initiative chinoise a mobilisé tout un pays. C'est pourquoi elle est considérée comme la première de son genre.

Des sélections difficiles

 
 Meconopsis et antilope du Tibet.

La Chine couvre un vaste territoire et possède un système écologique varié, ce qui est à l'origine de sa diversité biologique. Dans la mesure où la plupart des provinces se divisent selon le relief, elles conservent chacune leur particularité géographique et naturelle. De plus, les ressources de la faune et de la flore fusionnent avec la culture et les coutumes folkloriques locales.

« En Chine, toutes les provinces sont riches en ressources de faune et de flore. Pour elles, le choix n'est pas facile à faire », a constaté le docteur Xie Yan, directrice des projets chinois de la WCS. « Les animaux et les plantes sélectionnées doivent représenter le plus les espèces vivantes. Cependant, dans la mesure où les votants ne peuvent pas connaître tous les animaux et les plantes, on a créé un blog biographique pour chaque espèce », a expliqué le docteur Xie. D'après un sondage, la plupart des personnes ont consulté ces blogs sur Internet avant de voter. Les présentations proposées ont non seulement aidé les votants à faire leur choix, mais ont élargi leur horizon sur la diversité biologique de leur province natale.

En se basant sur les votes du public, un groupe d'experts a été chargé de sélectionner 3 animaux et 3 plantes pour chaque région afin de former une grande liste. Les espèces figurant sur cette liste sont soit des espèces rares et en voie d'extinction, soit ayant un lien étroit avec l'homme, soit revêtant une signification représentative et particulière du point de vue biologique, écologique ou culturel. Par ailleurs, la liste a exclu les sous-espèces.

« Cela a suscité de grands débats entre les experts », a précisé le docteur Xie. « Par exemple, la province du Jiangsu a voulu choisir la grue à crête rouge comme symbole dans la mesure où cet oiseau passe l'hiver dans une de ses villes. Cependant, selon les règles, il faut que l'espèce sélectionnée soit originqire de la région, ou au moins que 70% des spécimens vivent dans la région. S'il s'agit d'une espèce migratoire, la région concernée doit être son lieu de reproduction. Dans ce cas-là, seule la province du Heilongjiang peut choisir cet animal comme symbole.

Selon les organisateurs, cet événement a une portée éducative pour le public. En votant pour un animal ou une plante, le public prend davantage conscience de l'importance de la biodiversité. « La beauté des êtres vivants, leur rôle ainsi que la dégradation de leurs conditions de vie réveillent l'amour et la responsabilité de l'homme, qui s'engagera davantage dans la protection de l'environnement et de la diversité biologique». Quant aux provinces, ces nouvelles cartes de visite permettront sans doute d'enrichir leur image.

 Une mission difficile

La Chine est un des rares pays connus pour sa diversité biologique, elle est également le pays où le système biologique fait face à la plus grave menace. « En Chine comme dans beaucoup d'autres pays et régions, les activités économiques de l'homme ont entravé la vie des animaux et surtout des plantes. Les animaux peuvent fuir le danger en migrant alors que les plantes sont immobiles. Aussi la protection des plantes est-elle encore plus difficile que celle des animaux», a expliqué le docteur Xie. « A titre d'exemple, le magnolia sieboldii a été élu plante représentative du Liaoning. Il a une grande valeur économique et décorative, valeur qui l'a mis en danger. Certaines personnes procèdent à une cueillette abusive. Les fleurs sont mises dans des sacs de jute, celles qui ont de la valeur sont vendues tandis que les autres sont abandonnées. C'est une pratique fatale pour cette espèce de plante».

Dans la vie réelle, on a l'habitude de diviser les espèces vivantes en deux groupes : celles qui sont utiles, et celles qui ne le sont pas. La cueillette abusive des plantes dites « utiles» entraine l'extinction de nombreuses espèces sauvages. Afin d'augmenter l'exploitation des plantes économiques, on a abattu les forêts. Des milliers d'espèces autochtones qui y vivaient ont disparu. L'urbanisation a grignoté l'environnement naturel et écologique. A la recherche d'un paysage particulier, certaines régions ont introduit des plantes étrangères qui sont parfois dangereuses pour les espèces autochtones. L'impact de la pollution environnementale sur l'eau et sur la biodiversité dans les forêts devient de plus en plus saillant.

Pire encore, le climat change à un rythme accéléré, ce qui menace violemment la nature écologique et la diversité biologique. Selon le Groupe intergouvernemental pour l'étude du changement climatique (IPCC), si la température augmente de 1,5°C à 2,5ºC, environ 20 % à 30 % des espèces disparaîtront. Pour l'instant, la température moyenne du monde a déjà augmenté de 0,6 °C, mais la hausse de la température en Chine est beaucoup plus rapide que le niveau moyen mondial. D'après le « Rapport national de l'évaluation sur le changement climatique», la température moyenne a augmenté de 1,1°C en Chine au cours des 50 dernières années, soit une hausse de 0,22 °C tous les dix ans. Le nouveau « livre rouge sur les espèces en Chine» a révélé que dans le pays, 34,74 % des animaux non vertébrés, 35,92 % des animaux vertébrés, 69,91 % des gymnospermes et 86,63 % des angiospermes sont en voie d'extinction, des proportions beaucoup plus élevées que les estimations antérieures qui se situaient entre 20 % et 30 %.

De plus, les scientifiques ont réalisé que la perte accélérée de la biodiversité se répercutera sur la diversité culturelle de l'homme qui dépend d'un système écologique durable et d'une diversité de gènes et d'espèces.

Afin de lutter contre la diminution de la biodiversité, la Chine a progressivement élaboré plus de 20 lois et règlements, tels que la « Loi sur la protection des animaux sauvages» et les « Règlements sur la protection des plantes sauvages», formant ainsi un cadre juridique à la préservation de la diversité biologique.

Chauve-souris à oreilles larges de Beijing.

Après avoir signé la « Convention sur la diversité biologique» de l'ONU en 1993, le gouvernement chinois a établi un groupe de coordination spécialement chargé de l'application de la Convention dans le pays. Ce groupe, auquel participent 24 départements du Conseil des Affaires d'Etat, est dirigé par le ministère de la Protection de l'environnement. Sur la base d'un mécanisme coordonnateur et interministériel, le groupe a élaboré et fait appliquer le « Plan d'action chinois pour la protection de la diversité biologique», le « Programme d'application 2005-2010 des travaux de protection des zones humides», 7 programmes pour l'agriculture, 6 travaux dans le domaine forestier ainsi que l'action de la conservation des ressources de grains.

Au niveau international, la Chine a établi des coopérations avec des instituts internationaux, tels que le secrétariat de la « Convention sur la biodiversité» de l'ONU, l'UNEP, l'UNDP, la Banque mondiale et la GEF, en réalisant avec eux des projets bilatéraux et multilatéraux.

Ces efforts ont porté leurs fruits. Actuellement en Chine, plus de 200 espèces d'animaux et quelque mille espèces de plantes en voie de disparition ont pu rétablir leurs populations dans les centres de reproduction artificielle. Certaines d'entre elles ont réussi à rejoindre la nature. Aujourd'hui, on compte en Chine environ 6 500 espèces d'animaux vertébrés et plus de 30 000 espèces de plantes supérieures, qui représentent respectivement 14% et 10% du total mondial. On trouve également des espèces originaires de Chine, à savoir le panda géant, le singe doré au nez retroussé et l'ibis rouge.

« Toutes les espèces ne sont pas protégées par l'Etat. Les animaux et les plantes qui ne font pas l'objet de protection voient leur population diminuer rapidement. De nombreuses espèces restent inconnues même pour les habitants locaux », a constaté le docteur Xie. « La sauvegarde des espèces menacées d'extinction nécessite beaucoup de ressources humaines et matérielles. Nous espérons que la campagne des ‘cartes de visite des animaux et des plantes' sensibilisera le grand public à cette cause», a déclaré Madame Xie.

Selon les statistiques, on compte en Chine environ 3 000 ONG spécialisées dans la protection environnementale et biologique, dont 40 % ne rémunèrent pas leur personnel composé principalement de jeunes bénévoles. Certains d'entre eux se sont lancés dans la défense de cette cause verte à l'université, d'autres ont un emploi et profitent de leur temps libre pour protéger la biodiversité.

A l'instar des ONG, de plus en plus d'experts, d'académiciens et de chercheurs s'engagent dans la sauvegarde des espèces menacées, telles que le panda géant, l'ibis rouge, l'antilope tibétaine, le baiji (dauphin de Chine), le gibbon ou bien encore le leaf-singe à tête blanche. Le nombre d'écoles qui proposent la biodiversité comme discipline et le nombre d'élèves qui s'y inscrivent sont en forte augmentation. Pour les jeunes qui effectuent leurs études à l'étranger, la diversité biologique est également un choix de plus en plus populaire.

« La liste des espèces représentatives locales peut parfaitement évoluer. Dans 5 ou 10 ans, on procèdera à une autre élection afin de mieux refléter la nouvelle situation des espèces et de faire connaître plus d'animaux et de plantes au public», a ajouté le docteur Xie. 

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