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Publié le 02/06/2009
Tout dépend de l'attitude de l'Europe sur l'émergence de la Chine

Le 30 janvier, le premier ministre chinois Wen Jiabao a rencontré le président de la Commission européenne Barroso à Bruxelles

Entretien avec Ma Zhengang, directeur de l'Institut d'études internationales du Ministère des Affaires Etrangères

Dans l'évolution des relations sino-européennes, l'Europe doit-elle respecter le principe de l'égalité et du respect, ou bien agir d'une autre façon pour influencer la Chine et la faire obéir à l'Europe ?

Récemment, les relations diplomatiques entre la Chine et l'Europe présentent certains éléments négatifs en dévoilant de plus en plus de différends. De ce fait, nous avons interviewé Ma Zhengang, directeur de l'Institut d'études internationales du Ministère des Affaires Etrangères et ancien ambassadeur de Chine en Grande-Bretagne.

« Ce qui fait obstacle au développement des relations entre la Chine et l'Europe, c'est l'attitude de l'Europe face aux changements bouleversants de la Chine notamment dans sa puissance économique et son influence internationale. Actuellement, certains pays et hommes politiques de l'Europe ne peuvent pas traiter objectivement le développement rapide de la Chine et considèrent ce pays en développement comme une menace », a fait savoir M. Ma. « Parmi les six dossiers à propos de la Chine publiés par l'UE, les cinq premiers sont essentiellement positifs malgré certaines divergences entre les deux parties. Cependant, le dernier dossier est négatif », a-t-il indiqué.

« Le plus grave problème entre les deux parties est que l'UE voudraitchanger la Chine », a souligné M. Ma.

« Les deux parties doivent correctement juger les nouvelles circonstances actuelles, , développer leurs relations bilatérales sous le principe de la coopération gagnant-gagnant et résoudre rationnellement leurs contradictions et différends. Le plus important est l'attitude fondamentale de l'Europe sur la Chine. Adopter une attitude de l'égalité et du respect ? Ou agir selon son propre esprit, dans l'optique d'influencer la Chine et lui demander d'obéir à l'Europe ? Certainement, tous les différends peuvent être discutés, mais en tant que grand pays indépendant, la Chine a ses propres intérêts à défendre et elle ne cédera jamais sur les questions de principes.

M. Ma a aussi expliqué plusieurs questions concrètes en matière des relations bilatérales entre la Chine et l'Europe.

« Quant aux droits de l'homme, les points de vue essentiels de l'UE sont différents de ceux de la Chine. Mais cette différence de vues n'empêche pas de rechercher l'identité de vue tout en mettant de côté les divergences et, notamment, de respecter les intérêts respectifs. Lors des conflits d'intérêts, il faut les résoudre convenablement sous les principes de respect et d'équité », a indiqué M. Ma.

« D'après l'UE, le dalai-lama ne cherche pas l'indépendance du Tibet, mais c'est l'opinion de l'UE elle seule. Au côté de la Chine, l'action de celui-ci équivaut objectivement à la demande d'indépendance du Tibet, cette question concerne les intérêts fondamentaux de la Chine », a indiqué M. Ma. Et d'ajouter : « En ce qui concerne la protection de l'environnement, le gouvernement chinois accorde toujours une grande importance à ce sujet. Mais à l'étape actuelle de développement, certains problèmes sont difficiles à résoudre. Actuellement, plus de 70% de la force motrice est propulsée par la combustion de charbon. Le développement et l'énergie sont étroitement liés à la pollution. C'est dans les années 1960 que l'Angleterre a résolu le problème de la pollution grave. Actuellement, l'Europe qui est déjà entrée dans la phase de post-modernisation ne doit pas imposer leurs critères aux pays en développement. De plus, elle pose à la Chine toutes sortes d'exigences en matière de protection environnementale sans lui fournir des soutiens substantiels tant financiers que technologiques ; et s'inquiète même que la Chine la dépassera à l'avenir. »

Quant à la question de Taiwan, M. Ma a indiqué qu'« il n'y a pas d'espace de négociation. » « Il s'agit tout à fait d'une affaire interne de la Chine, les autres pays n'ont pas le droit d'y intervenir. C'est aussi une condition préalable définie par la Chine pour établir les relations normales avec d'autres pays du monde. L'UE pourrait exprimer ses points de vue, mais ne pourrait pas exiger de la part de la Chine d'agir selon les propres principes de l'Europe », a noté M. Ma.

M. Ma a indiqué à la fin de l'interview que « depuis l'établissement des relations bilatérales entre la Chine et l'UE, les deux parties bénéficient des consensus communs dans des aspects fondamentaux tels que la lutte contre l'hégémonisme et le maintien d'un monde pacifique et stable. Au côté des échanges commerciaux, la complémentarité est forte et les coopérations à bénéfices mutuels ne cessent de s'agrandir dans le commerce et le développement scientifique et technologique. » « Comment rationaliser ces relations complexes ? Chercher une coopération sous les principes du respect et de l'équité, ou menacer la Chine en lui déposant des demandes déraisonnables ? Voilà un choix d'importance capitale qui décidera de l'évolution des relations sino-européennes », a-t-il conclu.

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