La relation sino-française est remise sur la bonne voie |
Chang Lu et He Zongyu Le 1er avril 2009, le Ministère chinois des Affaires étrangères et le Ministère français des Affaires étrangères et européennes ont publié le Communiqué de presse sino-français, dans lequel, les deux parties ont décidé de renforcer leur partenariat stratégique global et de promouvoir la coopération bilatérale dans les différents domaines. A cet effet, les chercheurs dédiant leur travail aux relations sino-françaises ont émis des avis, estimant que cela marque de grands changements dans la relation entre les deux pays et que cela remet la relation bilatérale sur la bonne voie. « Ce communiqué de presse a envoyé un signal : la relation sino-française qui a été gravement endommagée l'année dernière reprend son cours normal. Cela permet d'enlever de grandes entraves qui empêchent la Chine et la France de jouer ensemble le rôle dans les affaires politiques et économiques internationales », a indiqué M. Xing Hua, chercheur du Centre de recherche sur l'Union européenne rattaché à l'Institut chinois de recherche sur les questions internationales. Dans le communiqué, il est indiqué : Les deux parties ont réaffirmé leur attachement à l'importance primordiale de la relation sino-française et leur volonté de saisir l'occasion du 45e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France pour renforcer le partenariat stratégique global, fondé sur une approche stratégique et de long terme, le respect mutuel et la prise en considération des intérêts fondamentaux des deux pays. « Depuis de longues années, la relation bilatérale se développe sur un socle solide. Le développement à long terme, stable et sain des relations bilatérales répond aux intérêts communs des deux pays », a fait savoir M. Xing Hua, en ajoutant que les deux pays, membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, ont besoin de s'entraider dans les dossiers internationaux. Ceci car l'insuffisance de liens coopératifs et normaux entre eux constitue toujours un facteur négatif qui empêche que les deux pays jouent le rôle qui leur revient dans les affaires internationales, exercent leur influence et apportent une contribution à la résolution de grands dossiers internationaux. « Dans une grande mesure, les dispositions prises par la Chine et la France pour relever les défis de la crise financière mondiale présentent certains aspects identiques. De ce fait, au moment où la communauté internationale discute de la réponse à la crise, la Chine et la France doivent intensifier davantage la concertation et la coopération », a dit M. Xing Hua. L'une des raisons de l'apparition de difficultés dans la relation sino-française réside dans la question du Tibet. Après les émeutes de Lhassa en mars 2008, la France a lié l'organisation des Jeux Olympiques de Beijing avec la question du Tibet et, le mois suivant, la municipalité de Paris a décerné au dalaï-lama le titre de « citoyen d'honneur ». Plus tard, malgré des démarches répétées auprès de la partie française faites par la Chine, la France a annoncé publiquement, haut et fort, la future rencontre entre le chef de l'Etat français et le dalaï-lama à la veille du Sommet Chine-Europe, plaçant la relation sino-française dans l'embarras. Pour ce problème, le communiqué a réservé un paragraphe exclusif pour exposer la position de la partie française sur la question du Tibet : « La France mesure pleinement l'importance et la sensibilité de la question du Tibet et réaffirme qu'elle s'en tient à la politique d'une seule Chine et à sa position selon laquelle le Tibet fait partie intégrante du territoire chinois ». Dans ce paragraphe, la France a déclaré qu'elle « récuse tout soutien à l'« indépendance du Tibet » sous quelque forme que ce soit. » « Cela signifie que la connaissance et la position de la partie française au sujet de la question du Tibet ont été nettement clarifiées », a indiqué M. Feng Zhongping, directeur de l'Institut de recherche sur l'Union européenne rattaché à l'Académie chinoise de recherche sur les relations internationales contemporaines. Selon M. Feng, après des péripéties, la partie française doit avoir conscience que ses activités erronées telles que l'ingérence dans les affaires intérieures de la Chine et le non-respect des intérêts fondamentaux et des préoccupations de la Chine ont déjà porté une grande atteinte à la relation bilatérale et, dans une grande mesure, ont compromis l'image de la France dans le monde. On souhaite que la partie française puisse en tirer un enseignement et, lors de son traitement de la relation sino-française à l'avenir, et s'en tienne au principe du respect mutuel, de l'égalité et de la non-ingérence. Aux yeux de M. Ma Shengli, de l'Institut de recherche sur l'Europe, rattaché à l'Académie chinoise des sciences sociales, a souligné que la partie française avait désormais davantage conscience que l'une des conditions préalables au développement de bons liens avec la Chine était de respecter absolument le principe et les intérêts fondamentaux de la Chine. Selon lui, désormais, les deux parties doivent encore œuvrer à l'établissement de la relation normale et équitable. La publication du dit communiqué de presse coïncide avec la tenue du Sommet du G20 à Londres. Les chercheurs ont notamment noté que la volonté exprimée dans le communiqué de presse, au travers des phrases suivantes « Les deux parties ont souligné leur disposition à renforcer le dialogue et la concertation pour relever ensemble les défis planétaires tels que la crise financière internationale. » et « Les deux parties ont décidé de tenir, au moment opportun, des contacts de haut niveau ainsi que de nouvelles sessions du dialogue stratégique entre les deux pays, en vue de promouvoir la coopération bilatérale dans les différents domaines. », a non seulement ouvert la « porte de l'espoir » permettant le contact de hauts dirigeants des deux pays pendant le Sommet du G20 et à l'avenir, mais aussi a favorisé davantage le processus de coopération entre les deux pays dans les domaines économiques et commerciaux. « La confiance politique mutuelle est une grande force motrice pour le développement des liens économiques et commerciaux », a dit M. Xing Hua, et d'ajouter : « Sous un angle objectif, les difficultés de la relation politique entre les deux pays ont certainement eu des retombées négatives sur les relations économiques et commerciales bilatérales. La Chine ne considère pas les projets économiques et commerciaux des deux pays comme des moyens lui permettant d'exercer une pression sur la France. Pourtant, objectivement, il est impossible que les échanges économiques et commerciaux entre les deux pays soient protégés des difficultés politiques. L'actuelle amélioration de la relation sino-française donnera une grande impulsion au développement des échanges économiques et commerciaux bilatéraux. Nous espérons que la coopération entre les deux pays dans les différents domaines s'approfondisse. » Historiquement, la Chine et la France conservent une amitié traditionnelle. La France est le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la Chine, à fonder le partenariat stratégique global avec ce pays et à soutenir la levée de l'embargo sur les ventes d'armes à la Chine. Selon les chercheurs, les difficultés ont été résolues et les deux parties doivent « regarder en avant » lorsqu'elles développent leur relation bilatérale. « La relation sino-française est en effet un partenariat stratégique global spécifique. La publication du communiqué de presse mentionné précédemment lui permet de sortir progressivement de l'embarras et de poser une base aux échanges bilatéraux futurs », a fait savoir M. Ma. En fait, la Chine prend toujours en considération ses relations avec la France et, même au moment de l'apparition de difficultés, déclarait de façon répétée qu'elle chérissait ces relations et qu'elle espérait que la France puisse sérieusement résoudre les ennuis et les difficultés causés à la relation sino-française par les activités erronées de cette dernière. Cependant, selon les chercheurs, vu que les divergences entre la Chine et des pays occidentaux, y compris la France, au sujet d'une série de questions comme celle liée au Tibet, restent des problèmes complexes pendant une certaine échéance, et que la position des dirigeants français relative aux sujets concernés fluctuait, la partie chinoise doit non seulement « écouter ses propos », mais aussi « observer ses actes ». « Nous souhaitons que le gouvernement français respecte son engagement donné au gouvernement et au peuple chinois dans le dit communiqué de presse. De notre part, nous ne souhaitons plus de difficultés dans la relation sino-française, car le développement sain de la relation sino-française est bénéfique au deux pays, aux deux peuples et au monde », a conclu M. Xing Hua.
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