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Publié le 01/04/2009
Crise financière mondiale : l'ancienne et la nouvelle Europe se rejoignent-elles ?

Le président de la Commission européenne (CE), José Manuel Barroso (Xinhua)

La crise financière a provoqué un grave sentiment d'opposition entre l'ancienne et la nouvelle Europe. Dans une certaine mesure, la tenue du G20 à Londres sera une bonne occasion de l'atténuer.

Liu Mingli (Département des Etudes de l'Europe de l'Institut chinois des relations internationales contemporaines)

A l'approche de l'ouverture du Sommet du G20, l'action de l'Union européenne attire de nombreux regards. D'une part, les pays européens ont organisé plusieurs réunions de coordination pour pouvoir parler d'une même voix lors du sommet. D'autre part, la crise de la dette qui a récemment balayé l'Europe centrale et orientale a divisé ce continent en deux camps et a entraîné une série de divergences entre l'ancienne et la nouvelle Europe. Quel est destin vers lequel se dirige l'Union européenne ? L'union ou la division ?

La crise financière a divisé l'Europe

En raison de l'étroite interdépendance financière et économique entre l'Europe et les Etats-Unis, la crise financière qui a éclaté dans la nation de la bannière étoilée a rapidement balayé l'Europe occidentale l'année dernière. La crise financière est devenue le thème principal des discussions entre les pays européens. Parmi ceux-ci, les locomotives de l'UE telles que l'Angleterre, la France et l'Allemagne ont lancé leurs plans de relance respectifs. Le sommet des dirigeants de la zone euro a proposé au mois d'octobre dernier un plan de relance dont le volume d'investissements dépasse 1 000 milliards d'euros ; les dirigeants européens ont convaincu le novembre dernier leur homologue américain de tenir le Sommet de Washington dont les discussions étaient axées sur la réforme du système financier international.

Par rapport aux pays de l'Europe occidentale, ceux de l'Europe centrale et orientale qui avaient acheté moins d'avoirs toxiques ont subi une perte moindre et ont joué un rôle d'observateur de cette tourmente financière au cours de l'année dernière. Néanmoins au mois de février 2009, la tempête financière s'est propagée en Europe orientale. Des pays tels que la Pologne et la République tchèque ont été fortement atteints par la crise hypothécaire.

Le fait plus remarquable est que la crise financière a suscité une grave dissension entre l'ancienne et la nouvelle Europe. L'origine de la division provient des phénomènes suivants :

Premièrement, le retrait des fonds des organismes financiers des pays de l'Europe occidentale est la cause directe de l'enlisement des pays de l'Europe centrale et orientale. L'industrie financière des pays d'Europe centrale et orientale est principalement contrôlée par des organismes financiers provenant de la partie occidentale du continent. Pour pallier au problème de l'insuffisance de fonds, ces derniers sont obligés de retirer leurs capitaux des pays de l'Europe centrale et orientale, provoquant ainsi la crise de la dette qui a surgi dans ces pays.

Deuxièmement, le protectionnisme a entraîné le mécontentement des pays d'Europe centrale et orientale. Face à la gravité de la crise financière, les mesures prises par des pays d'Europe occidentale favorisent la défense de leurs propres intérêts et négligent l'impact des retombées négatives sur les pays d'Europe centrale et orientale. Prenons l'exemple de la France, le président Nicolas Sarkozy a incité au mois de février 2009 les constructeurs automobiles de ne pas employer les fonds gouvernementaux de relance pour leurs succursales à l'étranger et d'annuler les investissements dans les bases de production installées en Europe centrale et orientale. De plus, la chute de la croissance d'économie et les difficultés sur le marché de l'emploi ont provoqué une tendance xénophobe auprès de certains Européens occidentaux. Les ouvriers issus des pays d'Europe centrale et orientale tels que la Pologne et la Roumanie ont plus de difficultés de trouver un emploi en Europe occidentale et sont contraints de regagner leurs foyers. Ce phénomène sera certainement néfaste pour l'économie des pays d'Europe centrale et orientale.

Troisièmement, l'Europe occidentale n'a pas fourni un secours financier efficace pour leurs alliés d'Europe centrale et orientale dont leur but principal de la participation à l'Union européenne est d'obtenir un soutien financier. Selon le budget de l'Union européenne, une grande partie des fonds est destinée au développement des pays de l'Europe centrale et orientale. Lors de cette grave crise, certains pays tels que la Hongrie, la Pologne et la République tchèque dont la proportion de la dette extérieure dans le PIB dépasse 100 % ne peuvent surmonter cette difficulté sans la coopération de l'Union européenne, qui peut donc faire figure de sauveur. Néanmoins, lors d'un sommet extraordinaire de l'Union européenne tenu le 1er mars, les dirigeants des pays de l'Europe occidentale, dont Mme Merkel ont refusé catégoriquement un plan de secours de 180 milliards d'euros visant à aider les pays d'Europe centrale et orientale.

De nouvelles difficultés en matière d'intégration européenne

Pendant les dernières années, le processus d'intégration européenne a subi une série de revers. Lors de l'été 2005, les Français et les Néerlandais votèrent contre le référendum du Traité Constitutionnel. Trois ans plus tard, les Irlandais rejetèrent le Traité de Lisbonne. Au moment où les dirigeants européens cherchaient une solution pour l'avancée du Traité de Lisbonne, la crise financière a soudainement éclaté. Les retombées de la crise financière sur l'intégration européenne sont illustrées par deux tendances principales. Un facteur positif est que cette crise est devenue la nouvelle force motrice pour l'intégration européenne ; revers de la médaille : cette crise a réveillé les différends entre la nouvelle et l'ancienne Europe.

En revanche, le rôle de l'intégration européenne dans la lutte contre la tourmente financière mérite d'être apprécié et, en fait, l'Europe a besoin de continuer à promouvoir l'intégration européenne pour se confronter aux futurs défis. La création de la devise officielle, l'euro est un jalon historique au cours du processus d'intégration européenne et celle-ci a manifesté sa valeur importante au cours de la crise. Pendant la crise monétaire européenne qui avait éclaté au début des années 1990, la mauvaise coordination des politiques monétaires avait finalement découlé sur la désagrégation du système de taux monétaire en Europe. Cette fois-ci, grâce à une politique monétaire concordante et la devise officielle en circulation, les pays de la zone euro ont réussi à éviter la forte fluctuation de taux monétaire et ont stabilisé le marché européen. Au mois d'octobre 2008 alors que la situation ne cessait de se détériorer, le Sommet des dirigeants de la zone euro a lancé des plans de relance et cette action a permis de préserver l'état du marché boursier qui avait déjà connu une baisse consécutive pendant plusieurs jours. La valeur de devise officielle de l'UE, qui a révélé ses forces lors de cette crise a attiré l'intérêt de participation de plusieurs pays tels que l'Islande, l'Angleterre, entre autres. Bien qu'il n'y ait pas une politique monétaire commune à l'intérieure de l'UE, ses membres ont lancé conjointement un plan de relance de 200 milliards d'euros destiné à raffermir la confiance des Européens. Sur le plan international, l'Europe a œuvré avec succès à encourager l'organisation du Sommet de Washington du 15 novembre 2008, ce qui a promu la réforme du système financier international.

Tout cela prouve que le processus d'intégration européenne est salutaire. Néanmoins il serait difficile de nier que la crise financière mondiale a eu des retombées négatives et a ralenti le rythme de l'intégration européenne.

Deux questions existentielles ont entravé le processus de l'intégration européenne : Premièrement, l'Union européenne, dont le nombre de membres a augmenté à de nombreuses reprises, est devenu de plus en plus distendue. Deuxièmement, l'écart cognitif entre les élites politiques et les masses populaires est assez conséquent. De ce côté, la crise financière a suscité une divergence acharnée entre la nouvelle et l'ancienne Europe. Le Premier ministre thèque Topolanek a récemment averti que les déclarations des dirigeants de certains pays ont stimulé le protectionnisme et ont entravé la ratification du Traité de Lisbonne.

Avant la crise financière mondiale, l'Europe espérait résoudre des sujets tels que la sécurité énergétique et le changement climatique par le biais de la promotion de l'intégration européenne. Cependant le processus d'intégration dépend de l'attitude du peuple européen. En évoquant les référendums de la France, des Pays-Bas en 2005 et de l'Irlande en 2008, des Européens expriment leur mécontentement par le rejet de l'intégration. Tandis que le chômage augmente de jour en jour, que le soutien des citoyens au gouvernement ne cesse de diminuer et qu'apparaissent également des grèves de grande envergure, il est plus difficile de persuader les Européens de soutenir l'intégration européenne.

D'une part, la crise financière montre l'importance de l'intégration européenne. D'autre part, elle a intensifié les contradictions à l'intérieur de l'Union européenne et a compliqué la poursuite du processus d'intégration.

Incidence éventuelle sur le prochain Sommet de Londres

Le 2 avril, le G20 sera organisé à Londres. Les membres de l'Union européenne sont en train d'échanger leurs points de vue afin de « parler d'une voix unie et résolue » lors du sommet, tandis que la crise financière suscite des différends entre l'ancienne Europe et la nouvelle Europe. L'Union européenne montrera-t-elle une image unie ou désunie lors du Sommet de Londres ? De nombreuses attentes reposent sur l'éventuel dénouement.

Nous remarquons que les divergences entre l'ancienne Europe et la nouvelle Europe sont par nature des contradictions intérieures de l'Union européenne. La nouvelle Europe espère que l'ancienne pourra l'aider à surmonter la crise, mais celle-ci n'est pas en mesure de répondre favorablement à leur demande. Comme les pays de l'Europe centrale et orientale ne sont pas des membres du G20, les grands pays européens tels que l'Angleterre, la France, l'Allemagne et l'Italie pourraient ne pas évoquer ce sujet lors du Sommet. De plus, dans une certaine mesure, le Sommet de Londres pourrait aider à atténuer les différends entre les deux parties.

A cette occasion, l'UE appellera la communauté internationale à fournir davantage de fonds au Fonds monétaire international (FMI) afin de faire passer les capitaux de cet organisme de 250 milliards de dollars à 500 milliards de dollars. Cette proposition vise à aider les pays d'Europe centrale et orientale. Bruxelles espère les aider à surmonter la crise financière et à atténuer les pressions entraînées par le marasme financier au moyen de l'augmentation du budget du FMI.

Un autre sujet important à discuter lors du G20 proposé par l'UE est l'administration et la supervision des finances internationales. Les pays d'Europe occidentale tels que la France et l'Allemagne qui se considèrent comme victimes de la crise financière des Etats-Unis ne relâchent aucun effort sur ce point. Ces derniers mois, la crise s'est répandue en Europe centrale et orientale. Le renforcement de l'administration et de la supervision des finances internationales pourrait être bénéfique à toute l'Europe.

De surcroît, rares sont les autres grandes divergences entre les membres de l'Union européenne. Dans ce cas, les défis auxquels devrait faire face l'UE proviendraient de l'extérieur, car des pays tels que les Etats-Unis, le Japon et des pays émergents formuleront leurs propres propositions lors du Sommet de Londres, ce qui pourrait exercer une pression pour l'UE.

 

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