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Publié le 25/03/2009
De grandes avancées pour la résolution des différents frontaliers sino-vietnamiens

La cérémonie célébrant la délimitation finale de la frontière entre la Chine et le Vietnam

He Sheng (Directeur et chercheur adjoint de la section des Etudes de l'Asie Sud-Est de l'Institut chinois des relations internationales contemporaines)

Le 23 février, une cérémonie célébrant la délimitation finale de la frontière entre la Chine et le Vietnam s'est déroulée au poste frontière de Youyiguan, dans le district de Pingxiang de la Région autonome zhuang du Guangxi (sud-ouest de la Chine). Lors de cet événement, étaient présents au total 400 représentants issus des services diplomatiques, économiques, de la Défense nationale, de la police, de la topographie et cartographie et des fonctionnaires des gouvernements locaux. Le conseiller d'Etat chinois Dai Bingguo et le vice-Premier ministre vietnamien et Ministre des Affaires Etrangères Pham Gia Khiem ont prononcé un discours et dévoilé conjointement les deux bornes frontières nº 1116 et nº 1117. La conclusion de la démarcation frontalière constitue un événement majeur dans les relations diplomatiques sino-vietnamiennes, symbolisant la résolution radicale des différends frontaliers terrestres entre les deux pays. Cela revêt une signification historique et pratique importante. Cet événement exercera une profonde influence à long terme pour le développement des relations diplomatiques entre les deux pays.

La résolution des divergences frontières terrestres

La Chine et le Vietnam sont des voisins limitrophes et amicaux. La démarcation frontalière entre deux pays a parcouru un long chemin.

La frontière terrestre des deux pays débute à l'ouest à la jonction de trois pays : la Chine, le Vietnam et le Laos. Elle se termine à l'est jusqu'aux bouches de la rivière Beilun, reliant la province du Yunnan et la région autonome zhuang du Guangxi de la Chine et sept provinces vietnamiennes : Cao Bang, Lang Son, Dien Bien, Lai Chau, Lao Cai, Ha Giang, Guang Ninh. Avant le XIXe siècle, il n'existait pas en effet de question frontalière entre les deux pays, car il y avait seulement une frontière habituelle. En 1887 et 1895, le gouvernement colonial de la France qui régissait le Vietnam à cette époque et celui de la dynastie des Qing signèrent les clauses de traités établissant la frontière et bâtirent plus de 300 bornes frontalières.

Néanmoins, pendant plus d'un siècle, la plupart d'entre elles furent détruites, déplacées ou perdues. Hormis cela, sous l'influence de facteurs complexes tels que la tendance politique et sociale, le changement des relations bilatérales entre les deux pays a suscité une série de divergences sérieuses relatives à ce sujet.

Au milieu des années 1970, la Chine et le Vietnam entamèrent des négociations qui furent peu fructueuses puis suspendues en raison de la détérioration des relations diplomatiques. Suite à la normalisation des relations sino-vietnamiennes en 1991, les pourparlers reprirent leur cours afin de pousser à la résolution de la question frontalière. Des négociations de haut niveau entre spécialistes furent lancées en 1992. L'année suivante, les plus hauts dirigeants des deux pays décidèrent d'initier des discussions au niveau gouvernemental sur la question frontalière et territoriale. Au mois d'octobre 1993, les représentants gouvernementaux des deux pays signèrent un accord où figuraient les principes fondamentaux pour la résolution des problèmes frontaliers. Selon ce document, les modifications du tracé devaient s'appuyer sur l'ancienne frontière terrestre consentie par le gouvernement colonial français et celui de la dynastie des Qing.

De 1994 à 1999, les deux parties entamèrent au total 16 cycles de négociations à Hanoi et Beijing, au terme desquels ils comparèrent les documents historiques et confirmèrent que l'agrée par les deux pays atteint 900 km (la longueur totale de la frontière sino-vietnamienne est de 1350 km.). Quant aux parties restantes, d'une distance de 450 km, subsistaient des divergences dans 164 lieux, d'une superficie de 227 km2. Sous le principe directeur de la compréhension mutuelle et de la concession réciproque parvenu par les hauts dirigeants, les deux parties ont résolu tous les différends en 1999. Le 30 décembre 1999, les deux pays signèrent le « Traité sur la frontière terrestre entre la Chine et le Vietnam ». L'Assemblée populaire nationale chinoise et le Parlement vietnamien ratifièrent conjointement ce traité en 2000.

Au mois de novembre 2001, la commission de démarcation de la frontière terrestre sino-vietnamienne fut chargée du tracé et de l'établissement des bornes frontières, de l'élaboration du protocole de délimitation et de topographie. Douze groupes de tracé subordonnés à cette commission s'occupèrent du placement des bornes sur place. La première borne fut érigée à Dongxing (Région autonome zhuang du Guangxi) et au poste de Mong Cai du Vietnam au mois de décembre 2001. Le 31 décembre 2008, tous les différends relatifs à la démarcation furent résolus.

En effet, l'établissement des bornes frontières a traversé un processus ardu et complexe. De nombreuses difficultés ont surgi au cours de l'exécution des travaux, mis à part les divergences relatives à certaines questions qui nécessitèrent l'échange de points de vue à maintes reprises ; les personnes chargées du tracé souffrirent des reliefs abrupts, du climat inhospitalier, du mauvais état des routes, entre autres. Avec l'attention et la direction directe des dirigeants de la Chine et du Vietnam, suivi par le soutien et l'aide des gouvernements régionaux, les services diplomatiques, de la Défense nationale, de la police, de la finance et de la topographie coopérèrent étroitement en suivant toujours le principe d'amitié entre les deux pays et appliquant strictement les réglementations du « Traité sur la frontière terrestre entre la Chine et le Vietnam ». Pendant huit ans, les deux parties ont travaillé sans relâche et entamé 14 cycles de pourparlers entre hauts responsables gouvernementaux, 34 entrevues entre les commissions de démarcation et 15 réunions entre groupes de spécialistes. Cela leur a permis d'ériger environ 2 000 bornes. De surcroît, l'application des moyens technologiques avancés tels que le système d'information géographique (GIS), le système de position globale (GPS) et la télédétection (RS) a assuré un tracé précis.

Un sens fort pour l'établissement des bornes frontières

La résolution de la question frontalière terrestre sino-vietnamienne renferme des significations pratiques et historiques profondes, qui se sont manifestées de la manière suivante :

Premièrement, la délimitation de la frontière terrestre sino-vietnamienne correspond aux avantages réciproques des deux pays et favorise l'approfondissement des relations de partenariat stratégique intégral.

La Chine et le Vietnam, qui étaient des voisins amicaux depuis longtemps, avaient vu leurs relations diplomatiques se détériorer pendant un certain temps au 20e siècle. Le différend territorial et le conflit frontalier constituaient l'un des principaux facteurs de cette détérioration. La résolution de la question frontalière et la fondation d'une frontière pacifique et stable répondent aux souhaits sincères des peuples des deux pays. Cet objectif vient d'être rempli. La résolution de la question frontalière terrestre est certainement un grand événement historique pour les relations diplomatiques sino-vietnamiennes et reflète également le développement de leurs relations de partenariat stratégique intégral. Cette initiative exercera une influence profonde à l'avenir.

Deuxièmement, la délimitation de la frontière terrestre est favorable au développement harmonieux des régions frontalières. L'histoire témoigne que les relations de bon voisinage contribuent fortement au développement socioéconomique. A l'inverse, de mauvaises relations diplomatiques avec le pays voisin entravent assurément le développement économique et la stabilité sociale.

Après la résolution de la question frontière terrestre, surgit une frontière terrestre la plus claire dont les bornes frontières sont les plus compactes. Les deux pays ont signé le nouveau traité d'administration des zones frontières et ce qui a fait de cette zone le pont et le lien de la coopération amicale et de la réalisation des bénéfices gagnant-gagnants entre la Chine et le Vietnam. Sur ce point, les peuples des deux pays sont les principaux bénéficiaires. A l'avenir, les deux gouvernements augmenteront les investissements, promouvront la coopération régionale, appliqueront le développement scientifique dans cette zone. Pour cette raison, les échanges commerciaux frontaliers seront plus prospères. L'édification d'une zone frontalière marquée par la paix durable et le développement prospère n'est plus un rêve.

Troisièmement, la résolution de la question frontalière terrestre fournit des expériences précieuses pour le problème de la Mer méridionale de Chine. Après la normalisation des relations bilatérales en 1991, les deux pays se sont confrontés au problème frontalier : la démarcation frontalière terrestre, le tracé du golfe de Beibu et le conflit dans la Mer méridionale de Chine. Jusqu'à présent, les deux premiers problèmes ont été résolus et le troisième qui concerne des pays d'Asie du Sud-Est et la région taiwanaise de Chine est plus sensible et épineux. La Chine a la frontière terrestre avec 14 pays et est l'un des pays du monde qui possède le plus nombreux pays voisins et dont le problème frontalier est le plus compliqué. La résolution de la question frontalière terrestre sino-vietnamienne fournit des valeurs de référence précieuses pour la résolution d'autres différends frontaliers.

Le travail fructueux accompli par la Chine et le Vietnam marque non seulement la progression du développement des relations bilatérales, mais exerce également une influence profonde et positive sur la paix, la stabilité, la coopération et le développement de la région.

 

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