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Publié le 20/03/2009
L'industrie cinématographique chinoise a le vent en poupe

Tang Yuankai

 

 
Han Sanping,  président du Conseil d'administration de la société Chinafilm. (Sohu.com) 
La liste des personnalités économiques de 2008 a récemment été dévoilée par CCTV. Un homme d'affaires y a effectué une entrée remarquée, M. Han Sanping, producteur prolifique et président du Conseil d'administration de la société Chinafilm. C'est la première fois qu'un tel honneur est décerné à un protagoniste du grand écran, quelque chose d'inimaginable en Chine il y a à peine 5 ans. « Nous pouvons mettre cela sur le compte de la croissance rapide du cinéma chinois. C'est un phénomène tout à fait inattendu, même pour un professionnel comme moi », a constaté M. Han.

Selon les statistiques de la Sarft (Administration d'Etat de la radio, du film et de la télévision), le box-office chinois de 2008 (jusqu'au 31 décembre 2008) s'est hissé à un record de 4,215 milliards de yuans, soit 888 millions de yuans de plus qu'en 2007. Ces brillants résultats permettent à la Chine de se classer parmi les 10 premiers marchés cinématographiques mondiaux. Quant au montant des recettes des films chinois, qui se chiffre à 2,563 milliards de yuans et représente 60% du total, celui-ci a de nouveau dépassé celui des films importés. Malgré les désastres naturels et la crise financière qui ont perturbé l'année qui vient de s'écouler, la filière cinématographique a pourtant accéléré son rythme de croissance. Elle est devenue une vitrine de l'économie chinoise. Selon ce célèbre producteur, un vent propice souffle sur le monde du film chinois.

Apprendre à garder la tête hors de l'eau sur le marché

« J'ai vécu les 30 ans de mutations du cinéma chinois », a évoqué Han Sanping. Il fit ses premières armes dans le secteur en 1977. Deux ans plus tard, le nombre d'amateurs des salles obscures grimpa à un premier sommet : 29,3 milliards de spectateurs, ce qui fut malheureusement suivi par une chute consécutive. Depuis la fin des années1980, un tiers des distributeurs se trouvaient en déficit. En 1993, la production diminua de 50%. Les salles perdirent deux tiers de leurs spectateurs. En 1994, alors qu'il était directeur de l'atelier cinématographique Beijing Film Studio, ce producteur fécond se torturait l'esprit pour régler les salaires des employés.

Depuis la fin des années 90, un parfum de printemps s'est enfin exhalé dans le secteur. En mai 1999, lorsque Chinafilm fut créé, Han fut désigné vice-président du Conseil d'administration et vice-PDG de l'entreprise. A son poste, il se dévouait corps et âme à de nouvelles recherches dans la création, la production, le marketing et la diffusion. Les ressources ont été réunies, des projets de coopération avec l'étranger se sont matérialisés. En 2008, le groupe a remporté la moitié des parts du marché. Parmi les produits de l'entreprise figurent non seulement de grosses productions, mais aussi des films à petit budget et des opus inédits de jeunes talents.

« Maintenant, le septième art chinois connaît son plus grand défi. Si nous rations l'opportunité de relance, l'espace des films autoproduits serait réduit », a indiqué M.Han.

Longtemps placés sous le système des studios nationalisés, les cinéastes chinois n'avaient pas le moindre souci commercial. Ils s'en tenaient à suivre leurs propres goûts ou les exigences artistiques. Aujourd'hui, la situation a changé et des nouveautés sont apparues sur le marché. Cela est avant tout à mettre au crédit de la politique de promotion de l'industrie du film, de nombreux studios indépendants ont surgi ces dernières années. A cela s'ajoutent de nouveaux défis qui rendent le secteur de plus en plus concurrentiel : les produits d'Hollywood et les nouveaux médias.
Musée national du film en Chine.(Xinhua)  

    - Film commercial

Pour survivre, les films commerciaux et les films coproduits semblent les mieux adaptés à la nouvelle situation. En 2002, le grand réalisateur Zhang Yimou, lauréat de plusieurs prix artistiques internationaux, a changé de style en réalisant le film commercial Hero. Avec à l'affiche une pléiade des célébrités les plus en vogue en Chine, cette saga a obtenu un grand succès. La première semaine, son box-office a dépassé 100 millions de yuans. Les trois mois suivants, celui-ci a brassé 243 millions de yuans, soit un quart du total de l'année. En matière de production, le coût de Hero a été 55 fois supérieur au niveau moyen des anciens films du célèbre cinéaste. Malgré certaines critiques, Zhang Yimou a continué à suivre le chemin commercial, qui, à ses yeux, est en quelque sorte la garantie de la présence des films artistiques.

    - Comédie de fin d'année

En 1997, Feng Xiaogang fut choisi par Han Sanping, directeur de l'atelier cinématographique Beijing Film Studio à l'époque, pour réaliser la première comédie de fin d'année dans la partie continentale du pays. Cette initiative s'inspira de l'expérience de Hongkong. Le film doit être programmé pour la fête du Nouvel An, avec un dénouement heureux et une distribution artistique haut de gamme.

La première du genre, Dream Factory, n'a pas déçu le public. Depuis lors, Feng Xiaogang maintient son rendez-vous de fin d'année avec les spectateurs de manière ponctuelle. Sa dernière oeuvre, If you are the one, a raflé 80 millions de yuans quatre jours seulement après sa sortie. Et ses recettes totales ont atteint 310 millions de yuans. Si l'histoire que ce film raconte n'est pas originale (elle rappelle le film hollywoodien Quand Harry rencontre Sally), les dialogues comiques entre Ge You, acteur fétiche du réalisateur ainsi que Shu Qi, femme fatale du cinéma hongkongais, teintés de l'humour personnel du réalisateur, sont les garanties du succès.

Malgré cela, certains spectateurs se plaignent d'avoir vu trop de traces de publicités dans le film. Face à ces critiques, Feng Xiaogang explique avoir eu plusieurs disputes avec les sponsors, « Une fois, j'ai même jeté par terre un verre dont des débris ont jailli sur mes joues », a-t-il évoqué. De toute façon, sa réussite pécuniaire a fortement encouragé les investisseurs et producteurs chinois à se lancer dans l'aventure de ce genre de films, quittent à jouer leur va-tout.

    - Magie de la communication

En 2008, Tsui Hark, figure la plus importante du cinéma de la Baie parfumée, présenta son nouvel opus All about women, tout en préparant un programme de communication bien ciselé pour les spectateurs. Lors de la cérémonie d'avant-première, il organisa un concours de connaissances avec de divers prix intitulés au nom des comédies de fin d'année, une stratégie visant à profiter de la popularité des ces dernières. Peu avant la sortie sur grand écran, un mystérieux internaute mit en ligne une vidéo remontée de ce film, évidemment de style satirique. En quelques heures seulement, cette parodie fut visionnée par 300 000 personnes et provoqua une vive polémique en ligne au sujet des rapports entre les sexes opposés. Etant satisfait de l'ascension rapide des recettes comme prévu, Tsui Hark a reconnu être lui-même l'auteur de la vidéo en ligne, composante de la stratégie de publicité du film.

    - Un titre accrocheur, garantie d'un bon score au box-office

Le film Red Cliff de John Woo est la plus somptueuse production de l'histoire du cinéma chinois, avec un budget dépassant 600 millions de yuans. Si les investisseurs ont pris le pari de financer cet opus, c'est que la combinaison du titre (tiré d'une épique bataille de l'histoire chinoise), et de l'une des pointures mondiales de la réalisation à la réalisation, a formé une affiche au succès d'ores et déjà garanti à 100 %. Après quatre jours de projection, les recettes ont dépassé 100 millions de yuans, et le premier mois, 300 millions de yuans. Un autre film, Ye Wen, a également obtenu les lauriers. Biographie cinématographique de maître de Bruce Lee, son simple titre attire les regards.

Un support juridique est indispensable

Malgré un avenir prometteur, le marché du film en Chine n'est pas encore mûr. Il est donc indispensable d'optimiser l'efficacité des règlements et des mécanismes de protection juridique. Selon Wang Dongxing, délégué de la CCPPC et scénariste professionnel, il existe une tendance dans le cinéma actuel à faire rayonner les stars au détriment des auteurs de scénarios. Cela pourrait poser une entrave à l'essor du secteur. M.Wang appelle à l'élaboration d'une loi pour protéger les droits et intérêts de ses confrères et consœurs et améliorer le mode de développement de l'industrie du septième art.

En la matière, le Conseil des Affaires d'Etat de Chine a déjà adopté les Règlements de contrôle du cinéma en décembre 2001. En 2004, le Projet de loi pour la promotion du cinéma a été mis à jour. Cette proposition est restée par la suite en suspens avant d'être réitérée récemment par les cinéastes et les médias.

A leurs yeux, l'industrie du grand écran croît depuis 6 années consécutives. Il est par conséquent temps de faire entrer en vigueur la Loi pour la promotion du cinéma, tout en exerçant une politique plus souple et plus tolérante, en vue de permettre à l'industrie du film de maintenir son rythme de croissance. Aux dires de Qiao Xinsheng, professeur à l'Institut central de sciences juridiques et économiques rattaché à l'Université méridionale de Wuhan, l'élaboration de cette loi aura pour objectif de restreindre le pouvoir exécutif dans le secteur, interdire l'entente malsaine entre concurrents et le monopole de certains producteurs, encourager la participation du public, baisser les prix au guichet et de faire de l'industrie du film un secteur qui bénéficie à tous.

 

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