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Publié le 04/03/2009
Nouveau volet de l'affaire de la vente aux enchères

Les autorités chinoises ont réitéré hier leur position: ces objets appartiennent à la Chine.

Le gouvernement a également déclaré qu'il ne connaissait pas le responsable de l'offre relative à  ces reliques avant lundi. Ce n'est qu'à cette date que le collectionneur chinois d'antiquités, Cai Mingchao, a révélé qu'il était bien le mystérieux acquéreur, a annoncé 3 mars le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, Qin Gang.

Plus tard, M.Cai a refusé de payer pour les bronzes, affirmant avoir agi en patriote.

En soulignant que l'action de M.Cai n'avait rien d' "officiel", M.Qin Gang a affirmé que son ministère et le Ministère chinois de la culture avaient à maintes reprises exprimé l'opposition de la Chine par rapport au rachat de ces vestiges pillés.

Les têtes de lapin et de rat en bronze ont été vendues à un enchérisseur anonyme lors de la vente aux enchères de la collection du styliste français Yves Saint Laurent.

Les têtes complétaient jadis une fontaine regroupant les têtes des 12 animaux du zodiaque dans l'ancien Palais d'Eté. Elles ont été dérobées lors du sac de l'ancien Palais d'été par la coalition anglo-française, qui rasa ce monument  au cours de la deuxième guerre de l'opium en 1860. Cinq de ces statues de bronze ont été restituées à la Chine tandis que l'on ignore où se trouvent les cinq objets restants.

Le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères a appelé hier à prêter "attention à la nature de cette affaire", lorsqu'on lui a posé la question sur le refus de payer de M.Cai.

"Ces vestiges appartiennent à la Chine. Ils ont été pillés par les envahisseurs occidentaux et emportées en contrebande à l'étranger", a-t-il précisé.

La Chine a demandé à plusieurs reprises à Christie's d'arrêter la vente aux enchères et de rendre les antiquités à leur propriétaire légitime. Mais un tribunal français a décidé que la vente aux enchères pourra se poursuivre.

M.Cai avait fait référence hier à un ordre émis par l'Administration d'Etat du patrimoine culturel (SACH), au lendemain de la vente aux enchères pour expliquer son refus de payer.

La SACH exige la documentation prouvant la source légale de tous les objets d'art mis en vente par Christie's. En effet, si les deux bronzes ont été officiellement reconnus comme acquis illégalement, Christie's ne serait pas en mesure de les remettre à M.Cai, même dans le cas du versement de cette somme, a expliqué le collectionneur chinois.

Selon la réglementation concernant les ventes aux enchères, M.Cai pourrait être tenu de payer des commissions fixées préalablement par Christie's et de régler la différence de prix si les deux têtes sont à nouveau mises aux enchères. Cela pourrait facilement ajouter 10 millions d'euros au prix de vente des objets adjugés à M.Cai.

Le National Treasure Fund of China (NTFC), organisation non gouvernementale oeuvrant à récupérer les objets d'art pillés à la Chine, soutient le point de vue de M.Cai.

L'organisation affirme que si M.Cai n'avait pas participé à la vente aux enchères, les deux bronzes auraient pu  être perdus à jamais, et la vente aux enchères aurait pu créér un précédent fâcheux pour les trésors dispersés dans le monde entier.

La justification de M.Cai et son geste qu'il considère comme un geste patriotique avait divisé l'opinion publique.

Certains le considèrent comme un héros national, d'autres émettaient plus de réserves.

"C'est le plus grand incident dans l'histoire des ventes aux enchères", a dit le directeur général de Beijing Huachen Auctions Gan Xuejun.

Il a ajouté que cet épisode va ternir la réputation de M.Cai aux yeux des maisons de vente aux enchères.

Le dossier de contrôle financier de M.Cai auprès de Christie's était conforme, car il avait payé 116,6 millions de dollars HK chez Sotheby's pour une sculpture de Bouddha de la dynastie Ming il y a deux ans. Par ailleurs, il possède également une maison de vente aux enchères à Xiamen, dans la province du Fujian.

"Néanmoins, la protestation de M.Cai mettra son nom sur les listes noires des commissaires-priseurs dans le monde entier", a dit M.Gan.

"Cela signifie qu'il ne sera pas invité aux ventes aux enchères par la suite, et sa société pourrait avoir des difficultés de financement à l'étranger."

L'avocat principal de l'Association chinoise des ventes aux enchères Wang Fenghai a critiqué M.Cai pour avoir porté préjudice à l'image du peuple chinois dans le monde et pour avoir saboté la crédibilité des acteurs nationaux du secteur, qui avait été construite au fil des décennies de réforme et d'ouverture.

Cependant, plus de 74% des 260 000 internautes ayant participé à un sondage en ligne du portail sina.com soutiennent M.Cai.

Certains ont félicité M.Cai pour avoir mis le problème intelligemment en valeur devant un large public international pour que le mécontentement du peuple chinois soit entendu.

Nombreux sont ceux qui ont également souligné que l'entrepreneur avait pris de grands risques personnels, ce qui a fait de lui un homme héroïque.

M.Wang a dit que Christie's détient toujours la caution de M.Cai et pourrait s'en servir pour payer les pénalités qu'il doit verser à la maison de ventes.

En théorie, Christie's pourrait également organiser une autre vente aux enchères et exiger que M.Cai verse la différence de prix. Cela resterait difficile à appliquer dans la pratique.

"Une longue querelle juridique et diplomatique serait alors possible", a-t-il conclu.

 


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