Suite à cinq années consécutives de moissons exceptionnelles, les agriculteurs sont en proie à des difficultés pour la vente de leurs produits céréaliers. Afin d'atténuer l'ampleur des dégâts sur la filière agricole, le gouvernement chinois s'est engagé à adopter diverses mesures.

Lan Xinzhen

Passée la première quinzaine du calendrier lunaire chinois, qui coïncide cette année avec le 4 février, reprennent les lourds et pénibles travaux agricoles. Cependant, Yang Yumin, qui réside sur le Plateau de lœss (en Chine nord-occidentale), ne déborde pas d'enthousiasme en vue des préparatifs, se désolant sur le spectacle de l'entrepôt de maïs, débordant de céréales invendues. « Une telle récolte sera vaine si nous peinons à écouler les produits. Nous devrions nous atteler le plus vite à la conservation de ces produits », a-t-il soupiré.

« Une partie des céréales conservées datent d'il y a deux ans. L'année dernière, profitant de la hausse des prix, j'ai vendu une partie des céréales, et j'ai gardé le reste en espérant une plus-value. Je m'attendais à tout sauf à la dégringolade des cours des céréales. Les mois qui suivirent, le nombre d'acheteurs agricoles à se rendre dans notre village pour acquérir nos produits se réduit comme peau de chagrin », a raconté M. Yang.

Les revers que Yang Yumin subit en ce moment sont partagés par bon nombre d'agriculteurs chinois.

« La chute des cours des produits agricoles s'aggrave actuellement, ce qui représente un obstacle de taille pour le développement économique des régions rurales », a indiqué Chen Xiwen, directeur du Bureau du groupe dirigeant du gouvernement central sur les travaux ruraux, lors d'une conférence de presse organisée le 2 février par le Bureau d'information du Conseil des Affaires d'Etat.

Avec un rendement total de 528,5 milliards de kg, la production céréalière en Chine en 2008 a dépassé celle de 1998 où avaient été enregistrées quatre années de récoltes exceptionnelles de suite. Après cette période faste, le spectre de la chute des prix et des difficultés à écouler les stocks apparaissait, paralysant pour plusieurs années suivantes la productivité céréalière à l'échelle nationale. Ces années noires pour la filière ressurgissent désormais.

Afin de protéger les intérêts des agriculteurs, le gouvernement a adopté une politique de prix céréaliers protégés : quand le prix du marché est supérieur au prix de protection, les paysans peuvent vendre les céréales sur le marché ; sinon, ils peuvent écouler leur production auprès des services étatiques d'achat.

En prévoyance des éventuelles difficultés de vente des céréales suites aux bonnes moissons, le gouvernement chinois a publié au mois de février 2008 un décret, augmentant les prix protégés pour l'achat des céréales telles que le blé et le riz, et d'étendre l'achat et le stockage provisoire du riz, du blé et du soja par l'Etat dans certaines régions de production.