Entre célébrations et tensions |
Les relations entre la Chine et la France furent considérées comme un modèle de réussite relativement aux liens que la Chine était susceptible d'entretenir avec les plus grandes puissances occidentales. Les douze ans de présidence de Jacques Chirac ont en particulier permis aux deux pays de tisser des liens étroits. L'actuel Président, Nicolas Sarkozy, a lui aussi accordé dès son entrée en fonction, la priorité aux relations sino-françaises. Toutefois, à la fin de l'année dernière, il a rencontré le Dalaï-Lama malgré l'opposition de la Chine, jetant un froid sur les relations des deux pays. Cela signifie-t-il que la politique diplomatique de la France a pris un nouveau tournant ? Le développement constant des relations entre la Chine et la France doit être attribué au fait que les dirigeants des deux pays, tant dans le passé qu'aujourd'hui, se sont personnellement investis pour promouvoir des liens dotés, à leurs yeux, d'une grande valeur. Le futur développement de ces liens repose non seulement sur les dirigeants, mais aussi sur les efforts conjoints des personnes de bonne volonté et de quelques milieux qu'elles soient, aussi bien en Chine qu'en France. Nous sommes tout à fait confiants à ce sujet, car les relations entre la Chine et la France bénéficient d'un fort soutien de la part du public. Je suis persuadé que le Président Sarkozy est soucieux du bon développement des relations entre la Chine et la France. Il a visité la Chine peu de temps après son entrée en fonction. Il a assisté l'année dernière à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques ainsi qu'au sommet Asie-Europe organisé à Beijing. Il a à plusieurs reprises rappelé qu'il attachait une grande importance aux relations sino-françaises, à la coopération qui existe entre les deux pays dans différents domaines et à leur collaboration dans les relations internationales. La Chine accorde également de l'importance à ses relations avec la France et à l'amitié traditionnelle qui existent entre les deux pays. Nous sommes impatients de travailler avec la France pour faire progresser nos relations bilatérales dans le respect mutuel. Nous devons faire face aux difficultés qui émaillent nos relations. Nous devons en examiner les causes et faire une synthèse de tout cela afin de permettre aux relations sino-françaises de progresser dans l'avenir sur une base solide. De notre point de vue, la partie française se doit de prendre des mesures concrètes afin de dissiper les inquiétudes de la Chine sur des questions essentielles, et ainsi balayer définitivement les troubles pesant sur nos relations bilatérales. La Chine a vivement réagi après la rencontre entre Sarkozy et le Dalaï-Lama. Certains en France pensent que la réaction de la Chine à cette rencontre a été plus véhémente que lors des précédentes rencontres entre le Dalaï-Lama et d'autres chefs d'Etat ou de gouvernement. Quelle est votre analyse ? Le gouvernement chinois fait toujours preuve de fermeté en ce qui concerne sa position sur la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine. Sa position sur ces questions n'a jamais varié. Notre opinion selon laquelle le Dalaï-Lama n'est pas seulement une personnalité religieuse est basée sur des faits. Le Dalaï-Lama n'a jamais cessé ses efforts politiques pour provoquer une scission de la Chine. Il encourage subrepticement les actes de violence visant à diviser le pays. Les dirigeants étrangers souhaitant favoriser le développement de relations d'amitié et de coopération avec la Chine ne devraient pas accepter de s'engager de quelque manière que ce soit avec le Dalaï-Lama, tant par égard pour les relations bilatérales avec la Chine que par respect du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de chacun. Les rencontres entre les dirigeants étrangers et le Dalaï-Lama endommagent les relations de ces pays avec la Chine. La Chine défend cette position de principe non seulement lorsqu'il s'agit de la France, mais également chaque fois que la question se pose. Nous espérons que les pays qui entretiennent des relations avec la Chine prendront conscience de la ferme détermination de la nation chinoise à défendre sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale, et à gérer de la manière qu'elle pense appropriée la question du Tibet. Leur coopération avec la Chine pourra alors se dérouler dans une atmosphère sereine. Vous avez étudié au sein de la prestigieuse Ecole nationale d'administration et travaillé au sein de l'ambassade en France pendant de nombreuses années. Votre grande connaissance de la société et de la culture françaises vous permet-elle de comprendre les divergences d'opinions entre certains organismes de presse français et la Chine en ce qui concerne la question du Tibet ? De nombreux amis français m'ont confié qu'ils n'étaient pas en accord avec les opinions exprimées par les médias de leur pays sur le Tibet. Je ne pense pas que le public français soutienne les théories du Dalaï-Lama. Je souhaite que de plus en plus de Français se rendent en Chine, visitent la région autonome du Tibet et découvrent son histoire. Lorsqu'ils se rendront compte des grands progrès qu'elle a connu et comprendront les sentiments des millions de descendants de serfs qui ont recouvré leur liberté (lors de la réforme démocratique du Tibet en 1959), ils seront alors mieux à même de saisir la détermination et la confiance du peuple chinois, y compris des compatriotes tibétains, dans sa volonté de sauvegarder l'unité de la mère patrie et de construire un Tibet neuf et resplendissant.
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