A double tranchant : les additifs alimentaires dans l'agroalimentaire |
Dis-moi comment tu prépares tes produits et je te dirais quel industriel tu es Etant donné la différence entre le régime alimentaire des Chinois et celui des Occidentaux et des Américains, les normes régulant l'emploi des additifs alimentaires en Chine divergent de celles pratiquées à l'étranger. « Sur la question du dosage du peroxyde de benzoyle, la norme en Chine autorise un maximum de 0,06g, tandis que le Canada en permet l'usage de 0,15g, et que les Etats-Unis n'imposent aucune restriction à son utilisation. De plus bien que l'emploi d'additifs alimentaires soit sans danger, la Chine recommande d'en utiliser le moins possible», a remarqué Wang Zhutian. « Par rapport aux pays développés, la gamme d'additifs alimentaires est moins diversifiée en Chine, mais les complications liées à leur utilisation sont plus nombreuses. Aux Etats-Unis, la déontologie professionnelle se situe sur un pied d'égalité avec les normes industrielles, qui exige de la part des entreprises agroalimentaires d'agir strictement en suivant les règles du processus de production », a-t-il ajouté. Par ailleurs, dans les pays développés, les entreprises agroalimentaires sont principalement de grande envergure et chez qui la conscience juridique et la déontologie sont relativement plus élevées. En Chine, la situation est inverse : les PME représentent un pourcentage de 80 % dans le secteur, et la plupart d'entre elles sont de structure privée, ce qui leur permet parfois de faire passer les profits avant l'éthique. Prenons l'exemple du peroxyde de benzoyle qui est souvent utilisé comme colorant et agent levant dans la production des pains à la vapeur. Son utilisation excessive pourrait nuire aux conditions hépatiques des consommateurs. Ainsi les services sanitaires d'Etat exigent de la part des entreprises d'utiliser le sorbate de potassium, un agent conservateur relativement plus sain. Se pose ensuite un problème de marge : le prix du dernier est le quadruple de celui du premier. C'est ainsi que bon nombre d'entreprises continuent à suivre l'ancien chemin déjà bien « blanchi ». M. Mao Qun'an, porte-parole du Ministère de la Santé, a mis en exergue que le scandale du lait contaminé était un exemple typique de l'utilisation de matières toxiques. La mélamine est quelque chose d'immangeable et son emploi dans l'agroalimentaire constitue une grave infraction à la loi. Il est certain que l'auteur de ce crime manque du sens d'autodiscipline. Resserrer les mailles du filet juridique Le 10 décembre 2008, la Chine a déclenché à l'échelle nationale une initiative spéciale visant à lutter contre l'emploi de matières nocives et l'usage excessif des additifs alimentaires. D'une durée de quatre mois, l'action se déroulera en trois étapes. « Le 15 décembre 2008, le Ministère de la Santé a publié la première liste noire des produits chimiques, qui englobe 17 matières toxiques pouvant être frauduleusement incorporées aux nourritures ainsi que 10 adjuvants sujets à une utilisation abusive », a révélé Su Zhi, responsable de ce programme. Par ailleurs, pour garantir les bonnes pratiques industrielles, la Chine a publié une série de normes, ainsi que des lois et règlements, tels que les « Normes sanitaires relatives à l'utilisation des additifs alimentaires », « Mesures relatives au contrôle sanitaire des additifs alimentaires » et « Règlements sanitaires relatives aux entreprises dédiées à la production des additifs alimentaires ». « La Chine possède déjà une bonne vanne de sécurité là-dessus. Un adjuvant doit être soumis à l'évaluation de risques et à l'essai scientifique avant d'être autorisé à l'usage. La permission et la suppression s'appuient tous sur la loi », a présenté le porte-parole du Ministère de la Santé, Mao Qun'an. Pour qu'un additif puisse entrer dans le processus de fabrication, l'entreprise concernée doit soumettre un rapport de sécurité aux autorités compétentes pour analyse. Le souci principal du contrôle est de garantir l'absence de produits nocifs ou impropres à la consommation sur le marché. « Actuellement, près de 70 % des produits agroalimentaires inspectés en Chine sont conformes aux normes nationales », a dit Xu Jiachao, professeur au Département des sciences et des études alimentaires de l'Université océanique de Chine (Qingdao). « La tâche la plus urgente qui nous incombe est d'appliquer de manière stricte les normes de sécurité telles que les Normes sanitaires relatives à l'utilisation des additifs alimentaires», a-t-il conclu.
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